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« …rassure-nous devant les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets… »

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


Abbé Lambert RIYAZIMANA

Abbé Lambert RIYAZIMANA

Quelques jours de la fête de la Toussaint et de notre intercession pour nos frères défunts, la liturgie nous invite à méditer sur le mystère central de notre foi : la résurrection. 

Les textes choisis nous invitent à prendre conscience que la résurrection n’est pas seulement un phénomène postpascal. Elle concerne toute l’humanité, même ceux qui ont précédé Jésus dans le cours de l’histoire ont pu connaître ce mystère. Les rabbins prétendaient ainsi que chaque verset de la Torah parle de la résurrection ; si les hommes ne sont pas capables de discerner sa présence, c’est que leur foi n’est pas assez forte. Il est donc logique de trouver dans l’Ancien Testament des témoignages de la foi en la résurrection. La lecture du livre des Maccabées que nous venons de faire en présente un des tout premiers. 

Il s’agit d’une déclaration pleine d’espérance : « le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle » et qui prend des accents très concrets : « C’est du Ciel que je tiens ces membres, et c’est par lui que j’espère les retrouver ». Cette conviction trouve son fondement dans la fidélité de Dieu. Puisque nous acceptons de perdre la vie par fidélité à Dieu, il ne permettra pas notre perte et nous rendra justice, expliquent les jeunes martyrs. La première condition pour ressusciter est donc notre confiance dans la fidélité de Dieu.

Cette confiance indéfectible est illustrée par Jésus sur la Croix : « entre tes mains je remets mon esprit ». Puisque Dieu est fidèle, lui remettre notre vie et tout ce que nous sommes, est s’assurer que personne ne nous en dépossèdera, et que la vie nous sera rendue.

Mais cette attitude doit être bien comprise, car elle n’est pas un investissement, une sorte d’assurance à long terme : se réfugier en Dieu est se livrer à lui. Il s’agit d’un véritable acte d’abandon à sa volonté. Au seuil de la résurrection apparaît donc une difficulté de taille. Que Dieu défende et protège mes intérêts est facilement concevable, les païens en font autant ; mais pour qu’il puisse le faire, que je doive tout lui remettre, même ma vie, est un combat.

Dans l’Evangile que nous avons lu, Jésus Christ se trouve devant une question piège des Sadducéens. Ils considéraient que la vie s’arrêtait à la mort, et donc qu’une longue vie pleine de bénédictions était l’unique signe de l’amour du Seigneur. Ils mettent Jésus devant l’histoire ridicule d’une femme qui passe de frère en frère dans l’espérance d’avoir un enfant. Le cas qu’ils ont choisi est très révélateur. La femme de cette histoire est un peu comme un objet passant de main en main. Au fond, nous sommes face à une conception de la vie centrée sur la jouissance personnelle, où les autres sont des outils pour produire le plaisir, l’honneur, le renseignement, ou même une gloire de Dieu mal comprise (l’observance purement extérieure de la loi). Parfois nous aussi nous devenons des « sadducéens » dans la vie ordinaire. Quand notre foi dans la résurrection et le Ciel s’affadit, nous pouvons nous aussi nous perdre dans le « train-train » de la vie quotidienne et notre entourage risque de devenir pour nous des outils. Et c’est alors que comme J.P Sartre, on peut dire « l’enfer, c’est les autres ». Est-ce que je crois au Ciel ? Je pense parfois à l’éternité ? ou cette idée me donne tellement de vertige que je n’ose même pas y penser ?

Mourir. « Nos paroles se composent de syllabes qui se suivent et se succèdent. De même les hommes … se succèdent et se remplacent les uns les autres… ». C’est St Augustin qui nous parle de cette succession comme la seule loi de notre existence, puisque une des uniques certitudes scientifiques et expérimentales de la vie c’est que nous mourrons. La mort est mystérieuse. Devant le cadavre d’un proche, nous nous interrogeons : quelle est cette limite si étroite qui sépare les vivants des morts ? Nous sentons que la mort n’est pas juste : pourquoi cette personne ? pourquoi sa souffrance ? Aujourd’hui nous dirions : pourquoi les 1200 et plus Philippins emporté par les typhons ? de leur vie, leur travail, que restera-t-il ? Et puis la question : où sont-ils maintenant ? Jésus nous donne une réponse. « Dieu n’est pas le Dieu des morts, sinon des vivants ; tous vivent en effet pour Lui. » C’est-à-dire que ce que nous expérimentons comme « vie » ici-bas n’est qu’une partie de la pleine réalité de la vie. Dieu veut nous donner une nouvelle vie, car la vie actuelle sans la mort serait misérable. Lisons ensemble : « La mort n’était pas naturelle, mais elle l’est devenue ; car, au commencement, Dieu n’a pas créé la mort ; il nous l’a donnée comme un remède […] à cause de la transgression ; la vie des hommes commença d’être misérable dans le travail quotidien et dans des pleurs insupportables. Il fallait mettre un terme à son malheur, afin que sa mort lui rende ce que sa vie avait perdu. L’immortalité serait un fardeau plutôt qu’un profit, sans le souffle de la grâce » (St Ambroise, cf Encyclique Spe Salvi 10).

« Ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection ». Au ciel, nous posséderons ce bonheur pour toujours auquel nous rêvons. Il n’y aura pas une succession temporelle telle que nous la connaissons, puisque nous expérimenterons constamment une plénitude. Nous serons dans la vraie vie, une immersion toujours nouvelle dans l’immensité de l’être, qui nous comble de joie. C’est ainsi que Jésus l’exprime dans Jean : « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 22). Nous devons penser dans ce sens si nous voulons comprendre ce vers quoi tend l’espérance chrétienne, ce que nous attendons par la foi, par notre être avec le Christ. Et la vie éternelle, si elle existait (et elle existe: turindiriye ubuhirwe bw’ijuru…=nous espérons le bonheur que tu promets) , qu’attendrais-je d’elle ? Qu’attendrait Dieu de moi pour m’accueillir comme son héritier, son fils ?

Seigneur, accorde-moi la grâce de vivre ma vie sur terre en cherchant la plénitude que toi seul peux me procurer, et de partager la joie que tu donnes avec ceux qui m’entourent, pour que je puisse dire avec sainte Thérèse de Lisieux: « mon ciel, je le passerai à faire du bien sur la terre ».


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