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« à l’Amour gratuit de Dieu, on répond par l’amour »

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


“ Celui à qui il a remis davantage l’aimera le plus. »

Il me semble que le thème de l’amour comme réponse à l’amour de Dieu traverse les trois lectures que nous méditons en ce dimanche, en particulier la première et la troisième.  Ce qui n’est pas peut-être évident, c’est qu’on ne sait pas si c’est notre amour envers le Seigneur qui attire sa compassion et sa miséricorde envers nous, ou bien s’il n’est qu’une réponse au pardon reçu. En effet, les deux visions sont touts présentes. Par exemple il est dit : si ses nombreux péchés sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour ». Où devons-nous alors nos situer ? C’est sûr, du côté de la gratuité de l’amour de Dieu qui fait toujours le premier pas et auquel on ne peut que répondre par l’action de grâce, par exemple, en célébrant ou en participant à la messe qui est EUCHARISTIE : action de grâce. Dès lors, on comprend que notre participation à la prière n’est pas en premier lieu un marchandage pour recevoir des grâces divines.

Arrêtons-nous un peu sur le comportement de cette femme. Que fait-elle ? Pour des personnes qui serait mal intentionnées, elle fait des gestes qu’elle a toujours fait avec ses « clients » (je me l’imagine !) et les pharisiens le remarquent et s’en indignent. Ne veut-elle pas séduire aussi ce Maître qui a eu sa renommée dans la région ?

Ou bien, pour une autre vision moins négative, mais également erronée, n’est-elle pas en train de poser de grands gestes d’amour pour gagner la miséricorde et le pardon de ses péchés ? En effet, sa vie de prostituée est comparable à cela : elle manifeste des gestes d’un amour (qui n’en est pas un !!!) pour gagner quelque chose de la part de celui qui la visite. A la fin, elle le répète pour les autres en cherchant de toujours perfectionner ses gestes afin d’être la plus visitée. En cela, nous pouvons nous aussi concevoir nos actes de prière et de dévotion comme un certain marchandage : Seigneur, tu vois toi-même comment je me fais « violence pour t’aimer : tu ne peux que me combler ! Quel est le sens de notre prière ? notre dévotion ? nos actes de charité ? Ne pensons-nous pas en retirer en échange de la grâce divine ? Si cela n’est pas mauvais, je considère que c’est un peu à côté.

Quel doit être notre attitude ? En visitant la première lecture et surtout en continuant à lire la suite de ce que présente le lectionnaire, nous nous rendons compte que David pose des gestes de pénitences pour s’attirer le pardon de Dieu. Mais hélas, bien que David ne meure pas, le fruit de son union avec la femme d’Urie ne peut pas ne pas mourir. J’ose imaginer que c’est parce qu’il n’est pas le fruit d’un amour vrai avec la femme. Après la mort du soldat, David continuera à avoir des relations avec la femme et de cela naîtra Salomon, dont la descendance nous donne le Messie.

De ce point, je retourne vers le comportement de la femme pour tirer la conclusion suivante : la femme, parce qu’elle est pardonnée, doit abandonner ce qui meut ses gestes pour en donner une nouvelle orientation. Je m’imagine alors que ses gestes ne sont plus, dans leur « essence », ce qu’elle faisait pour ces amants. Ceux qui le voient de l’extérieur pensent encore à son passé. David ne s’approche plus de Bethsabée comme il l’avait fait : ainsi, le fruit de leur union peut demeurer et en porter davantage à son tour. La femme de l’Evangile en portera assez parce qu’elle aura été une occasion offerte à Jésus pour donner sa catéchèse. La femme adultère, parce qu’elle se sent déjà soulagée et guérie, elle peut tout faire pour remercier, allant même à se passer des qu’en-dira-t-on si je me permets de tels gestes au milieu de tous les commensaux. Elle peut aller à contre-courant parce qu’elle mue de l’intérieur par le pardon et la miséricorde de Dieu. On retrouve le cercle fermé (pour ne pas dire « vicieux ») de cette dynamique :

–       L’amour est la conséquence du pardon : plus on est pardonné, plus on est porté à aimer.

–       L’amour est la cause du pardon : « ses péchés sont pardonnés à cause de son grand amour ».

Comme conséquence pratique de vie chrétienne, nous sommes appelés à changer de vision pour nos actes extérieurs qui manifestent ou voilent notre intériorité. Ce n’est pas d’abord ce que je fais qui me mérite le pardon, mais la gratuité de la miséricorde de Dieu. Pourtant, cela ne peut pas me laisser indifférent. Je me sens dans l’obligation d’y répondre par un grand amour, qui n’a même pas peur d’aller à contre-courant pour manifester combien je suis aimé. La logique change de l’intérieur, quand bien même cela n’ serait pas perceptible pour qui me « juge » de l’extérieur.

Ceci doit et peut alors transformer, dans le sacrement de la réconciliation, la valeur que je donne à la pénitence. Est-ce en premier un acte de remerciement (non seulement de réparation !) à la gratuité du pardon reçu ?

Saint Augustin dit : « La confession des péchés n’est chrétienne que si elle s’inscrit dans une confession de louange ». Confesser ses péchés, c’est confesser d’abord l’amour de Dieu pour nous.


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