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Une Eglise sentinelle qui avertit, dénonce le mal et annonce le salut pour gagner nos frères au Christ.

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


IMG_8098La communauté chrétienne est faite d’hommes et de femmes baptisés, mais toujours faibles et fragiles. Le Seigneur ne l’ignore pas et nous le savons nous aussi, qui devons l’expérimenter dans notre chair, quand nous trébuchons et tombons, quand nous devons affronter des offenses et des séparations.

« S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère ».

Dans les communautés auxquelles s’adressait l’évangile de Matthieu, il a dû exister des tensions pouvant conduire à envisager l’exclusion de tel ou tel autre membre. Chaque croyant était comme la sentinelle à laquelle, dans la première lecture, le livre d’Ézéchiel compare le prophète. La mission de celui-ci est d’exhorter le coupable à abandonner sa conduite mauvaise. Chacun se doit d’être le gardien (vigilant, mais discret) du frère ou de la sœur qui s’égare. Ne pas essayer d’empêcher le mal revient à s’en rendre complice. Faut-il donc épier et dénoncer ? Loin de nous donc l’idée moderne et absolue de vie privée selon laquelle j’ai le droit de faire tout ce que je veux pendant que personne n’a le droit d’en dire quelque chose. Combien de fois nous irritons-nous, nous fâchant contre celui qui me fait une remarque au lieu de voir l’objet de la remarque ?

Le rôle du prophète est d’être continuellement en éveil, prêt à dénoncer le mal, non pas d’abord pour confondre et humilier celui qui est faible, mais pour le provoquer à se convertir en préservant sa réputation et son honneur. Sommes-nous délicats comme Jésus… ou bien nous empressons-nous de publier les défauts des autres ? Avons-nous le sens des « contacts personnels »… ou bien nous contentons-nous d’être des redresseurs publics de torts ? Nos interventions visent-elles à « sauver », à «gagner» nos frères…ou contribuent-elles à les enfoncer davantage ?

« Je fais de toi un guetteur», me dit aussi Jésus, pour guetter les moindres gestes de dévouement et de solidarité de ceux qui t’entourent, les avancées vers la justice et la paix dont tu seras témoin, les pas dans la foi et l’espérance de ceux que tu rencontres. Et, comme un bon guetteur, tu les feras connaître. Si par lassitude ou découragement tu te tais, tu auras pactisé avec le mal et en porteras la responsabilité avec son auteur. Rude tâche qui ne laisse jamais en repos et promet bien des affrontements avec les fauteurs de mal ! Ézéchiel en sut quelque chose. Nous mêmes, en savons quelques chose !

« L’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour ».

Se préoccuper de la vie de l’autre, c’est l’aimer. Vouloir qu’il ne reste pas enchainé dans les liens du mal, c’est l’aimer. On ne peut pas se contenter du minimum possible en disant qu’il est juste et bon qu’il/elle paye ce qu’il/elle a fait. On a souvent opposé la justice à la charité. Paul, à la suite du Christ, montre que la charité ne supprime pas le devoir de justice, mais le suppose accompli. Respecter son frère : « tu ne tueras pas », respecter sa réputation : « tu ie feras pas de faux témoignage », respecter son foyer : « tu ne seras pas adultère », respecter ses biens : « tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas (ce qui lui appartient) », tout cela se résume à l’aimer. Mais si nous pouvons assez facilement nous dire quittes de nos devoirs de justice, selon la formule connue : « je n’ai pas tué, ni volé,… », nous savons bien que nous restons toujours en dette en ce qui concerne l’amour fraternel. On n’a jamais vraiment aimé les autre comme soi-même. Alors, c’est qu’on n’a jamais pleinement accompli la Loi.

Plus de délicatesse et de persévérance pour croire que personne n’est irrécupérable.

L’évangile de Matthieu préconise une procédure en trois étapes, puis cite une parole de Jésus sur le devoir de pardonner « jusqu’à soixante-dix fois sept fois ». N’est-ce pas suggérer que la solution des problèmes communautaires doit réserver une place de choix au pardon fraternel ? En effet, c’est toujours juste et bon pour les membres de la communauté qui se réconcilient et c’est aussi pour le bien de la communauté même.

L’Église s’est posé très tôt la question du baptisé qui pécherait gravement et publiquement. Pouvait-il demeurer dans la communauté sans causer de scandale ? Matthieu nous donne dans l’Evangile de ce dimanche une première solution de ce cas, en rassemblant diverses paroles du Christ. On notera toutes les précautions prises pour respecter le pécheur : un seul frère cherchera d’abord à l’éclairer discrètement. Il faut bien lire ici : il s’agit d’une offense que tu encaisses de ton frère, une question entre vous deux qui peut se compliquer jusqu’à intéresser la communauté. Mais le premier pas est celui de ne pas en parler aux autre, ce qui serait un raccourci et une fuite de responsabilité. Les pénitents et les confesseurs savent combien cela est un des péchés les plus fréquents, mais aussi (malheureusement !!) les plus banalisés puisqu’on risque de se calmer en se disant que c’est inévitable : on sait que ce n’est pas bon, mais on continue à le faire ! Grave, puisqu’on propage le mal sans l’affronter et le vaincre, puisqu’il est vraiment difficile d’affronter celui qui t’a personnellement offensé. Seigneur, rends-nous forts contre la tentation de céder à combat, un combat tellement important puisqu’il donne au frère/à la sœur la possibilité d’expliquer ses motivations ou de demander pardon. Ensuite, il s’adjoindra un ou deux autres chrétiens, des amis que vous avez en commun, dans sa démarche avant de porter l’affaire devant toute la communauté. Celui qui s’est trompé pourrait bien écouter des amis qui ne sont pas directement impliqués dans l’affaire. Cela pourrait endiguer le problème et le résoudre entre amis. Mais il y en a qui ont refusé aussi la médiation des amis. Ce n’est que si le pécheur persiste dans sa faute que l’Église prendra acte de sa séparation d’avec elle.

Une Eglise sentinelle qui dénonce le mal et annonce le salut.

Comme une sentinelle dans une tour de garde, l’Eglise ne peut rester muette quand elle voit le danger. Dénoncer le désordre, les péchés, dans la vie privée comme dans celle publique, telle est sa mission. Le problème reste celui de savoir si vraiment l’Eglise est sentinelle de Dieu, c’est-à-dire, comment savoir si l’Eglise est interprète de la volonté de Dieu et de son jugement sur le monde. Mission difficile ! Combien de fois je prie pour cette mission?

« Tout ce que vous aurez délié sur la terre, sera délié dans le ciel. Tout ce que vous aurez lié sur la terre, sera lié dans le ciel. » Étonnant ! Jésus confirme que la décision prise par l’Église d’écarter ou de réconcilier un pécheur sera ratifiée par Dieu lui-même. Il dit maintenant à toute la communauté ce qu’il avait dit personnellement à Pierre (Matthieu 16,19). Tous les membres de la communauté sont chargés, divinement, du pardon à leurs frères. Beaucoup d’hommes ne découvriront le « pardon de Dieu (don du ciel), que s’ils découvrent, près d’eux, des frères (sur la terre), qui mettent en œuvre dans leur comportement humain une attitude concrète de miséricorde et de pardon. L’Église est le lieu merveilleux de la miséricorde. Les chrétiens engagent Dieu. Entre « ciel » et « terre », il y a ressemblance : quelle responsabilité ! Cette Église garde un pouvoir d’intercession pour le pécheur par sa prière qui sera exaucée puisque Jésus, le Sauveur des pécheurs que nous sommes, est là au milieu des siens réunis en son Nom.

Seigneur, chaque fois que mon prochain risque de faire fausse route, je me dois, tel un guetteur, de l’avertir. Car tu aimes tous les hommes, tu n’as jamais caché ta sollicitude pour les pécheurs engagés dans la voie du repentir. Apprends-moi aussi à écouter le frère ou la sœur qui cherche à me détourner de ma conduite mauvaise. Que ton Esprit réalise la présence parmi nous de Jésus, notre Sauveur, qui a promis d’être là où deux ou trois se réuniraient en son nom. Amen.


Un commentaire

  1. […] avons lu, dimanche dernier, que Jésus confiait à la communauté tâche de réconcilier les chrétiens pécheurs. Combien de […]

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