Le Christ nous donne un enseignement nouveau pour ce Dimanche où il nous donne un exemple de ce qui doit nous caractériser dans notre vie chrétienne. Il nous enseigne l’accomplissement de la loi, laquelle ne doit pas être considérée comme un fardeau, mais quelque chose qui « lubrifie » la vie humaine, la vie de la société humaine. En effet, notre monde en a tant besoin. C’est pourquoi l’Evangile nous parle d’une descente : « un homme descendait de Jérusalem à Jéricho ». Jéricho est justement le symbole de ce monde où, après avoir été chassé du paradis, c.à.d. de la Jérusalem céleste, Adam est descendu… Il s’agit donc d’un changement non de lieu, mais de conduite et de situation qui a fait son exil. Adam, qui avant jouissait d’un bonheur sans inquiétude. Dès qu’il s’est abaissé aux fautes de ce monde, (et nous savons que nous en commettons beaucoup), il y a rencontré des brigands. Ces larrons nous dépouillent de tout, à commencer par nos vêtements de la grâce spirituelle que nous avons reçue : ainsi nous sommes blessés, nous sommes laissés souvent à moitié mort. Heureusement que le bon Samaritain nous secourt toujours, nous rejoignant sur les routes de notre exil.
La route de Jérusalem à Jéricho existe encore de nous jours. Des gens portent atteinte à la dignité de la personne humaine (atâcaámirá gá !). Des personnes de bien sont malmenées ici et là. Ce qui est curieux, c’est que ce sont même des personnes de bien qui sont agressées : cette personne venait de la ville sainte : Jérusalem. C’est un lieu symbolique. Pourquoi alors cette personne ? C’est la question de tout un chacun : pourquoi suis-je agressé (e), pourquoi ne suis-je pas compris (e) ? pourquoi moi qui ne m’accuse de rien ? C’est la même question que pose le psalmiste et qui reçoit cette réponse : « les impies croissent comme l’herbe pour disparaître à tout jamais ».
Face à chemin qui descend de Jérusalem, des attitudes divergent. Les hommes que nous louons sur ce monde sont ceux qui prennent soin de ceux qui sont tombés dans les mains des bandits. C’est bien ! Mais ça ne suffit pas. Faut-il éviter que ces gens tombent dans ces pièges ! Mais hélas, au lieu même d’être ce bon Samaritain, c’est nous-mêmes qui tendons ces pièges. Quand commencerons-nous à éviter aux gens de tomber, si pas dans nos pièges, au moins dans ceux qu’on tendus les autres malfaiteurs ? Prenons l’exemple du bon Samaritain. Mais qui est-il ce dernier ?
D’une part, Jésus veut nous montrer que nos particularismes et nos ghettos de tous genres sont vides de sens. Il nous donne en exemple celui que la société met en dernière position : le samaritain. On ne mentionne même pas d’où il vient, ni où il va, pendant que les autres viennent du lieu saint, et donc, pourrait-on croire, ont été transformés par la sainteté du lieu de pèlerinage. Nous retrouvons alors le thème de la première lecture : le bien se trouve au cœur de tout homme qui écoute et agit selon les injonctions de sa conscience qui lui dit de faire le bien et d’éviter le mal. Que de fois nous avons cherché de faire taire cette voix qui nous est plus intime ? Cette parole met en question nos comportements qui souvent ne veulent voir que du bien au sein de notre groupe, de notre clan ou ethnie, de notre race… (Mettez-y ce que vous voulez). Nous sommes les meilleurs, les autres sont toute la méchanceté, ceux sont par ailleurs eux qui, depuis toujours, ne nous veulent pas du bien…). Le prêtre, le lévite ne sont-ils pas passés à côté ? Et qui s’est-il arrêté sinon celui de qui on ne pouvait rien attendre ? Ouvrons donc nos yeux, apprenons à voir le bien d’où qu’il vienne. Pour le bien dire, soyons CATHOLIQUES c.à.d. UNIVERSELS, ayons une vision plus grande, plus élargie, prenons une nouvelle vision des personnes, mêmes celles que nous avons déjà classées : regarde bien, tu n’en manqueras pas et c’est sûr, il y en a que tu as classées, peut-être pas par ta faute, mais parce que ta société te l’a fait ainsi avaler. Regarde ! Refais tes cadres (framing). Fais-toi violence et fais ce pas ! Tu me diras, si tu veux !
Par ailleurs, ce bon Samaritain n’est pas n’importe qui. Celui que le prêtre et le lévite avaient dédaigné, lui ne l’a pas dédaigné… Ce Samaritain descendait…: « Qui est descendu du ciel, sinon celui qui est monté au ciel, le Fils de l’Homme, qui est au ciel ? » (Jn 3,13). Effectivement, il est s’est approché de lui. C’est-à-dire qu’en acceptant de souffrir avec nous, il s’est fait notre prochain et qu’en exerçant la miséricorde envers nous, il s’est fait notre voisin ». Jésus est donc notre modèle. Oui, ce Samaritain n’a pas eu peur des conséquences probables.
Ici je me rappelle une scène qui se passa sous mes yeux à Bujumbura : un homme qui était pris de pitié a vu quelqu’un qui croupissait dans un caniveau et s’est approché pour lui demander ce qui lui était arrivé. D’un coup surgirent trois autres jeunes hommes qui le menacèrent en ces termes : rends directement tout l’argent que tu viens de prendre de sa poche (kumusopa), c’est sûr que c’est toi qui viens de lui faire du mal. Ces jeunes hommes ont failli lui dérober de tous ces biens, sous les yeux de la foule urbaine « indifférente » ou « impuissante » (moi y compris), n’eût été l’intervention des policiers qui étaient de passage. J’entendis alors ce « rescapé » qui jurait de ne plus s’intéresser aux personnes en difficultés comme celle-là.
Voilà comment nous sommes, voilà comment nous agissons souvent, nous les hommes ! Certaines personnes, aux temps de la guerre qu’a connue notre région des grands lacs (Afrique), ne se sont-elles pas parfois éloignées des personnes trouvées mortes ou gravement blessées de peur d’être accusées d’en être responsables ? Je ne me tromperais pas si j’y répondais par l’affirmative.
Nous comprenons alors que le bon Samaritain qui n’a pas peur de secourir la personne en danger est bel bien Jésus, Lui qui ne se soucie pas des qu’en-dira-t-on. Sa présence au milieu de nous a pris en compte toutes les conséquences de notre péché, toutes les conséquences de nos pièges que nous nous tendons, les uns aux autres, comme le fit le scribe qui l’interrogea pour le mettre à l’épreuve. Prenons-le en exemple, les choses changeront. Pas d’alternative.
Père très saint, accorde-moi la grâce de savoir répondre rapidement et sans attendre de retour, avec joie et spontanéité aux besoins de la personne que je vois souffrir physiquement, moralement ou spirituellement, celle qui est « mon prochain ». Que je sache te servir en la servant. Amen.