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« Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, mais de vous le dire ». (Sainte Bernadette)

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


                                                                      « Une spiritualité de l’échec ? »
Jesus-NazarethLes lectures de ce dimanche invitent à réfléchir sur la place de l’échec dans la vie du croyant. Ezéchiel avait conscience d’être envoyé vers un peuple de rebelles, au visage dur et au cœur obstiné. De son côté, l’apôtre Paul fait allusion à un échec personnel dont il ne nous précise pas la nature, mais qui lui a appris à voir la puissance de Dieu se déployer dans la faiblesse de l’homme. Quant à l’Evangile de Saint Marc, il rapporte l’échec cuisant que Jésus lui-même essuya à la synagogue de Nazareth. Combien de fois n’avons-nous pas frôlé le découragement pour avoir vu s’écrouler telle ou telle autre initiative généreuse ! Nous sommes aujourd’hui invités à nous laisser inspirer par l’attitude de Jésus : loin d’être abattu, il repart. Comme il est difficile d’accepter nos échecs, d’en tirer dues conséquences positives, loyalement, sans se laisser abattre ! Ne pouvons-nous pas parler, aujourd’hui, d’une « spiritualité de l’échec » ? Mais « qu’ils écoutent ou qu’ils s’y refusent », l’important est « qu’ils sachent qu’il y a un prophète au milieu d’eux ». L’Evangile illustre parfaitement ce thème.

Le scandale du réalisme de l’Incarnation.
Jésus rentre chez lui à Nazareth, sans doute pour y retrouver les siens et prendre un peu de repos en famille. Mais une cruelle déception l’attend dans son village. Quel contraste avec les foules qui le suivaient, le pressant de toute part, sur le chemin conduisant à la maison de Jaïre, comme nous le méditions le dimanche passé ! Les nazaréens sont certes nombreux à venir écouter son enseignement dans la synagogue, mais leur cœur est fermé ; ils ne dépassent pas le stade d’un étonnement sceptique et critique, qui se transforme bientôt en hostilité et rejet.

L’obstacle qui empêche les habitants de Nazareth de s’ouvrir au mystère du Royaume que Jésus rend présent au milieu d’eux, consiste paradoxalement dans le fait qu’ils le connaissent – ou du moins croient le connaître. Ils refusent d’envisager que le Très-Haut puisse s’abaisser à agir à travers « le charpentier » de leur village, qui a grandi au milieu d’eux, au sein d’une famille qu’ils côtoient journellement. Et « ils étaient profondément choqués à cause de lui ». Est-ce différent de nos jours ? Combien de fois entendons-nous des affirmations du genre : Croire en Jésus ? Oui ! (puisqu’il nous vient de loin, peut-être), croire en l’Eglise ? Non, quand même ! Elle est trop humaine : ces Evêques, ces prêtres, ces chrétiens qui sont faibles comme nous ! Mais cette page est un véritable réalisme de l’incarnation qui nous scandalise : un Dieu du coin, du village, un paysan, fils de paysan, mais quelle leçon peut-il nous donner ? Et nous sommes choqués, nous restons incrédules !

La mission : fidélité de Dieu, fidélité à Dieu.
La mission du prophète Ezéchiel semble une peine perdue d’avance. Mais Dieu ne désespère pas. L’exil était venu sanctionner les infidélités du peuple élu à son Dieu. En vain Dieu avait-il averti le danger par la voix des prophètes. Va-t-il alors les abandonner ? Non, il appelle un nouveau prophète, présent au milieu du peuple en déportation. « Puisqu’il est avec nous en ces jours de violences, ne rêvons pas qu’il est partout, sauf où l’on meurt », chantons-nous aux laudes du vendredi matin du temps ordinaire. Oui, Dieu ne nous abandonne jamais. Mais que récolte les moissonneurs de Dieu ?

Nous aurions pu espérer que la victoire du Ressuscité vienne transfigurer la condition des Messagers de la Bonne Nouvelle ; or il n’en est rien : la seconde lecture nous rappelle que l’Envoyé a à combattre non seulement contre des ennemis extérieurs, mais aussi contre des ennemis intérieurs tout aussi redoutables ! Paul a beau supplier le Seigneur de le délivrer de cette mystérieuse «écharde dans sa chair » : rien n’y fait. Il semble même que cette pauvreté fasse partie de la condition du prophète : il est indispensable qu’il paraisse faible devant ses interlocuteurs, afin qu’il soit clair aux yeux de tous que la puissance qui se déploie à travers lui, ne vient pas de son propre fond, mais de Dieu (cf. 2 Co 4, 7).

L’image du messager qui ressort des lectures de ce jour est alors celle d’un homme purifié au creuset des épreuves – extérieures et intérieures – et qui s’en remet totalement entre les mains de Dieu, gardant « les yeux levés vers le Seigneur son Dieu, comme les yeux de l’esclave vers la main de son Maître », prions-nous dans le psaume responsorial. La raison pour laquelle il y a si peu de prophètes de nos jours (ce qui se fait voir plus dans certaines régions que d’autres), ne serait-elle pas que l’humilité est morte ? Comment, à l’heure de la divinisation de l’humanité (l’époque du super home), une telle conception de la relation entre l’homme et Dieu pourrait-elle être reçue ? « Pauvres chrétiens, ironisent nos contemporains, croyez-vous vraiment que vos appels à la repentance ont une chance d’être entendus ? » Vous-mêmes n’êtes pas capable d’accomplir ce que vous prêchez! Rendez-vous aux évidences, c’est impossible être juste,….

Nous répondrons simplement avec les paroles de bon sens de Sainte Bernadette, s’adressant à son curé qui refusait de donner foi à ses propos : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, mais de vous le dire ! » Et nous poursuivrons paisiblement l’œuvre d’évangélisation que le Seigneur nous a confiée. La principale raison et motivation est que le prophète et l’apôtre continuent leur mission en vertu de la fidélité de Dieu qui ne nous abandonne pas malgré nos hésitations et rébellions, mais aussi en vertu de la fidélité à Dieu et non par rapport aux fruits que nous espérons cueillir.

«Seigneur, nous aussi nous sommes immergés dans cette culture hyper-individualiste qui ne jure que par l’autonomie et se scandalise d’un Dieu qui voudrait se mêler à notre vie. Garde nous vigilants dans la foi ; ne permets pas que tu sois pour nous cause de scandale ; mais donne nous de t’accueillir toujours avec joie, émerveillement et reconnaissance, toi qui viens de la part du Père pour nous donner ta propre vie en partage. »


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