Il est facile que nous nous faisions une image de Dieu selon nos schèmes mentaux et moraux. Dieu est heureusement plus grand et plus bon plus que nous ne pouvons penser et imaginer. Ou bien, notre relation avec lui est fondée sur l’amour filial, ou il est faux ! La parole de Dieu nous met en crise par rapport à notre mode de penser et nous demande de nous réjouir puisque Dieu veut donner et donne la vie à tout le monde, gratuitement. C’est ce que chante le psalmiste qui invite à la joie devant l’amour et la tendresse de Dieu pour toutes ses créatures. Sans cette conversion (qui est une urgence), nous ne saurons pas accueillir cette vie qu’il nous donne en abondance, malgré nos infidélités et inconstances.
La prophétie de la première lecture oppose les pensées et les chemins des hommes, marqués par le péché, aux pensées et aux chemins de Dieu, qui ont pour noms tendresse et pardon. L’antinomie serait insurmontable si l’homme n’était appelé à la conversion. Changer de mentalité, tel est aussi l’enjeu de la parabole des ouvriers de la onzième heure. Parce Dieu est Père, sa qualité essentielle n’est pas l’exactitude comptable mais la bonté. Celle-ci n’offense pas la justice, puisque le maître respecte le contrat d’embauche. Mais la «justice» de Dieu n’est pas la simple réplique de ce que les hommes mettent sous ce mot. De la première à la onzième heure, Dieu envoie dans sa vigne tous ceux qui se présentent tout simplement parce qu’il les aime comme ses enfants.
Le projet de Dieu et les chemins par lesquels il y aboutit sont bien déconcertants. Ainsi a-t-il laissé son peuple partir en exil et voilà que maintenant par la bouche du prophète il annonce sa prochaine libération. Pourquoi donc alors l’exil ? Temps de purification, temps d’épreuve pour le peuple, loin de la terre promise. Car Dieu n’a pas abandonné son peuple, il n’a pas laissé le pervers et le méchant à leurs péchés, mais il leur offre maintenant de revenir vers lui pour trouver son pardon et son amour de toujours. Et le signe de cette réconciliation, c’est le retour d’exil. Alors, que chacun s’empresse de chercher le Seigneur aujourd’hui qu’il se fait proche. Oui, Seigneur, mon Dieu, pour celui qui te cherche, Tu te laisses trouver, mais jamais saisir ; Tu veux être nommé par nos mots, mais aucun ne dit tout de Toi ; Tu habites nos pensées, mais ton projet déborde infiniment les nôtres ; et nos chemins ne nous conduiraient pas loin si, nous prenant la main, tu ne nous conduisais pas sur le tien.
La parabole que nous méditons en ce 25ème dimanche et celle du Père miséricordieux s’illuminent réciproquement : d’une part, l’amour miséricordieux de Dieu qui se donne gratuitement à tous, en privilégiant les derniers et les oubliés, les marginalisés et les laissés-pour-compte, et d’autre part, la colère et la jalousie de ceux qui se considèrent les meilleurs et donc plus méritants. Cette parabole n’a pas pour but de nous enseigner quelle méthode un patron doit employer pour payer le juste salaire de ses ouvriers. Il est question du royaume de Dieu où le Christ accueille avec bonté es premiers comme les derniers venus. Qui sont ces premiers ?
Matthieu, pense certainement aux juifs qui ont répondu à l’appel du Christ. Ils ont ainsi reçu leur salaire : la grâce de voir le Messie promis à leurs ancêtres. Les derniers à qui personne ne prend garde et n’espèrent même plus être embauchés, partent travailler sans promesse d’un salaire. Matthieu pense aux pécheurs et aux païens qui entrent en masse dans l’Église du 1er siècle pour y recevoir le même don de Dieu, la connaissance du Sauveur. La jalousie et la colère des premiers rappellent les attaques des pharisiens contre Jésus à cause de sa bonté pour les pécheurs. Mais la réponse de toutes les questions que nous pouvons nous poser est donnée à la fin : « parce que je suis bon ! ». En effet, la justice mesure les mérites alors que la bonté s’intéresse aux besoins concrets de quelqu’un. Tous (ces chômeurs) ont besoin de la vie, comme tout le monde. De quel côté est-ce je me place dans mes rapports avec les autres ? Du côté des mérites ou celui des besoins de mon prochain ? Il n’est pas dit que nous devons par force comprendre les voies de Dieu, mais juste les adorer et en être d’accord qu’elles soient ainsi, différentes des nôtres : « O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles! Car, qui a connu la pensée du Seigneur, Ou qui a été son conseiller?… » (Rm11,33-34). Nous devons comprendre que l’amour et la bonté de Dieu débordent toute logique de calculs humains puisque qui aime vraiment ne calcule pas.
Dieu de justice et d’amour, prends pitié de nous, qui avons le regard mauvais parce que tu es bon et qu’il te plaît de donner aux derniers autant qu’aux premiers. Apprends-nous à changer de mentalité, car tu n’es pas injuste, tu es généreux, et tu réserves à chacun une place dans ton Royaume. Élève nos pensées à la hauteur des tiennes, ouvre nos esprits à la lumière de ton Esprit et façonne notre cœur à l’image de ton Fils !
[…] or qui valait 6.000 deniers, c.à.d. l’équivalent de 6.000 journées de travail (Voir Mt 20,2 : les ouvriers de la dernière heure= 25ème dimanche du T.O). Il faut toutefois comprendre que la pointe de la parabole est dirigée contre la conduite […]
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