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« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. »

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


The SermonLe prophète qui s’exprime dans la première lecture rappelle les exigences d’une religion qui plaît à Dieu : partager avec l’affamé, héberger le sans-abri, vêtir le miséreux, bannir le geste de menace et la parole malfaisante. Alors, l’obscurité du juste sera comme la clarté de midi. Être «sel de la terre» et «lumière du monde» ne signifie pas autre chose. Le peuple d’Israël semble ne pas en être convaincu. On lui avait promis qu’il serait la «lumière des nations», mais le peuple juif revenu d’exil a plutôt l’impression d’être dans une impasse et de ne pouvoir retrouver sa splendeur et son influence d’antan. On lui avait promis que son Dieu ne se détournerait plus de lui, mais le peuple a l’impression d’appeler en vain dans la nuit. Pourquoi ? Il manque à ce peuple de savoir partager avec le malheureux, de vouloir combattre les injustices et l’exploitation des faibles. Quelle lumière pourrait-il bien alors rayonner sur le monde ? Et puisqu’il se dérobe à son semblable, Dieu qui fait cause commune avec le pauvre, se dérobe à son tour à son peuple. Quand m’arrive-t-il de me dérober à mes frères et sœurs et de me mettre à part ? Et de me dérober à Dieu ?

L’évangile de Matthieu ne dit pas «Soyez», mais « Vous êtes». Sel et lumière, nous le sommes par notre baptême. Mais le sel peut s’affadir, et il arrive que certains cachent la lumière sous le boisseau. Jésus demande à ses disciples de partager ce qu’ils ont eux-mêmes reçu : leur espérance, qui donne de la saveur à la vie, et la lumière de la foi, si précieuse pour ceux qui traversent la nuit de l’épreuve. Jésus utilise la lumière et le sel, éléments très communs, comme images pour la mission de ses disciples (Mt 5, 16). Lumière et sel sont des éléments ordinaires, et pourtant ils sont extrêmement importants parce que, sans sel la nourriture n’a pas de goût, et sans lumière il y a obscurité et manque de vie. De la même façon, les disciples de Jésus semblent être complètement sans importance dans une société qui a d’autre priorité et d’autres systèmes de valeur, et pourtant leurs contributions sont essentielles à la société par le témoignage de leur vie, à l’image du sel et de la lumière ; ils existent non par pour eux-mêmes, mais pour les autres.

« Vous êtes le sel »

Dans beaucoup de villages où il n’y a pas d’électricité, une façon de conserver la viande est de la saler et la sécher par ma suite. Le sel sert à la préserver. Sauf lorsqu’elle est mise au contact avec l’eau, cette viande ne pourrit pas vite. Le sel est également utilisé pour donner du goût à la nourriture. Etre le sel de la terre signifie alors donner du goût de vivre aux autres, ne pas compliquer la vie aux autres. Est-ce mon cas ? Fait-il beau vivre avec moi ? Ou bien les autres me supportent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement !

Les Israélites avaient une coutume de célébrer une ‘alliance de sel; cela veut dire qu’un contrat entre deux partis était scellé par un repas partagé (Nb 18, 19 ; 2 Ch 13,5). Partager un repas exprimait l’unité et l’amour. Cette relation était supposée durer (Lv 2, 13), et ainsi elle empêchait les partis de chercher à se faire du tort l’un à l’autre. Quand le Psalmiste se lamente en disant: « même l’ami sur qui je comptais et qui partageait mon pain a levé le talon sur moi » (Ps 41 [40] ,10), nous pouvons comprendre la gravité de la trahison, et la rupture des liens de l’amitié. Quelque chose de semblable eut lieu au dernier repas de Jésus avec ses disciples, quand Jésus met la main dans le plat avec Judas qui est sur le point de le trahir (Me 14, 18 ; Jn13, 18), et souligne ainsi la gravité de la trahison que Jésus subit aux mains de l’un de ses disciples. Le repas d’adieu de Jésus devint le moment de la trahison. Grave ! Suis-je fidèle à la parole donnée ? Et mes engagements ?

Quand Jésus dit donc : « vous êtes le sel de la terre », il invite les chrétiens à donner un certain goût à la société dans laquelle ils vivent, et à aider à préserver ce qui est bon en elle. Comment ? En se comportant comme le sel, c’est-à-dire en étant présent réellement et activement dans les différents domaines de la vie. De même que l’effet du sel ne se fait seulement sentir que lorsqu’il est mélangé la nourriture, la présence du Christ dans le monde ne peut être ressentie que lorsque nous, ses disciples, nous sommes avec les autres. Le disciple n’existe pas pour lui-même ; le christianisme le peut pas exister pour lui-même comme religion ; notre baptême nous envoie pour être témoins de façon concrète, là où nous vivons et travaillons : au marché, à la banque, aux bureaux, aux champs, à l’école, à l’hôpital, l’autobus,… sont tous des endroits où nous devons répandre la saveur de notre foi. Notre   communauté   chrétienne est-elle vraiment en contact avec les personnes qui nous entourent ? Ou bien nous contentons-nous d’avoir du bon temps ensemble, en dehors du reste de la société ? Sommes-nous sociables ?

«Vous êtes la lumière»

La pensée sémitique s’exprime souvent par des phrases parallèles, complémentaires ou opposées. Les chrétiens sont d’abord appelés « le sel de la terre »
puis cette phrase est complétée par l’affirmation que les chrétiens sont « la lumière du monde » et que cette lumière est supposée briller pour tous (Mt 5, 14-16). La deuxième image complète la première, le sel est efficace quand il est mêlé à la nourriture, et cesse ainsi d’exister comme une entité séparée. Cependant ce n’est pas le cas de la Lumière. La lumière au contraire, pour être efficace, doit dominer son environnement. Elle y brille sans perdre son identité.

Dans la Bible, Dieu est la source de la lumière, et c’est en relation avec cette lumière que ses créatures peuvent vivre et rayonner (Ps 34, [33], 6). Grâce sa relation unique avec le Père (Co/1, 15-20 ; Hb 1,2-3), Jésus est la lumière de Dieu qui est venue dans le monde pour nous attirer à elle (Jn 1,9 ; 8,12 ; 9,5 ; 12,35-38). C’est la même idée que nous donne le psaume responsorial où celui qui craint le Seigneur ressemble à une lumière resplendissante au milieu des ténèbres. Notre relation avec Jésus en retour nous fait enfants de la lumière (Ep 5, 5-8 ; Ph 2, 15 1 Th 5, 5). La lumière que nous apercevons a sa source ailleurs et continue de briller quand elle reste en contact avec cette même source.

Si l’image du sel nous pousse à sortir de nous-mêmes et à être présents dans la société, dans tous ses aspects, l’image de la lumière nous rappelle que nous devons être entièrement   unis à Dieu, source de toute lumière et de toute vie pour que notre présence parmi les gens puisse avoir une qualité divine. Nous sommes présents, non pas simplement pour agir comme toute autre personne, mais pour apporter la lumière de Dieu aux autres. Nous ne pouvons apporter la lumière de Dieu aux autres que si elle brille dans nos cœurs Sommes- nous une communauté qui prie et qui médite sérieusement la Parole de Dieu pour qu’elle nous éclaire dans nos décisions et actions ? Qu’apportons-nous de valeur aux autres ? Ne sommes-nous pas de ceux qui, au contraire attendent tout des autres ?

Mission et responsabilités graves : être le sel et la terre ? Non ! Ce n’est pas un autre devoir que nous recevons ! C’est un don que nous avons reçu dans le baptême. Rappelons-le : ne nous invite pas à être le sel et la lumière, il dit que nous le sommes déjà si nous l’écoutons. C’est une grâce qui porte du fruit si nous décidons, chaque jour, d’écouter le Seigneur et de le suivre. De nos jours, tant d’hommes n’ont plus de goût à vivre, soit à cause de leur misère physique ou morale, soit à cause du non-sens apparent de leur vie et du monde. Notre communauté chrétienne est appelée à être le sel de la terre par sa joie de vivre, son attention à chacun, son espérance. Comment nous y prenons-nous pour que ce soit effectif, réel? Si nous y prêtons attention, nous pourrons donner du goût à ce monde qui est souvent sans saveur et sans joie, nous pourrons lui donner la joie de vivre comme des citoyens de la cité céleste, qui marchent et s’entraident ici-bas, pour rejoindre leur destination : le ciel.


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