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Quand l’Eglise patiente avant d’entrer dans le débat.

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


On parle souvent de la lenteur de l’Eglise, du moins son magistère, quand les débats se chauffent en société, surtout quand il s’agit de la politique où toutes les parties se mobilisent, ceux qui sont au pouvoir et qui, naturellement veulent y rester et ceux qui y prétendent. Pourquoi alors cette «lenteur» ? S’agit-il au juste d’une lenteur ?

D’habitude, les débats se chauffent petit à petit. Mais les controverses sont une chose normale au niveau politique, puisque sans de telles confrontations d’idées, la politique n’existerait pas. Ceux qui ont des positions à soutenir durcissent le ton quand les jeux d’intérêts se profilent. C’est alors que l’on commence à recueillir les avis des acteurs sociopolitiques : la société civile, les médias commencent à sortir des édito à travers lesquels ils se rangent, sans oublier la parole de l’Eglise qui est et qui a une force morale indubitable. Je suis en train de suivre les appréciations des uns et des autres sur la contribution de la Conférence des Evêques du Burundi au sein du débat actuel, et certains disent qu’elle avait tardé à s’exprimer. Pourquoi alors il vaut mieux se retenir avant d’entrer dans le débat ? Comment y entrer ? De quoi faut-il tenir compte ? La matière est délicate, certes.

Partons d’un exemple banal : deux camps d’une controverses entre les prohibitionnistes et les anti-prohibitionnistes de la drogue. Les premiers voudraient pénaliser les trafiquants de la drogue et leurs clients tandis que les autres ne l’entendent pas ainsi. Le débat paraitrait facile, mais au regard de certains réseaux de drogues au sein desquels on trouve, je dirais par surprise, même des personnalités haut-placées au sein du pouvoir, il n’en est pas ainsi.

Se lancer dans une telle controverse exige un préalable : il faut connaître qui en a fixé les paramètres, les termes, les intérêts en jeu. Pour cela, il faut un recadrage, un «re-framing» du débat. Quand les termes du débat sont fixés d’une façon binaire (pour ou contre), avec des rôles et étiquettes prédéterminés, il faut prendre un peu de distance pour plus de perspicacité. Cela aide à reformuler les termes du débat, à envisager d’autres options qui sont ignorés ou dissimulés par les intervenants au sein du débat. Pour reprendre notre exemple, est-ce que le débat sur le mal de la drogue se réduit seulement au pour et au contre ? Ne faut-il pas penser à mettre en doute les paramètres mêmes du débat et explorer d’autres pistes ? Récupérer les drogués, leur insertion sociale, la dignité de ces personnes qui ne sont souvent considérées que comme des délinquants sans aucune valeur, …

Pour cela, il nous convient de bien évaluer ce qu’on appelle «la lenteur» des institutions ecclésiales, surtout au sein des débats politiques animés. J’estime que la pose des termes du débat et la compréhension des enjeux qui sont derrière les débats, qu’ils soient dissimulés par les intervenants ou ignorés de ces derniers : il s’agit d’un recadrage du débat, d’un re-framing. Il s’agit d’une pré-persuasion qui ne se limite pas seulement au contenu du débat, mais essaie d’en saisir le cœur, le nœud. Est-ce toujours cette raison ou bien une autre similaire qui nous pousse à ne pas parler directement ou bien c’est une fausse prudence qui inspire réticence du moment qu’on ne fait rien entre-temps pour comprendre un peu plus ? Ne se garde-t-on pas de parler en espérant que le feu s’éteigne plus tôt au lieu de se mettre à analyser la situation pour y intervenir si cela se retenait nécessaire ? Que vous en semble ?


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