Jésus continue ici à nous parler du Royaume, de nouveau en utilisant des paraboles comme il a fait ces deux derniers dimanches. Souvenons-nous que les paraboles sont des moyens de présenter une réalité, elles suggèrent plus qu’elles ne définissent pour mettre en mouvement notre liberté et notre volonté. C’est la vie quotidienne de la personne qui travaille au champ jusqu’à ce qu’elle ait découvert le trésor, c’est la vie du marchand qui s’occupe de ses affaires jusqu’à ce qu’il ait trouvé une perle de grande valeur. Tous les deux ont la familiarité avec ce qui regarde leur mode de vie. Comme ça, ils sont capables de pouvoir évaluer à juste titre ce qu’ils découvrent. On n’entre pas dans le Royaume sous n’importe quelle condition, pour y aller il faut le vouloir, et être prêt à nous séparer de tout ce qui pourrait nous en empêcher, être prêt à offrir ce qu’il faut pour y entrer. Et cette fois Jésus explicite clairement une des paraboles, quand il parle des anges qui viendront séparer les justes des méchants. Ce n’est alors plus une parabole, mais bien du véritable jugement, à la fin des temps, dont Jésus parle.
C’est alors que même ce jour, le Seigneur nous présente plusieurs paraboles de Jésus sur le Royaume des Cieux. Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor caché dans un champ. Un homme découvre ce trésor, le cache de nouveau, puis vend tout ce qu’il possède pour acheter ce champ. Le Royaume des Cieux est aussi semblable à une perle de grande valeur. Le négociant vend tout ce qu’il possède afin de pouvoir l’acquérir. Enfin le Royaume des Cieux est semblable à un filet qui ramène toutes sortes de poissons. Vient alors le tri entre ce qui est bon et ce qui ne vaut rien. Ces comparaisons dévoilent trois dimensions importantes du Royaume des Cieux.
Tout d’abord, le Royaume des Cieux se cherche. Le trésor est caché dans un champ et la perle de grande valeur ne se trouve qu’après une longue recherche. Bien sûr, le Seigneur se laisse trouver, mais encore faut-il le désirer, ou tout au moins, lui ouvrir notre cœur ! La prière des psaumes est d’une grande aide pour nous soutenir dans cette recherche. Le psalmiste prie ainsi : « Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme à soif de toi… » (Ps 63,2). De même, nous pouvons penser à Zachée qui monte sur un sycomore car il a un grand désir de voir Jésus (Lc 19,4). Nos préoccupations quotidiennes peuvent nous détourner de cette recherche et notre soif d’absolu peut s’orienter vers des biens créés qui sont incapables de nous satisfaire. Pour trouver le Royaume, il est donc nécessaire d’avoir une démarche humble qui nous fait reconnaître en Dieu, et non pas en nous-mêmes, la source de notre bonheur.
Ensuite, le Royaume des Cieux est un don à saisir. Celui qui achète le champ et celui qui acquiert la perle de grande valeur vendent tout ce qu’ils ont afin d’acquérir le trésor qu’ils ont trouvé. Si donc le Seigneur nous présente le Royaume et nous offre d’y entrer, il est nécessaire que l’homme s’engage en répondant à l’appel du Seigneur. Il est bien précisé qu’ils vendent ‘tout ce qu’ils possèdent’. Le Royaume des Cieux est donc ce que nous sommes appelés à désirer plus que tout. Nous sommes appelés à être prêts à tout sacrifier pour vivre dans ce Royaume, dans l’intimité avec Jésus. Comment savoir que ce pour quoi nous sacrifions tout est vraiment le vrai trésor, le vrai bonheur, Il nous faut noter une chose importante: l’homme du champ et le négociant vont, DANS LA JOIE, vendre tout ce qu’ils possèdent. Ceux qui les voient les croient insensés.
Pour Jésus, le sacrifice n’est pas une chose triste, puisque tout ce qu’on s’impose se subordonne à l’objectif. Combien de personnes, aujourd’hui, pensent à la messe comme un moment d’ennuis? Peut-être parce qu’ils ne savent plus pourquoi et pour quoi on y va! Combien pensent-ils que le jeûne, la mortification,…sont des pratiquent inhumaines, archaïques, qui proviennent d’un Dieu jaloux de notre bonheur? Peut-être que les mêmes personnes font diète pour maigrir, préserver « la ligne », vaincre une compétition et battre le record, … peut-être que ce sont des hommes politiques ou des syndicalistes qui sacrifient même leur repos et leurs vacances pour bien étudier des stratégies,… Tout cela, parce qu’il y a quelque chose qui les tient à cœur. Quelle est alors la qualité de notre jugement par rapport au sens (signification, mais aussi orientation) de notre vie? Déséquilibre! Notre vrai Trésor, c’est Jésus. Pour celui qui l’a trouvé, tout peut être relatif et subordonné à ce grand bien. Il est alors capable de grandes décisions, même si cela lui devrait couter moqueries. Il sera capable d’aller à contre-courant: s’engager en un mariage pour toute une vie, s’engager pour toute une vie dans la vie sacerdotale et religieuse, ne pas céder au permissivisme sexuel actuel pour certains jeunes,… En somme, faire des choix radicaux.
Voici un mot auquel on est souvent allergique. « Fondamental, radical,… » tout ceci appelle intolérance au sens actuel pour notre temps pour lequel est cher le compromis, et à tout prix. On ne peut pas cohabiter indéfiniment et impunément avec le mal. C’est le sens de la dernière parabole. Bien que Jésus parle d’abord de joie, il ne nous cache pas qu’il y aura aussi « pleurs et grincements de dents » pour celui qui n’aura pas été conséquents dans ses choix. Nos comportements ne sont pas donc neutres : ils préparent à notre avenir, à l’éternité. « On jette ce qui ne vaut rien »: il est urgent donc de nous convertir. Par cet avertissement ainsi rigoureux, le Seigneur veut nous réveiller de nos lâchetés, de nos paresses et indifférences, de nos torpeurs. Il en va de notre liberté d’accueillir cela. Pour cela, il nous demande: avez-vous compris tout cela? Que pouvons (devons)-nous répondre? Peut-être NON parce qu’il y a des zones de ma vie que je n’aimerais pas confronter avec l’Evangile, qui sait! Et à la fin?
Enfin de compte, paraboles sur le Royaume doivent donc nous faire réfléchir sur la place que nous donnons dans notre vie à la recherche du Royaume de Dieu, à la recherche de l’amitié avec Jésus. Il est le Sauveur, le seul Sauveur, qui nous a donné la plénitude de la Révélation divine. Le seul qui avait le pouvoir de nous ouvrir de nouveau les portes du Paradis, le seul qui peut nous y faire entrer. Ne vaut-il pas la peine de lui donner la première place dans notre vie ?