Jésus continue ici à nous parler du Royaume, de nouveau en utilisant des paraboles comme il a fait ces deux derniers dimanches. Dans le monde, chaque homme cherche la félicité. Depuis la nuit des temps, il y a eu et il y a des « vendeurs d’illusions ». De ne jours, ils utilisent même des moyens bien pensés pour créer en nous des désirs qu’ils urgent à satisfaire par la suite. Pensons seulement à la publicité ! Souvent, cette félicité illusoire nous est promise sans le moindre effort, pas comme celui d’un cultivateur assidu qui travaille chaque jour, et dont la constance est primée un jour puisqu’il découvre comme par hasard un trésor inattendu ; ni comme l’effort d’un marchand qui cherche et cherche. A titre d’exemples, pensons aux promesses de bonheur répandus par les réseaux sociaux : « envoie ce message à un tel nombre de personnes et tu verras… » comme par magie ! La loi du moindre effort : de nos divans, doigts rapides sur nos Smartphones, envoyant des messages aux numéros de nos carnets d’adresses ! Et la visite des prisonniers, des malades, les veilles de prières, du temps d’adoration,…?Non, cela est dur, cela nous prend du temps ! Parenthèse fermée! Passons !
La parole de Dieu de ce dimanche nous présente le chemin de la sagesse spirituelle (dans la première lecture), la nécessité le sérieux et l’urgence de choisir Dieu. Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor caché dans un champ. Un homme découvre ce trésor, le cache de nouveau, puis vend tout ce qu’il possède pour acheter ce champ. Il n’est pas question de mettre en question la moralité de cette personne qui trouve, puis cache le trésor, mais la reconnaissance de la gratuité de ce don et son engagement joyeux à tout vendre pour un bien supérieur. Le Royaume des Cieux est aussi semblable à une perle de grande valeur. Le négociant vend tout ce qu’il possède afin de pouvoir l’acquérir. Enfin le Royaume des Cieux est semblable à un filet qui ramène toutes sortes de poissons. Vient alors le tri entre ce qui est bon et ce qui ne vaut rien. Ces comparaisons dévoilent trois dimensions importantes du Royaume des Cieux.
- Le Royaume des Cieux se cherche et se reçoit.
Le trésor est caché dans un champ et le cultivateur vaque normalement à ses activités. Tout à coup, un trésor. Parfois, le Royaume de Dieu est reçu comme une grâce. Il existe avant nous, il nous est proche maintenant (Mt 4,17 ; 10,7), il se trouve au milieu de nous (Lc 17,21), mais nous ne sommes pas toujours conscients de cette présence jusqu’au jour où un incident, une rencontre, une expérience,… nous y plonge. Oui, le Seigneur se laisse trouver, mais encore faut-il le désirer, ou tout au moins, lui ouvrir notre cœur ! La prière des psaumes est d’une grande aide pour nous soutenir dans cette recherche. Le psalmiste prie ainsi : « Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme à soif de toi… » (Ps 63,2). Nos préoccupations quotidiennes peuvent submerger cette conscience de la présence de Dieu et notre soif d’absolu peut s’orienter vers des biens créés qui sont incapables de nous satisfaire. Voir les grains suffoqués par les épines. Pour trouver le Royaume, il est donc nécessaire d’avoir une démarche humble qui nous fait reconnaître en Dieu, et non pas en nous-mêmes, la source de notre bonheur.
- Le Royaume des Cieux est un don à saisir.
Celui qui achète le champ et celui qui acquiert la perle de grande valeur vendent tout ce qu’ils ont afin d’acquérir le trésor qu’ils ont trouvé. De la même de Zachée qui monte sur un sycomore car il a un grand désir de voir Jésus (Lc 19,4), notre marchand est à la recherche de la perle précieuse. Comme Zachée, ce commerçant est l’image de tous ceux qui désirent donner un sens à leur existence. Lorsqu’ils le découvrent en la personne de Jésus, ils débordent de joie et sont prêts à le suivre, quel qu’en soit le prix. Nous sommes donc appelés à être prêts à tout sacrifier pour vivre dans ce Royaume, dans l’intimité avec Jésus. Comment savoir que ce pour quoi nous sacrifions tout est vraiment le vrai trésor, le vrai bonheur ? Il nous faut noter une chose importante: l’homme du champ et le commerçant s’en vont, DANS LA JOIE, vendre tout ce qu’ils possèdent. Ceux qui les voient les croient insensés.
La joie resplendit sur le visage et dans la vie de celui qui a trouvé le Royaume de Dieu. Cela peut être un critère d’évaluation de notre appartenance au Christ et à son Eglise. Comment participons-nous aux célébrations de notre foi ? Le Pape François nous exhorte toujours à ne pas nous laisser dérober notre joie. Il ne nous illusionne pas en disant qu’il n’y a pas de problèmes dans le vie : les racines de l’ivraie s’entrecroisent avec les racines du bien qui est en nous, la présence de mauvais poissons dans nos filets, et beaucoup d’autres difficultés encore.
Pour Jésus, le sacrifice n’est pas une chose triste, puisque tout ce qu’on s’impose se subordonne à l’objectif. Combien de personnes, aujourd’hui, pensent à la messe comme un moment d’ennuis? Peut-être parce qu’ils ne savent plus pourquoi et pour quoi on y va! Combien pensent-ils que le jeûne, la mortification,…sont des pratiquent inhumaines, archaïques, qui proviennent d’un Dieu jaloux de notre bonheur? Peut-être que les mêmes personnes font diète pour maigrir, préserver « la ligne », vaincre une compétition et battre le record, … peut-être que ce sont des hommes politiques ou des syndicalistes qui sacrifient même leur repos et leurs vacances pour bien étudier des stratégies,… En effet, pour celui qui a trouvé le Royaume, tout devient relatif et subordonné à ce grand bien. Il est alors capable de grandes décisions, même si cela lui devrait coûter moqueries. Il sera capable d’aller à contre-courant: s’engager en un mariage pour toute une vie, s’engager pour toute une vie dans la vie sacerdotale et religieuse,…
- Le jugement : le bien et le mal ne peuvent pas cohabiter indéfiniment.
Nous sommes appelés à opérer des choix radicaux. Voici un mot auquel on est souvent allergique. « Changement radical,… ». Le terme « radical » suscite l’intolérance pour notre temps pour lequel est cher le compromis, et cela, à tout prix. Tout semble relatif, tous les comportements sont acceptables,… On oublie qu’on ne peut pas cohabiter indéfiniment et impunément avec le mal. C’est le sens de la dernière parabole qui appelle celle du bon grain et l’ivraie que nous méditions dimanche passé. Bien que Jésus parle d’abord de joie, il ne nous cache pas qu’il y aura aussi « pleurs et grincements de dents » pour celui qui n’aura pas été conséquent dans ses choix. Nos comportements ne sont pas donc neutres : ils préparent à notre avenir, à l’éternité. « On jette ce qui ne vaut rien »: il est urgent donc de nous convertir. Par cet avertissement ainsi rigoureux, le Seigneur veut nous réveiller de nos lâchetés, de nos paresses et indifférences, de nos tiédeurs. Il nous faut commencer une vie nouvelle, il ne peut pas y avoir de demi-mesure : on ne peut être comme la grenouille qui pose une patte sur le sol sec, et une autre dans l’eau. Pour cela, il nous demande: avez-vous compris tout cela? Que pouvons (devons)-nous répondre? Peut-être… »NON » puisqu’il pourrait y avoir des zones de ma vie que je n’aimerais pas confronter avec l’Evangile, qui sait! Et à la fin?
Ces paraboles sur le Royaume doivent donc nous faire réfléchir sur la place que nous donnons dans notre vie à la recherche du Royaume de Dieu, à la recherche de l’amitié avec Jésus. Comme dans la 3ème parabole, chacun de nous a la possibilité d’être recueilli par le filet du Royaume. Beaucoup ont été baptisés enfants, mais les décisions ultérieures déterminent notre présent et notre futur. Personne n’est exclu automatiquement. Alors, « le vin est tiré, il faut le boire », « Uwútamíye ntàátamure aba yáratámitswe », disent les Barundi. Quel est le degré de la conscience de mon engagement?