
« On venait voir J.Paul II, on venait écouter Benoît XVI, on vient toucher François » (Card. Tauran)
En ces jours, beaucoup ont parlé des innovations que le Pape François est en train d’opérer au sein de l’Eglise, en cherchant à l’opposer à son prédécesseur comme s’il ne s’agissait pas de deux ouvriers de la même vigne du Seigneur. Faut-il savoir que le Seigneur sait susciter des pasteurs qui sachent répondre aux défis de chaque époque. En effet, le temps de l’enthousiasme de la foi qu’a vécu le Pape Jean Paul II n’est pas celui du déclin de cette enthousiasme et du relativisme caractéristique de l’époque de Benoît XVI, et bien sûr différent de celui du pape François qui a besoin d’une Eglise qui, consolidée en son identité, est appelée à aller à la rencontre du monde pour lui porter la joie de la foi qui l’anime.
Jean Paul II et l’enthousiasme de la foi en Occident.
Ce Pape a été celui de la réception du Concile Vatican II. En son temps, on vivait en occident, un enthousiasme suscité par l’aggiornamento de Vatican II, bien que cela eût porté certains groupes à voir une Eglise envahie par un esprit moderniste. Ensuite, comme défis, on aura toujours à l’esprit l’existence d’une Europe divisée politiquement en deux ! Lui même a du vivre dans environnement malsain du communisme polonais. Avec la chute du mur de Berlin, des gens commencent à croire au changement et à la force de ce pasteur. On reconnaitra les foules des jeunes dont il fallait nourrir la foi lors des rencontres mondiales (les JMJ), les voyages apostoliques et beaucoup d’écrits (encycliques, exhortations apostoliques et post-synodales, des lettres,…), tout cela pour essayer de donner forme à cette foi qui devait se frayer un chemin au milieu d’une confusion incroyable. Oui, le défi était de pouvoir canaliser les enthousiasmes suscités ici et là.
Benoît XVI, pape de (à) la parole de maître.
Compte tenu du déclin de l’enthousiasme ruiné par le relativisme, dans un monde aux « valeurs démocratiques » qui mettent au même pied d’égalité toutes les opinions, Benoît XVI sut voir, ou mieux, Dieu suscita en lui ce dont le monde avait besoin : un enseignement qui fait la part des choses. Son choix fut celui de la parole, de la prédication, de l’enseignement, du discours public. Pour ne citer que quelques exemples, on se souvient des thèmes traités par la trilogie de ses encycliques, les discours qu’il a tenus devant les parlements des pays qu’il a visité, etc. En tout cela, il a su montrer que la foi ne va pas contre les valeurs, au contraire, elle les assume et les élève en les purifiant de ce que l’humain seul ne peut réaliser. Il aura su montrer que la foi est toujours raisonnable dans ce monde. Je ne voudrais pas m’étendre sur sa préoccupation à la purification intérieure de l’Eglise dont l’image et l’identité étaient discréditées par les scandales.
François, pape dont la personnalité trace le chemin.
Les choses étant claires, il faut les mettre en pratique. Nous devons d’abord savoir que ce n’est pas le consensus de la majorité qui fait qu’une vérité soit telle, puisque la vérité possède en elle-même sa « consistance ». On connaît bien désormais ce qu’i faut savoir, la foi en cela dépendant d’une adhésion libre. Nous sommes alors e face d’un pontificat surtout pastoral. Le langage corporel, le comportement serein et simple, doux, cependant décidé du pape François est un don que Dieu a fait à son Eglise. Sa personnalité trace l’exigence d’une Eglise non autoréférentielle, étant donnée qu’elle n’est pas son propre centre, le vrai centre de tout étant le Christ ; une Eglise qui prend même de risque de sortir jusqu’à connaître des accidents de parcours ; une Eglise cohérente avec ce qu’elle est réellement : une communion ouverte à tous ceux qui veulent y entrer, fussent-ils pécheurs, faibles et non corrompus ; une Eglise qui donne sa vrai valeur au matériel. C’est pour cela que la Pape s’attèlera à en finir avec le cléricalisme, à montrer l’urgence est « d’être une Église qui trouve de nouvelles routes, qui est capable de sortir d’elle-même et d’aller vers celui qui ne la fréquente pas, qui s’en est allé ou qui est indifférent ; inviter à renoncer à une rigidité passéiste puisque celui qui aujourd’hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive, à savoir parler directement au peuple de Dieu en en reconnaissant l’importance et l’apport du laïcat…
Faut-il alors passer notre temps à comparer les trois pontificats en termes de bon, moins bons, etc. ? Est-ce vraiment logique de nous enfermer dans ces comparaisons comme si l’on disait aux enfants d’une même famille : ton frère est plus… (mettez-y ce que vous voulez !) que toi ? Ou bien il faut situer chaque action dans son contexte, puisque, et j’en suis convaincu, Dieu sait voir les besoins de l’humanité et y pourvoit chaque fois selon ce dont nous avons besoin.
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