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L’univers digital: réseau de relations et espace d’évangélisation.

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


Abbé Lambert RIYAZIMANA

Abbé Lambert RIYAZIMANA: « L’internet est un réseau de relations à tisser et à vivre, à bien vivre. »

Quand aujourd’hui on parle de smartphone (ou téléphone intelligent), de web 2.0, moteurs de recherche, de réseaux sociaux comme facebook (plus d’un milliard d’utilisateurs !), Twitter, Flickr, Google+, LinkedIn, MySpace, … et encore plus d’autres plates-formes, on se rend compte que tout cela fait partie de la vie d’un grand nombre de personnes, et surtout de celle des nouvelles générations, dont les membres sont souvent « les natifs digitales ou numériques ».  Se fait-il que cela est entrain de constituer un nouvel espace anthropologique, un nouveau mode de penser, de connaître la réalité et de tisser des relations humaines. Il suffit de penser au nouveau type de relations sur facebook pour s’en rendre compte, quand ceux qui sont déjà amis se proposent aussi cette amitié online.

Bien sûr, nombreux sont les dangers et/ou les craintes des dangers du web : la dissolution de l’identité personnelle, l’affaiblissement de la pensée et de la réflexion personnelles, la construction d’une personnalité dépendant de la popularité qu’on a sur le réseau, la propagande à outrance, le langage vulgaire de certains internautes… Il est cependant important de comprendre que malgré les risques, le monde online constitue aussi un réseau de relations au sein duquel communiquer signifie partager son expérience, son émotion, pourquoi pas sa tristesse, témoigner de sa conviction et souvent dans la gratuité totale. Il s’agit d’un espace où on peut et on doit essayer de nouveaux chemins qui portent à Dieu. Bien sûr, la priorité du contact personnel pour l’évangélisation reste indispensable. C’est pourquoi, ne pouvant pas nous contenter du « virtuel », qui est aussi « réel »,  ces relations, si elles ne proviennent pas de ce contact réel, comme le cas dont je parlais à la fin du premier paragraphe, elles devraient avoir cela comme but final.

Nécessité d’évangéliser (en) ce nouveau monde ?

La réponse paraît directe et affirmative. Mais pourquoi y a-t-il tant de réticences pour des personnes (si pas personnalités) « sérieuses » quand il s’agit de s’embarquer sur FACEBOOK ? TWITTER ? FLICKR ?…Quand on parle de « naviguer sur internet », on penser à un embarquement et un déplacement au cours du quel on peut rencontrer beaucoup de personnes, d’hommes d’affaires, de situations, cela dans un ensemble de relations souvent difficiles et complexes.

Avec cette terminologie de « navigation », la mentalité moderne comprend ces plates-formes où s’embarquent des milliers d’internautes, les réseaux (sociaux surtout) leur offrant les possibilités de se rencontrer, de nouer des amitiés, d’échanger des points de vue, des photos, des vidéo, etc.…, cela dans le bien comme dans le mal.

Revenant sur l’évangélisation, je trouve intéressante la traduction italienne du mot RESEAU= RETE. Le mot RETE signifie à la fois RESEAU et FILET. Cela me fait alors penser à la mission que nous avons reçue de Jésus, de jeter le filet en tant que « pêcheurs d’hommes », en ouvrant à ces hommes qui naviguent dans ces nouveaux espaces et qui s’y noient parfois, des portes de Vérité et de foi, des points de repères sûrs, des lumières, surtout que des confusions ne manquent pas chaque fois qu’il y a de grands mouvements de masse.

Jésus invite au changement de mentalité.

 Selon certains exégètes, il n’est pas un fait du hasard que Jésus enseignait aussi, étant dans une barque, allant et venant d’un bout à l’autre de la mer avec ses disciples. Au cours des déplacements, il a donné aussi des leçons importantes au groupe des douze. Il ne s’agit pas donc de permanence. Il a fait route avec les disciples d’Emmaüs, les poussant à changer de considérations sur la réalité. Oui, cheminer invite à changer de mentalité. L’enseignement de Jésus, dans une barque qui ne s’arrête pas, mais se déplace constamment,  pourrait signifier l’invitation qu’il leur lançait de ne pas s’installer dans leurs visions, mais de toujours ouvrir leurs horizons, changer de vision, de mentalité. Je pense que c’est de cela que nous avons besoin, nous les chrétiens, nous qui faisons partie de la hiérarchie de l’Eglise. Préparés et forts de notre foi, forts de la Vérité (de Jésus qui est Voie, Vérité, Vie -Jn 14, 6) nous avons à naviguer avec les autres, jetant le filet (la RETE en Italien) à droite, dans une mer faite de chiffres, c.à.d. dans une mer numérique,  digitale (digit en anglais = chiffre).

Connectés – Interconnectés – Internet.

 L’Internet n’est pas donc, de ce point de vue, un instrument à utiliser comme on se sert d’un marteau, d’une houe, d’un stylo. Il est avant tout un RESEAU, un ESPACE à habiter, un des espaces dans lequel nous tissons et nous vivons nos relations à grand échelle même, un espace dans lequel nous connaissons le monde.

Salle de classe à l'Univ. Pont. de la Ste Croix (Rome)

Salle de classe à l’Univ. Pont. de la Sainte Croix (Rome). Photo de Antonio  Faccilongo- Le Figaro.

Le monde digital n’est donc pas un monde parallèle « au nôtre » que nous pensons « réel » ; il n’est pas que virtuel, faux, aliénant, espace dépersonnalisant, bref, internet ne constitue pas une seconde vie. C’est un réseau de relations. Et puisque notre vie est unique, qu’elle soit celle « physique » ou « digitale », nous sommes toujours les mêmes (d’où il ne faudrait pas dire, écrire sur internet ce que nous ne sommes pas capables de dire et assumer devant des personnes en chair et en os !), toujours authentiques. Nous devons donc rendre domestique  le réseau, y vivre comme dans une maison, en étant des témoins des valeurs que nous devons toujours porter, des valeurs dont nous sommes convaincus, comme chez nous. Nous sommes et nous restons nous-mêmes, chrétiens, pasteurs, même quand nous  nous embarquons avec les autres.

Pause musicale:

Et les dangers ?

C’est vrai qu’il y a des dangers, comme ceux dont j’ai parlé au début de cette réflexion. Mais ils ne diffèrent en rien de ceux de la vie quotidienne. Je trouve que le problème réside dans le fait que le milieu numérique amplifie, rend gigantesque tout cela par la vitesse de transmission et l’accessibilité universelle, globale. Ce n’est pas la même chose qu’un scandale, pour ne parler que de cela, soit connue d’une dizaine de personne dans l’espace d’une semaine que d’être par les mêmes personnes en l’espace de cinq heures ! Dans le deuxième cas, le scandale sera perçu comme « plus scandaleux », puis-je ainsi me répéter. Nous n’avons donc pas à attribuer au réseau nos propres fautes et limites, se serait échapper à notre responsabilité. Déserter le web, par peur des dangers pourrait seulement être un alibi : au sein du réseau, nous sommes qui nous sommes.

C’est pourquoi nous sommes inviter à communiquer aussi au sein du web. Communiquer (communicare, communione) signifie alors partager ce que nous pensons, ce que nous avons, et surtout, ce que nous sommes. Mais, que faut-il communiquer ? Jésus-Christ qui est la réponse authentique au désir humain de Relation, de Communion et du Sens à donner à la vie humaine, où qu’elle soit, sur le web ou non.

Comment le faire ?

Pour témoigner de la Bonne Nouvelle à l’ère digitale, il ne s’agit pas de remplir le réseau des contenus religieux. Cela n’est qu’un pas utile mais qui ne suffit pas. Il faut plutôt savoir cueillir les défis des hommes qui y sont, parce que nous sommes  en relations avec eux. S’ils parlent sur facebook et y partagent leurs émotions, leurs préoccupations, leurs joies, je m’y rends moi aussi ; je les y rejoints. Ils s’expriment sur Twitter, cette  « grande opportunité, ce marché libre des idées, cette place publique où chacun a droit de parole » ? Nous devons y avoir notre place. » Nous devons alors être familiers des défis des gens d’aujourd’hui, de l’intérieur, je dirais même, du ventre du réseau, notre maison d’habitation, en y mettant notre PROFIL fort et luisant de la lumière du Christ. Notre profil doit faire voir aussi au clair qui nous sommes, au cours de ce long voyage de navigation. Nous n’avons donc pas placer la communication et surtout la technique au-dessus de tout mais nous devons être plus attentifs que d’autres au contexte du message, avoir cette conscience qu’en matière de communication (c.à.d. de partage d’expérience, de témoignage, etc.), le contexte dans lequel est produit le message est aussi important que le message lui-même. » Mon Profil sur Facebook, sur Twitter, sur Skype, …, ma signature à la fin de chaque e-mail que j’envoie … constitue un premier message. Je le dis d’expérience, parce que j’ai déjà eu à répondre à des questions que j’estime fondamentales à des personnes qui se sont adressées à moi, après avoir vu mon PROFIL et lu ce que j’y mets de temps en tant.Le défi est donc, non celui d’être d’abord spécialiste des techniques de la communication afin de savoir utiliser le réseaux, mais plutôt de BIEN VIVRE au temps du web, étant donné que nous communiquons ce que nous sommes, nos convictions et nos expériences. Comme ça, nous cheminerons avec tant d’âmes qui titubent, chancellent, se noient même au milieu de cet océan digital, à la recherche du sens de la vie, à la recherche d’une relation, de la vraie relation qui puisse réaliser les rêves les plus profonds de la personne humaine. Cette relation, j’en suis convaincu, n’est pas possible en dehors de Jésus-Christ et par sa Parole dont nous sommes ministres et témoins. Je suis invité à m’embraquer et à jeter le filet (la RETE). Où jettes-tu ton filet ? Sur facebook ? Sur Twitter ? Sur Skype ?… Où ? Ou bien tu as encore peur de te lancer, de naviguer avec les autres, les accompagner, les précéder même comme une lumière, ces personnes à la recherche d’une relation qui puisse donner un sens à leur vie ! As –tu choisi de les abandonner seuls dans cet espace, afin qu’ils y mettent seulement ce qu’ils veulent ou ce qu’ils peuvent atteindre parce qu’ils n’ont pas quelqu’un qui puisse y mettre un autre contenu ? Tel est le défi lancé à toi, à moi. Allons-y !
 
 


4 commentaires

  1. riyazimana dit :

    Bien sûr que oui. Mais des réticences il y en a encore sous prétextes de SÉRIEUX, et je compare cela à ceux qui résistent/aient d’apprendre le Kiswahili (au Burundi) pour rester SERIEUX (puisque cette langue était considérée comme langue des personnes non sérieuses!

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  2. MANARIYO Jean Claude dit :

    Vous avez totalement raison. Nous devons y aller. Autrement nous serions comme un pasteur qui laisse les brébis seules!

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  3. merci pour cette interpellation que je trouve très utile pour tant de personnes qui ont peur de s’engager dans ce nouveau lieu d’évangélisation. C’est aussi une provocation qui nous fait beaucoup réfléchir sur notre mission de promouvoir tout homme et tout l’homme.

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