Je participais un jour dans un séminaire sur la santé maternelle et la procréation (je n’ose pas dire la reproduction comme il était dit au cours du séminaire, étant donné que l’homme ne se reproduit pas, mais participe à la création, donc procrée) et il y a de cela un peu plus de deux ans. Un des médecins du ministère de la santé publique du Burundi exposa de motifs de ce limiter seulement à deux enfants, étant donné que l’acception général est de ne pas dépasser ce seuil. « Voyez comment on fabrique les tables manger, lançait-il. Elles sont faites pour 4 personnes, c.à.d. mari et femme et deux enfants ». Certains se laissaient convaincre pendant que je restais sur ma soif pour être convaincu. Puis il ajoutait que même dans des films, on est habitué à voir des couples avec deux enfants. Devrais-je ajouter l’argument « malthusien » que les ressources ne correspondent plus au nombre de personnes qui existent ? Tout cela ne convainc vraiment pas. Mais, voyons-le de plus près.
La conférence des Evêques Catholiques du du Burundi (C.E.CA.B) a publié une réflexion à propos de la maternité et de la paternité responsable. Vous pouvez le lire ici. Contrairement à ceux qui pensent que les Eglises chrétiennes, et en particulier, l’Eglise Catholique, sont natalistes et donc ne se rendent compte des enjeux qui son suscités par une procréation irresponsable, ou peu responsable, pour être plus clémént, je pense qu’il faut se rendre à l’évidence qu’il n’en est pas ainsi. Mais venons-en aux « arguments » susmentionnés.
Je commencerais par le dernier qui est proprement malthusien. On a toujours évité d’affronter la question et prendre le taureau à bras les cornes. Est-ce vrai que les ressources du monde tarissent pendant que la population s’accroit au jour le jour ? Est-ce vrai qu’il n’y a plus de nourriture suffisante pour nourrir tous ? Est-ce « vraiment » vrai la population constitue un frein au développement ? Il faut, pensé-je, bien poser la question.
Il y a deux semaines, la Rai (chaîne TV publique italienne) publiait des observations qui m’ont laissé à penser. Chaque Italien jette en moyenne 200 kg/an de nourriture qu’il ne parvient pas à consommer, au moment où il y a des peuples qui meurent de faim. Pensez que l’Italie a une population de plus de 60 millions. Faites le calcul et dites-moi combien de tonnes on jette chaque année, et seulement en Italie ! Je ne parle pas de la France, de l’Allemagne… Je ne parlerais pas non plus des Etats Unis d’Amérique où on vient d’introduire une taxe pour les gens obèses -je veux dire trop grasses- qui coûtent beaucoup aux infrastructures par le seul fait qu’ils mangent beaucoup, deviennent malades ou usent vite les routes ou les tapis roulant qui ne sont pas fait pour supporter de tels poids ! Face à cela, la publicité gagne beaucoup quand elle invite à « jeûner » (bien que le jeûne chrétien soit vu comme anachronique, médiévale et donc dépassé !) pour maigrir. De ce qui précède, je pense qu’il faut poser la question de la distribution équitable des ressources que le bon Dieu a mis à la disposition de tous. Des biens ? Il y en a en abondance. Mais le partage se fait encore désirer, au moins le partage des capacités pour que chacun puisse travailler avec succès et manger le fruit du travail de ses mains.
Quant aux deuxième, à savoir la progéniture qui se trouve dans les films, je pense qu’il (ce médecin du Minisanté) n’a fait qu’exploiter notre ignorance en la matière, si connaissait vraiment le pourquoi de cela, ou bien, dans le cas contraire il aura succombé à l’ignorance commune. Maintenant, comme professionnel de la communication, je sais désormais pourquoi on dépasse rarement deux enfants pour un film. Il suffit de faire quelques leçons d’écriture de scénographies pour comprendre. Là prévaut surtout la question du prix de production du film, parce qu’avoir plus de deux enfants rendrait lourde les préparations, les récitations et la photographie ! Un tel argument que je n’ai pas pu réfuter en son temps n’a pas sa consistance. Mais l’on retient que qui veut gagner la bataille dans une discussion la mène au terrain des topoi (TOPOS = lieux communs, ce qui est admis universellement sans se poser aucune question à propos, parce que ce qui est fréquent devient normal, et ce qui est normal détermine en définitive la norme !).
Pour ce qui est de la table de la salle à manger, ce sera le même raisonnement. Il faut circonscrire chaque expérience dans le temps et dan l’espace. J’ai une petite expérience dans les familles des pays d’Europe (Italie, Autriche…) et d’Amérique latine (ex. le Brésil) où il n’en pas le cas. Après m’être rendu compte de la façon est préparée la table de la salle à manger, je suis resté à m’interroger d’où est venue une telle pratique au Burundi : faire une table pour seulement quatre personnes. En tous cas, l’expérience de ces pays susmentionnés contredit totalement l’hypothèse de notre médecin. Que faut-il alors retenir ?
Ne faut-il pas reposer la question en d’autres termes, trouver d’autres arguments ? Je ne fais ici que susciter la réflexion, parce que la question est d’un sérieux tel qu’il ne faut pas jaser. Paternité/paternité responsable signifie avoir seul deux enfants ? Et pourquoi par exemple le couple Obama/Michel a seulement deux enfants ? Je n’y répondrais pas en disant qu’ils ne capables d’en éduquer que deux. La question est à poser autrement. Est-ce question de mode om question de vérité existentielle ? En tous cas, le débat n’est pas à précipiter !