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Le baptisé est membre du Corps du Christ, temple de Dieu. Tout homme est une histoire sacrée.

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


St Jean au LatranNous célébrons aujourd’hui la fête de la dédicace de la Basilique Saint Jean du Latran, Eglise qui est la Cathédrale de l’Evêque de Rome (i.e. du Pape). Il s’agit donc d’une occasion qui nous est offerte pour penser au sens et au respect que nous donnons non seulement à nos édifices-Eglises, mais aussi à nous-mêmes en tant temples de l’Esprit de Dieu, en vertu de notre baptême qui a fait de nous membres du Corps du Christ.

Pour comprendre la portée du geste de Jésus, il est utile de savoir certaines choses sur le temple de Jérusalem, vers lequel tous étaient tendus et se réjouissaient de fouler de leurs pieds les parvis de ce lieu saint : « quelle joie quand on m’a dit : nous irons dans la maison du Seigneur,… Maintenant notre marche prend fin devant tes portes… » (Psaumes 122, des montées). Chaque jour, environ 600 prêtres officiaient, aidés par environ 300 lévites pour la liturgie et le chant. Le sanctuaire dont parle Jésus quand il parle de naos (Naos) était le centre de tout l’édifice (ieron) et était recouvert en or. Ici entrait seulement le grand prêtre, une fois par an. Ce qui est nouveau, c’est que ce Jésus dit de ce centre important où l’on n’entrait qu’une fois par an : il l’appelle sa maison, la maison d son Père. Nous qui sommes déjà habitués à ce langage, peut-être que nous n’en percevons pas la portée ! L’enjeu est de taille que Jésus va jusqu’à heurter toute l’opinion de tous les pèlerins du temple en disant : détruisez ce temple !

Essayons alors de comprendre. En chassant donc les vendeurs, Jésus signifie explicitement que le temps des sacrifices – et du commerce juteux qui l’accompagnait – ce temps est révolu. Rappelons-nous que beaucoup de marchands y vendaient les animaux pour le sacrifice et les changeurs aidaient pour qu’on n’offrît pas de la monnaie avec l’effigie de César. Rappelons-nous aussi que Marie et Joseph eurent recours à ces marchant quand ils vinrent pour la purification de Marie et l’offrande de Jésus (Lc 2,24). Ici, ce qui est premier pour Jésus, c’est l’amour du Père. C’est comme un feu qui le dévore. Le culte qu’il rendra à son Père ne sera pas un culte « rituel », des « cérémonies », mais ce sera sa vie offerte, con cœur filial. En effet, lui l’Agneau de Dieu qui se sacrifie sera immolé à l’heure où on immolait rituellement les agneaux au temple. De son côté transpercé a jailli de l’eau comme cela a été annoncé par la Prophète Ezéchiel dans la première lecture.

Ici se trouve donc la nouveauté inouïe, qui réside dans l’affirmation que le véritable Sanctuaire n’est autre que son Corps, éclairant par le fait même son identité personnelle d’une lumière toute nouvelle. Désormais la Shekinah – la présence divine – ne repose plus sur un édifice, mais sur sa Personne. Il est à la fois le Sanctuaire de la rencontre entre Dieu et les hommes, l’Autel vivant d’où s’élève l’encens de l’adoration véritable, et l’unique Sacrifice de réconciliation qui soit digne du Très-Haut. Et tout cela, il l’est en tant que Fils, puisqu’il désigne le Temple comme la Maison de son Père. Si le Fils chasse les vendeurs de la Maison de son Père, c’est donc que celui-ci n’est plus honoré par ce genre de sacrifice. Ce que le Père attend désormais, c’est le respect d’un cœur filial, qui manifeste son amour par son obéissance et son dévouement : « Le zèle de ta maison fera mon tourment ». C’est précisément ce zèle brûlant pour la gloire de Dieu qui sera le Feu de l’holocauste dans lequel l’Agneau sera consumé, après avoir pris sur lui tout le poids de nos péchés.

Toute la liturgie chrétienne n’existe donc qu’autour de Jésus, autour de sa Parole et de son Corps Eucharistique, qui édifient son Corps ecclésial : «Vous êtes le corps du Christ » dira Saint Paul aux débardeurs du port de Corinthe (1 Co 12,27).

Je me rappelle cet épisode de Venise, au temps de Jean Paul 1er : quand il était Patriarche de cette contrée, il nomma un curé qui fut par la suite contesté par le peuple. La réaction ne se fit pas attendre : il s’y rendit, avec une garde, prit avec lui le curé contesté, mais aussi prit du tabernacle la Sainte Réserve et laissa l’Eglise ouverte. Ce fut un signe très fort que l’on se demandait : qu’est-ce qui arrive ? Nous doit-il aussi retirer Jésus ? Que nous reste-t-il alors ? Bien sûr, sans Jésus, il n’y a pas de liturgie, il n’y a pas d’Eglise, il n’y a pas de communauté de fidèles.

Une autre phrase est importante : « Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous »? C’est une affirmation lourde de conséquences, surtout pour notre temps qui ne respecte plus la dignité de la personne humaine, qui ne respecte plus la dignité du corps humain. Ne faisons donc de notre corps et de notre vie une banalité. Qu’il est beau de chanter ensemble : « Tout homme est une histoire sacrée, l’homme est à l’image de Dieu ! »

Certes, cette éminente dignité n’est pas facile à porter : elle exige une changement radical par rapport aux habitudes du monde ; et une telle conversion n’est jamais définitivement acquise. C’est pourquoi il nous faut sans cesse nous replonger dans « l’eau qui descend du côté droit du Temple », c’est-à-dire l’Eau vive de l’Esprit jailli du côté de Jésus crucifié, ouvert à coup de lance (Jn 19, 34). Lorsque dans la 2ème lecture, Saint Paul nous rappelle que nous sommes « le Temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en nous», l’image est plus organique qu’individuelle : c’est en tant que membre du Corps ecclésial du Christ (1 Co 6, 15), en qui habite corporellement la plénitude de la divinité (Col 2, 9), que chaque croyant peut être appelé « Temple de Dieu ». C’est en effet l’Église qui est « la maison que Dieu construit », en assemblant les « pierres vivantes » (1 P 2, 5) que nous sommes sur la fondation unique : Jésus-Christ.

Telle est bien la finalité surnaturelle de notre cheminement personnel et communautaire, dont nous sommes appelés à garder une mémoire vivante jusque dans nos activités séculières, afin d’être au cœur du monde, le sel de la terre et le levain du Royaume. Ainsi soit-il.


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