Chers frères et sœurs dans le Christ, méditons ensemble la Parole que Dieu nous donne aujourd’hui en nous arrêtant sur ces quelques thèmes.
– La joie apportée par le Règne de Dieu.
– La fierté du Chrétien est la croix du Christ
– Le Seigneur choisit d’autres missionnaires
Dans la première lecture, le prophète Isaïe demande aux Israélites de se réjouir avec Jérusalem, car le Seigneur vaincra les nations païennes unies contre son peuple et par la suite il les sauvera et les réunira à son peuple nouveau. Cet oracle est adressé aujourd’hui à nous. La liturgie de ce dimanche chante la bonne nouvelle, qui apporte la joie à toute la création : « Dieu a rompu son silence, Dieu a parlé, Dieu existe. Ce fait, en tant que tel, est salut. Dieu nous connaît, Dieu nous aime, Il est entré dans l’histoire ». L’antienne d’ouverture nous rappelle la dynamique chrétienne qui célèbre l’amour du Seigneur au banquet eucharistique, au milieu de son temple, pour ensuite aller sur toute la terre et proclamer sa louange (Ps. 47, 10-11). Nous pouvons dire que ce dimanche est le jour de l’annonce joyeuse de l’Évangile. Le Seigneur nous invite à accueillir cette annonce avec un esprit renouvelé, il nous « évangélise » au contact avec la parole et l’eucharistie, pour que nous devenions « bonne nouvelle » pour notre famille, nos amis, pour la société.Il y a vraiment un motif de se réjouir parce que l’unité se compose entre nous et Dieu et ainsi nous sommes dans le Règne d’amour, de vérité, de justice et de paix. Pour les Israélites, il s’agissait de la victoire sur les ennemis terrestres et le rétablissement de Jérusalem. Pour nous aujourd’hui, il s’agit de la victoire sur le péché. Avec le péché, il n’y pas de paix. Mais avec la grâce, la paix est parfaite.
C’est pour cette raison que saint Paul nous dit que la fierté du chrétien est dans la croix du Christ. Parmi les Galates, il y avait des chrétiens venus du Judaïsme qui obligeaient les autres de se faire circoncire selon la rescription de la Loi juive. En cela, saint Paul voit un double danger : le fait d’oublier que le Salut est gratuit et le fait de se faire élite intellectuelle. L’homme ne peut pas être sauvé par l’observance extérieure de la Loi, mais par la foi au Christ (Ac. 4, 17). Par ses propres efforts, il ne peut rien faire qui lui mériterait le Salut. D’autre part, le fait de se faire élite intellectuelle par l’étude de la Loi au milieu de l’Empire romain pourrait étouffer l’appartenance à un Christ crucifié, et ainsi on aurait perdu l’entrée dans le Royaume de Dieu.
Dans l’évangile, nous voyons Jésus qui choisit soixante-dix (ou soixante-douze) autres disciples pour leur donner une mission après celle des douze. En quoi consiste leur mission ? Jésus leur a dit : « Guérissez leurs malades et dites- leur : ‘Le Royaume de Dieu est maintenant tout proche de vous !’ (v.9). Le chiffre de soixante-dix (ou soixante-douze) a une valeur symbolique. Il se rapportait aussi aux nations païennes comme aux soixante-dix anciens associés à la mission de Moise (Nb. 11, 16-17). Cette mission préfigure donc la tache de l’Eglise jusqu’à la fin du monde : évangéliser toutes les nations (Mt. 28, 19). Qui (qu’est-ce que) est l’Eglise ? C’est nous-mêmes. C’est nous qui devons donner la guérison de l’âme à ceux qui n’ont pas encore découvert que le Royaume de Dieu et sa miséricorde leur sont proches. En rendant visite aux malades physiques par exemple, nous manifestons ainsi que nous formons avec eux une famille qui s’occupe d’eux, et incarnons l’amour de Dieu pour eux. Certes, nous ne devons pas remplacer les médecins dans les hôpitaux, même si ceux-ci doivent soigner les malades avec un esprit chrétien. Mais quand nous rendons visite aux malades, nous contribuons à leur guérison, car le découragement et le désespoir qui accablent certains, ne sont pas moindres comme maladie. Les médicaments qu’ils reçoivent à l’hôpital leur font du bien, mais à eux seuls, ne suffisent pas.
Je dialoguais un jour avec des médecins et ceux-ci me disaient qu’on peut bien faire le diagnostic d’une maladie et prescrire les soins qu’il faut, et que même le malade peut observer soigneusement ce qu’a dit le médecin. Pourtant, poursuivaient-ils, malgré les effets curatifs des médicaments, il peut ne pas guérir de sa maladie, si le médecin l’a mal accueilli au premier contact.
Ce ne sont pas seulement les malades physiques que nous devons approcher, mais aussi les malades mentaux, et toute personne en situation de détresse. Étant créé corps et esprit, chacun a besoin de l’affection des autres. C’est nous qui devons nous occuper de ce domaine affectif par la charité que le Christ nous a enseigné en se sacrifiant lui-même pour nous. En témoignant de notre foi par les œuvres de charité, nous manifesteront le Royaume de Dieu parce que nous n’agissons pas seuls, mais Dieu agit en nous. Les démons seront chassés, notre nom sera inscrit dans le livre de la vie et heureux serons-nous.
Il y a une chose que nous ne devons pas oublier: le Seigneur nous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Cela veut ire que ce n’est pas par notre force que les choses changeront. Le royaume de Dieu ne s’impose pas dans la violence. Effectivement, il n’y a pas de joie quand les gens sont violents. Jésus acceptait de tourner en arrière dimanche passé (lisez cela ici) face à l’opposition des Samaritains qui barraient la route à quiconque se dirigeait vers Jérusalem! Au contraire, c’est notre douceur qui doit interroger le monde. Que voudrait alors dire « donner votre seconde jour à qui vous fait une gifle sur la première »? Comme au jeu de Judo ou de Karaté, chaque champion cherche de surprendre et déconcerter son adversaire en faisant juste ce à quoi il ne s’attendait pas! Que serait cette compétition dans laquelle tous les mouvements sont programmés? Je me rappelle que nous faisions cela au secondaire lors des pièces de théâtre. Là, c’était le jeu pour ne pas faire du mal au coéquipier.Notre douceur ‘d’agneaux au milieu des loups’ nous fera secouer la poussière de nos pieds à ceux qui ne nous auront pas accueillis. Noter une chose: ce ne sera pas une démission, puisque l’annonce sera faite de toutes façons: sachez, nonobstant votre refus, que le royaume de Dieu est arrivé à vos portes. Il faut alors comprendre que nous devons naviguer à contre-courant, au sein de notre époque qui ne peut contrarier personne (turi ba NTIRUMVEKO != Nta guhandwa ku rurimi ikirenge kiriho! etc.) quand nous pensons que nous ne serons pas écoutés. La démission est cela, et le Seigneur nous recommande la douceur et la détermination: n’ayez pas peur de secouer la poussière, dites ce qui ne pas pas, mais ne vous attardez pas à contraindre les personnes. A la fin, c’est le Seigneur qui touche le cœur et qui convertit, nous n’aurons faits que construire des ponts en annonçant son royaume.
C’est aussi notre manière de nous contenter de l’essentiel, du peu qui nous est offert qui doit interroger ce monde de consommation. Voyez vous mêmes combien de fois nous rencontrons des gens qui ne s’arrêtent presque jamais à mâcher quelque chose. Il faut toujours un « jojo », un bonbon dans la bouche. Je m’en rends de plus en plus compte ici dans les pays européens. Je pense que cela risque de devenir même une « maladie » si nous ne faisons pas attention!
Prions alors ensemble par ces mots: « Seigneur, prends la place centrale dans nos assemblées dominicales, nos familles et nos vies et fais-nous participer de ton désir ardent d’habiter dans les cœurs de tous les hommes. Toi, oh Christ, sagesse du Père, qui trouves tes délices avec les fils des hommes, fais-nous nous réjouir quand nous te verrons caché dans l’hostie et te recevoir chez nous, pour que la paix habite dans nos cœurs. Ainsi, vivant dans la joie de ta présence, nous pourrons la transmettre partout par notre présence qui sera ta présence en nous et par nous-mêmes. Amen ».
de Jean-Claude & Lambert.