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« Seigneur, que je puisse faire de l’ordinaire une vie simple, pleine de foi et d’amour. »

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


La fête de la Présentation du Seigneur au Temple de Jérusalem est sous le signe de la lumière, en raison de la parole du vieillard Siméon, qui voit dans l’Enfant « la lumière qui éclaire les nations ». Le mot « Chandeleur » vient précisément de candela – la chandelle – reprise dans l’expression Festa candelarum, fête des chandelles. En fait, à l’époque des Romains, il s’agissait d’une célébration en l’honneur du dieu Pan. Toute la nuit, les dévots de cette divinité païenne parcouraient les rues de Rome en agitant des flambeaux. En 472, le Pape Gélase 1er décida de christianiser cette fête en la faisant coïncider avec la célébration de la Présentation de Jésus au Temple. De là la bénédiction traditionnelle des cierges avant la Messe et la procession qui anticipe en quelque sorte la nuit pascale. Ce qui souligne l’unité du cycle liturgique et l’orientation de tous les mystères vers la Pâques, où s’accomplit « le salut que Dieu préparait à tous les peuples ». Pour être complet il faut ajouter qu’au cours des anciennes lupercales romaines, il convenait également de manger une galette de céréales en l’honneur de Proserpine pour obtenir d’elle la fertilité de la terre. Cette pratique s’est maintenue jusqu’à nos jours dans la tradition des crêpes de la Chandeleur !

La solennité de ce jour veut nous introduire au mystère de l’incarnation comme l’événement de la rencontre entre Dieu et les hommes. Une rencontre qui n’a rien d’extraordinaire : tout se passe dans la simplicité d’un dialogue, d’un échange de regard, d’un sourire, d’un geste respectueux, dans lesquels Dieu et l’homme s’approchent, s’apprivoisent, s’engagent mutuellement. Vie « normale ». Car c’est bien le Seigneur qui, porté dans les bras de Marie, entre dans son Temple : il est chez lui dans cet édifice ; c’est lui qu’on y adore. Et pourtant, seul deux vieillards aux yeux déjà éteints, vont le reconnaître là où il se donne à contempler : dans l’humilité d’un enfant offert à nos regards attendris. Rencontre déconcertante il est vrai : le Verbe éternel cache sa divinité sous le voile de l’humanité qu’il reçoit de la Vierge, et s’offre à nous comme un petit enfant dans les bras de sa mère, tout aussi dépendant d’elle que nous l’avons tous été. Signe même de notre fragilité dont il veut nous délivrer. En lui nous sommes invités à reconnaître le Fils de Dieu qui se fait Fils de l’homme pour ne pas nous anéantir sous le poids de sa gloire divine. Qui en effet pourrait tenir sous le regard de Dieu ? « L’homme ne saurait me voir et vivre ! » (Ex 33, 20).

Marie et Joseph viennent au Temple pour accomplir un précepte de la Loi. Remarquons que ce ne sont pas les prêtres chargés du culte, ni les docteurs chargés de l’interprétation de la Torah qui viennent l’accueillir, mais deux « anawim », ces pauvres que Dieu aime précisément en raison de leur humilité de cœur. C’est parce qu’ils ont le cœur pur – purifié de tout orgueil – qu’ils peuvent « voir Dieu » (Mt 5, 8) et reconnaître la présence du Messie dans l’enfant présenté ce jour-là au Temple. Voir Dieu dans un enfant, au cou faible qu’il faut soutenir?

DSCN2872La grande conversion à laquelle nous sommes invités dès les premières pages de l’Evangile consiste à nous laisser surprendre par un Dieu déconcertant, qui cherche à engager avec nous un dialogue empreint de simplicité, de familiarité. N’est-ce pas ce que fera Jésus tout au long de sa vie publique ? Il appelle ses disciples « pour être avec lui », il les invite à entrer dans son intimité ; il vit avec eux en communauté – ce que ne faisait aucun rabbi de l’époque – il trouve sa joie à partager leur convivialité, et instituera même le mémorial de sa Pâques au cours d’un repas. D’ici, nous pouvons nous demander comment nous vivons notre simplicité avec les autres, surtout avec les plus petits que nous, avec nos subalternes (si nous sommes des responsables à quel niveau que ce soit), avec ceux qui sont moins doués que nous, ceux qui ne s’adaptent pas facilement aux nouvelles situations,… ne nous arrive -t-il pas de « crâner » parce que….?

Aujourd’hui « le Roi de gloire, le Seigneur, le fort, le vaillant des combats, le Dieu de l’univers » nous visite ; il « veut demeurer chez nous » (Lc 19, 5). Ne le cherchons pas dans l’éclat du feu ou dans la rumeur du tonnerre (Ubu ntukidutēra ubwôba nko ku musózi wa Sinayi, hamwé imirávyo n’înkúba vyãsirana…) : il vient à nous comme le pauvre, le mendiant d’amour ; comme un enfant dépendant, ou comme ce frère ou cette sœur qui ont besoin de mon aide, de mon accueil, de mon écoute, de mon sourire, qui ont besoin que je partage avec eux/elles leurs diverses déceptions et incompréhensions, que je compatisse dans leurs chutes, leurs échecs,…comme cela arrive aussi à moi. Notre cœur est-il suffisamment simplifié pour laisser à Dieu la liberté de nous visiter de manière aussi déconcertante ? Notre regard est-il assez purifié de l’orgueil pour le reconnaître dans un enfant ? Notre désir de la rencontre est-il assez fort pour lui faire une place et lui répondre amour pour amour, un amour qui ne juge pas selon ses critères, mais qui accueille Dieu comme il veut se présenter à moi, dans les « banalités » quotidiennes?

DSCN2763En rappelant le lien entre la Fête de la Présentation et la Journée de la Vie Consacrée, le pape Benoît XVI exhortait les religieux à être au sein du Peuple de Dieu « comme des sentinelles que l’on aperçoit et qui annoncent la vie nouvelle déjà présente dans l’histoire », dans les activités ordinaires de la vie quotidienne. Le dévouement complet des personnes consacrées à Dieu et à leurs frères et sœurs « doit devenir pour le monde d’aujourd’hui le signe éloquent de la présence du Règne de Dieu, (malgré tant de difficultés). Leur façon de vivre et d’agir doit manifester sans équivoque la pleine appartenance au seul Dieu. Leur abandon total dans les mains du Christ et de l’Eglise est le message fort et clair de la présence de Dieu en un langage compréhensible aussi à nos contemporains. Ceci est le premier service que les personnes consacrées rendent à l’Eglise et au monde ».

Seigneur, j’aimerais parfois avoir une vie plus extraordinaire, plus excitante, pleine de choses merveilleuses. Et pourtant toi tu es là dans la simplicité et la pauvreté. C’est un des meilleurs endroits pour te rencontrer. Donne-moi la foi et l’amour pour que je sache mettre ta présence dans ma vie ordinaire. Pour que je puisse faire de l’ordinaire une vie pleine de foi et d’amour.


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