Marthe accueille Jésus dans sa maison. C’est elle qui a ouvert sa maison, son intimité, et qui veut que Jésus reçoive les attentions dues. Marthe tient à bien recevoir Jésus… elle y tient tellement qu’ « elle est absorbée par les multiples soins du service »… et, dans son occupation, voulant que tout soit parfait, et probablement n’y arrivant pas (kwîta mu zîko », mais hélas ! elle commence à juger sa sœur qui est là, à ne rien faire. Marthe était accaparée par les multiples occupations du service. Marthe est pleine d’énergie. Elle court d’un bout de la maison à l’autre, désireuse de s’assurer que tout soit comme il faut pour recevoir Jésus. C’est merveilleux de constater qu’elle ne s’est pas HABITUEE à la présence de Jésus chez elle. Sa présence n’est pas devenue pour elle quelque chose de normal. Au contraire, elle s’affaire, accaparée par de « multiples » occupations.
Un jour, on demanda aux petits garçons ce qu’ils feraient si une fois le Seigneur venait sur les nuées du ciel et que tout le monde se met en mouvement. Des réponses furent diversifiées : on en entendait qui iraient directement à l’Eglise pour prier, qui rentreraient à la maison, … Soudain, on s’aperçut d’un autre gamin qui n’avait rien dit et qui jouait tranquillement. On lui posa alors la même question, pensant qu’il ne l’avait pas entendue. Le gamin répondit : pensez-vous que je n’ai rien entendu ? Au contraire ! Je ne changerais rien de mes activités par la seule raison que les autres sont en mouvement. Pourquoi ? demanda-t-on. Parce que Jésus sait que je joue et que quand je joue très bien, cela le contente. Que peut-il attendre d’autre ? Que je regarde les autres ? On resta bouche bée pensant à la teneur de ces paroles….
Est-ce que je me suis habituée à la présence de Jésus dans ma vie ? Quelle est mon attitude pendant la messe ? Est-ce que je fais un effort pour lui montrer mon amour et mon affection en me recueillant et en gardant mon cœur tourné sur lui ?
Seigneur, cela ne te fait rien ? Bien que ce soit l’amour qui motive les actions de Marthe, elle ne peut pas s’empêcher de remarquer que sa sœur, Marie, est assise aux pieds de Jésus, à ne rien faire. « Pourquoi est-ce qu’elle ne m’aide pas ? » Est-ce que Marthe est jalouse ? Non, car Marthe pourrait tout aussi bien interrompre ses activités et s’asseoir auprès de Jésus ; elle sait qu’elle serait bien accueillie. Mais elle s’indigne de travailler alors que Marie ne fait rien.
Cette scène symbolise notre propre expérience : regarder les autres et leurs situations de vie au lieu de se concentrer sur notre relation avec le Seigneur. Si le Seigneur veut que je serve à table, ou que je reste assise à ses pieds, peu importe ! L’important n’est pas l’action en elle-même mais plutôt de faire ce que Jésus me demande.Est-ce que je veux obtenir la paix et la tranquillité d’âme propre aux disciples du Christ ? Alors, il faut renoncer à faire des comparaisons envieuses, et faire ce que le Seigneur ME demande. Il n’est pas nécessaire de s’inquiéter de savoir si les autres ont reçu « une meilleure part ».
Jésus lui dit que « une seule chose est nécessaire ». Le passage de Marthe et Marie est mis tout de suite après le passage du bon samaritain. Ceci n’est pas anodin, la chose importante est l’amour. Là où Marthe est corrigée par Jésus, avec tant de délicatesse, c’est dans l’amour : en servant Jésus ou en l’écoutant, l’important est qu’il y ait dans le cœur l’amour, et que ceci soit le point de départ de nos actions ; non pas le devoir, non pas les comparaisons. Marthe accueille Jésus, Marthe fait bien de s’occuper du service, mais Jésus est un hôte différent. Pour lui, le plus important n’est pas la perfection dans les choses extérieures, mais l’amour avec lequel nous agissons dans notre vie. En effet, pour notre cas, Marthe et Marie aiment toutes les deux le Seigneur, mais elles l’expriment de manière différente. « Marthe, qui préparait le repas du Seigneur, était occupée à faire beaucoup de choses, tandis que Marie a préféré trouver son nourriture dans ce que le Seigneur disait. D’une certaine manière elle a abandonné sa sœur, qui était très occupée, et elle s’est simplement assise aux pieds de Jésus pour l’écouter. Elle obéissait loyalement ce que le psalmiste a écrit, « Arrêtez, reconnaissez que moi, je suis Dieu ». (Psaume 46). Marthe s’indignait, Marie se régalait ; la première faisait face à beaucoup de choses,
la dernière se concentrait sur une seule chose. Les deux occupations étaient bonnes. » (Saint Augustin, sermon 103). Et moi, comment est-ce que j’exprime mon amour pour le Christ ?
Une seule chose est nécessaire. Gardons-nous de mal interpréter cette parole de Jésus. Il ne propose pas un choix entre l’activité de Marthe et la contemplation de Marie. En fait, « une seule chose est nécessaire » signifie précisément que toutes nos actions au service de Dieu et des autres sont importantes quand elles sont faites par amour et non par comparaison à ce que font les autres. Pour cela, nous devons être connectés au Seigneur par la prière. Nous devons toujours être « connectés », Lui offrant continuellement notre cœur et notre intelligence, pour que tous nos efforts soient des vrais efforts d’amour. Nous devons faire attention à ne pas devenir si « occupé dans le travail du Seigneur que nous oublions le Seigneur du travail ». Cette relation se noue dans la prière. La prière est le fondement de notre apostolat car sans une relation avec la personne de Jésus-Christ, nous ne pouvons rien faire. Dans la prière, nous devons surtout nous mettre à l’écoute du Seigneur et surtout pas le contraire, nous qui sommes habitués à nous agiter, à parler au Seigneur. Est-ce l’influence de notre temps gagné à la liberté « absolue » d’expression, liberté à la parole, à faire entendre ce que nous pensons, sans qu’il y ait d’autre part et par conséquent le devoir d’écoute ? Comme nous voudrions que nous soyons écoutés ! Est-ce le cas quand il s’agit de garantir ce droit à l’autre ? à l’Autre ? Apprenons à nous asseoir aux pieds du Seigneur, « ntitúbāmbagurike », et à écouter. Après nous pourrons agir comme il sied. Nous communiquerons le Christ à d’autres dans la mesure où nous l’aimons et nous l’écoutons
Change Seigneur ma façon de voir et de faire les choses. Corrige-moi, comme tu l’as fait avec Marthe. Tu es en moi Seigneur, je t’ai déjà accueilli dans mon baptême, et aujourd’hui je t’accueille à nouveau ! Fais ce qui te plaît, appelle-moi à aimer de plus en plus comme toi !