D’aucuns pourraient essayer de comprendre le contexte de l’action d’un Pape en s’arrêtant au fonctionnement de la Curie Romaine, à ce qui se vit ou se trame dans les corridors du Vatican, en connaissant beaucoup de cardinaux et gens de la curie, bref en étant spécialistes du Vatican. Ne pourrait-on pas penser que je suis en train de parler des « vaticanistes » ? Oui et non. Etre vaticaniste va au-delà de ce qui est décrit ci-haut. C’est en substance un des résultats d’une Table Ronde tenue ce Jeudi à l’Université Pontificale de la sainte Croix (P.U.S.C) sur « l’information religieuse aujourd’hui : état de l’art » organisée conjointement par l’Association Giuseppe de Carli, ladite université et la Faculté Théologique Pontificale Saint Bonaventure (Seraphicum).
Estimant à leur juste titre les caractéristiques du travail des journalistes qui s’occupent de l’information religieuse, les intervenants ont tenu à souligner d’autres exigences non moins importantes. S’inspirant de l’expérience dont il a été témoin en côtoyant Giuseppe De Carli, le Père Federico Lombardi, Directeur du Bureau de Presse du Vatican dont il est aussi porte-parole a parlé de trois caractéristiques de la vie professionnelle de De Carli à savoir la culture au sens le plus ample du terme, la foi et la combattivité. Cela s’est manifesté durant les services qu’il a préparés et transmis sous les pontificats de Jean Paul II et Benoît XVI, puisque De Carli est mort en juillet 2010 à Rome. Commentant par exemple la 2ème et la 3ème caractéristiques, il a parlé de son projet ‘‘téméraire’’ « La Bibbia Giorno e Notte », un programme qui a traité de la lecture ininterrompue de la Bible pendant 7 jours et 7 nuits et dont le Pape Benoît accepta d’être le premier protagoniste, en 2008, en lisant de vive voix tous les chapitres du Livre de la Genèse. Ce fut vraiment téméraire, mais aussi une preuve de sa foi.
Retour au travail des vaticanistes. Pour cette raison, d’autres intervenants, comme le cas de Rosario Carello qui anime l’émission « A sua immagine » sur Rai 1, que le travail ne consistera pas surtout à comprendre ce qui se trame au Vatican, mais à comprendre le contexte de l’action et de la Parole d’un Pape : « le contexte de l’action d’un Pape n’est pas le Vatican, mais celui de tout le peuple de Dieu » dont fera partie le journaliste qui accueille aussi le message comme sien. Il est difficile de bien comprendre un message dont on n’est en aucun cas destinataire. Pour cela, la foi n’est pas contraire au professionnalisme, par contre, elle est d’une importance capitale pour comprendre. En effet, selon Andrea Tornielli, Vaticaniste de Vatican Insider et de La Stampa, le travail d’un journaliste n’est pas seulement de raconter ce qui se passe étant donné que le monde est plein de récits (blogs, réseaux sociaux, …), mais de synthétiser tout cela et de l’interpréter pour son auditoire afin que ce dernier puisse bien s’orienter dans la vie et l’action.
A la fin de la table ronde, il y a eu la remise des prix aux journalistes qui se sont illustrés dans l’information religieuse de qualité. L’association organise chaque année un concours qui vise à encourager « un journalisme fait avec sérieux, professionnalisme, forte motivation, enthousiasme et clarté » selon l’enseignement de Giuseppe de Carli.