
S.E. Mgr Joseph MARTIN
Selon Mgr Joseph MARTIN “ En juillet 1949, lors de la création du nouveau Vicariat, Apostolique de NGOZI, parlant de choses et autres, Mgr Grauls suggéra au nouveau Vicaire Apostolique (Mgr J.MARTIN) que peut-être il serait indiqué de fonder une nouvelle Congrégation de Religieuses dont la formation serait confiée aux Dames de Marie.. . Réaction nulle chez le nouveau Vicaire Apostolique qui n’y voyait pas clair!! … Au fait, à cette époque, les Dames de Marie ne possédait au Burundi que trois maisons : Kanyinya, Rugari et Gisanze. C’est de cette dernière maison, où Mère Godelieve était Supérieure, qu’allait partir le noyau du futur Institut…” (Mgr J.MARTIN, Rome le 17 novembre 1962).
Un certain nombre de jeunes filles demandaient à plusieurs reprises que l’on commence une Congrégation Religieuse. Entre temps, Mère Marie-Godelieve allait fonder la maison de Busiga. “C’est elle aussi qui avançant l’argument de garder les aspirantes, allait assumer le meilleur de leur esprit et de leur formation religieuse”. (Mgr J.MARTIN, 17 nov. 1962) Mais, avant de pouvoir ouvrir valablement un Noviciat, l’Evêque doit d’abord obtenir l’accord de Rome. Or, Mgr J.MARTIN hésitait … “Il fallait donc mettre l’Evêque en branle : Ce n’est pas toujours chose aisée”. Le R.P. PATTYN, Vicaire Général, à plusieurs reprises s’en est mêlé : “Après tout, ce n’est pas si compliqué que ça !” Peine perdue ! La Mère Marie-Godelieve aussi : “Il y a bien huit ou neuf qui pourrait commencer”. Nous étions en 1954. Peine perdue ! Puis un beau jour, les épaules de travers et s’étirant les mains, très embarrassées, ne sachant comment s’y prendre, deux aspirantes s’en vinrent chez le Vicaire Apostolique ; une des deux sera Mama Generosa : “Nous sommes venues demander si tu allais fonder une Congrégation pour nous !” Réponse : “C’est Mama Godeliva qui vous a dit de venir ?… Revenez demain, et priez”. Le lendemain, elles sont de nouveau là, à la fois un peu inquiètes mais confiantes. - Pourquoi n’allez-vous pas chez les Bene-Tereziya ? - Non, nous voulons entrer dans le Muryango que tu veux fonder? La réponse vint un peu sèche sous une forme de demande : “Etes-vous prêtes à vous oublier vous-mêmes ? Si vous n’êtes pas prêtes à vous oublier entièrement pour Notre- Seigneur et pour les autres, allez chercher ailleurs. Puis : Refléchissez et priez, et vous me répondrez plus tard ”. - Quand ? Demande d’une façon désarmante la future Mama Générosa. - Quand vous voudrez ! Je les vois s’éloigner, perplexes et se tenant gentiment par la main; c’était en contrebas de la cuisine de la Mission, sur le chemin conduisant aux dépendances de l’Ecole Normale que bâtissait alors Fr.Canut. Elles revinrent le lendemain, ne donnant pour toute réponse qu’elles ne comprenaient pas tout à fait en quoi consistait l’oubli de soi. - Mais c’est le renoncement à soi-même dont parle l’Evangile
… Mais tout de même, il y a la grâce de Dieu. C’était vers avril 1954, il fallait marcher, déterminer la fin propre de l’Institut, autre que celui des Bene-Tereziya. Puis, affaire des Dames de Marie, fixer l’habit. Enfin, le nom. Pour ce dernier, après qu’eut été expliqué aux huit postulantes la fin du nouvel Institut et déjà l’esprit, il leur fut demandé de prier, de bien réfléchir, puis fixer, chacune pour soi, leur idée sur ce sujet, de le faire par écrit. Les réponses doivent être conservées dans les archives. Chose curieuse tout de même, alors que la Sainte Famille eut dû paraître, à première vue, mieux répondre à la fin de l’Institut, elles choisirent “le Coeur Immaculé de Marie ” : Patronne du Diocèse auquel il fut consacré sans bruit, le 2 juillet 1956.
Un tout petit groupe d’aspirantes suivait ; mais il était à espérer que l’école de Busiga, d’autres écoles secondaires ensuite, fourniraient un recrutement justifiant cette nouvelle création. Suivant le schéma qui lui avait été remis par la Délégation Apostolique, le Vicaire Apostolique préparera donc la demande officielle à Rome, à faire passer par la Délégation Apostolique. Or, c’était l’année où, loin de créer de nouvelles Congrégations, on en venait à la fusion de Congrégations existantes. Ce que je ne cachai pas ni aux postulantes, ni à la Mère Godelieve…Il fallait que tous s’y mettent, par la prière, Ecole Normale comprise… Même que Mgr Grauls m’avait prévenu que “ça” ne passerait problablement pas.
En octobre, en novembre, au début de décembre … la Mère Godelieve demanda à l’Evêque s’il avait envoyé cette demande. – “ Bien sûr ” était la réponse invariable. Quand au début de décembre 1955, une longue documentation du R.P. NOS MANS, Pronvincial des Pères Blancs de Belgique, m’apprit que la refonte des Congrégations était en assez bonne voie et, en tout cas, qu’il ne pouvait être question de fonder de nouvelles Cpngrégations, là où en existait déjà une florissante ; or, c’était le cas des Bene-Tereziya, la chose fut communiquée à toutes les intéressées, en leur recommandant, non de prier (recommandation inutile), mais de garder leur joie, leur confiance, leur abandon à la Providence quoiqu’il arrive.
Ce fut le moment choisi – enfin – pour envoyer la demande à la Délégation Apostolique de Léopoldville qui ferait suivre à Rome. N’était-ce point tenter Dieu ? La demande doit être datée du 22 décembre.(Mgr J.MARTIN, 17 nov.1962) Dans la demande d’autorisation pour la fondation d’une nouvelle Congrégation, Mgr J.MARTIN répond au questionnaire proposé :
- BUT SPÉCIAL :

Soeurs Bene Mariya
Le but de la Congrégation sera de “faire fleurir l’esprit chrétien dans les Familles chrétiennes”, de telle manière que les habitudes familiales reflètent la vie chrétienne à l’exemple de la sainte Famille de Nazareth. Comme l’esprit de famille se cristallise autour de la mère de famille, qui est la gardienne et l’âme du foyer, les Bene-Mariya désirent être particulièrement attentives à la mère de famille.
Les Bene-Mariya devront, au préalable, construire leurs communautés en nouvelles familles de Nazareth, et feront par grâce “fleurir l’esprit chrétien dans les familles du monde en passant par la mère de famille”, et devenant elles-mêmes des mères des hommes, à la suite de la Vierge-Marie qui sous la croix est devenue Mère des hommes.
Cette mission, requiert une charité totale, joyeuse et accueillante, qui s’étend à tous les hommes, sans aucune distinction de pays et de race, de religion et de condition sociale. Elle suppose un oubli de soi toujours plus grande et une disponibilité toujours plus profonde à l’action de l’Esprit-Saint dans l’Eglise. Elle comprend la dimension missionnaire pour annoncer la Bonne Nouvelle là où l’Eglise le demande. Aussi, la Mwene-Mariya est-elle prête à quitter son pays comme envoyée du Seigneur, pour témoigner de la charité universelle de l’Eglise.
- Moyens : Instruction et éducation chrétiennes aux enfants, aux filles et aux femmes ; oeuvres médico-sociales ; oeuvres ménagères-sociales ; oeuvres d’Action Catholique…
- Raisons de fondation :
1° Le grand nombre de familles chrétiennes en URUNDI : 74 000 pour le seul Vicariat de Ngozi en 1955.
2° Empêcher nombre de vocations, qui ne trouverez point chez les Bene-Tereziya réponse à leurs aspirations, de se perdre. (Demande d’autorisation pour la fondation d’une nouvelle Congrégation, 22 déc.1955 pp.1-2). Un jour Mère Godelieve me demanda :“Et si Rome refuse ? Qu’est-ce qu’on fera ? ” - Mon Dieu, je ne sais rien du tout. Allez de l’avant sans vous inquiéter le moins du monde. Je ne veux surtout pas que les postulantes perdent un brin de leur joie, quoiqu’il arrive.
A celle-ci aussi du reste fut le même langage. En tout cas, pas question de commencer le Noviciat avant d’avoir la réponse de Rome. L’Evêque aurait-il à regretter d’avoir tant tardé et d’avoir perdu au moins trois mois pour l’envoi de la demande ? L’Evêque était d’avis que la réponse, quelle qu’elle fût, n’arriverait certainement pas avant la fin du mois d’août, et encore, pas avant octobre, disait Mgr Grauls.
Cadeau de Saint Joseph, elle arrive le 31 mars !
Je courus le soir même, un lundi à Busiga et … Mère Godelieve était absente ! Pourquoi raconter encore ces grandes gâteries du Bon Dieu ? - La nouvelle fut annoncée aux postulantes – à genoux – tout d’abord. Elles faisaient la lecture spirituelle dans cette petite dépendance de la maison des Dames de Marie qui fut le berceau de l’Institut. Elles en était tellement émues et bouleversées qu’elles souriaient dans leurs larmes, souriaient à la Vierge, se souriaient entre elles.
– L’une d’elles, beaucoup plus tard, me confia qu’elle n’avait jamais douté de la réponse de Rome, que d’ailleurs sa place était marquée chez les Bene-Mariya et nulle part ailleurs. Puis ce fut le tour des Normaliennes. Là, ce fut une véritable explosion de joie : elles étaient à l’étude du soir et livres et cahiers volèrent au plafond à la grande joie de leurs maîtresses présentes. Faut-il ajouter Gratitude et Joie aussitôt offertes au Divin Maître et à la Mère dans un Salut au Très Saint Sacrement suivi du Magnificat, à leur chapelle provisoire (actuelle salle de jeu, théâtre et cinéma de l’Ecole Normale).
– C’est dans cette même salle qu’eût lieu le 21 juillet 1956, la première prise d’habit des sept premières novices dont six émirent en 1958 leurs premiers vœux et persévèrent jusqu’à présent(fin 1962).
“Fasse la Sainte Vierge que ses filles n’oublient jamais que leur existence même reste conditionnée à la fin propre et à l’Esprit de leur Institut : la sanctification de la grande famille qu’est l’Eglise du Christ. Qu’elles gardent au coeur un amour ardent pour le Christ Jésus que leur Foi fera reconnaître dans la famille et dans son Eglise ” (Mgr J.MARTIN, les Origines des Bene-Mariya, Rome 17 novembre 1962)

Sr Gemma NDINZIMISI Secrétaire Générale de la Congrégation
ADRESSE
Congrégation des Sœurs du Cœur Immaculé de Marie (BENE – MARIYA)
BURUNDI – AFRIQUE CENTRALE
B.P. 12 NGOZI
E-mail : benemariya.maison.gen@gmail.com
Par le Secrétariat Général de la Congrégation