Dieu vient habiter dans une famille de pauvres.
Contestée, vilipendée, souvent déchirée, la famille n’en demeure pas contre vents et marées, l’ancrage irremplaçable des personnes et le ciment de la société. Il est vrai aussi que la famille doit évoluer pour remplir sa fonction essentielle dans des contextes sans cesse nouveaux. Quant au message biblique, tel par exemple que nous le propose la fête d’aujourd’hui, il ouvre nos familles sur l’ensemble du genre humain, sur les vicissitudes de l’histoire ainsi que sur l’aventure de la foi d’Abraham à Siméon et à Anne, l’Alliance voulue par Dieu s’accomplit moyennant un dialogue jamais achevé avec les hommes. Qui dit dialogue dit confiance, ce qui est le sens premier du mot « foi ». Telle est l’âme de tout foyer rayonnant comme toute relation constructive à l’autre, homme ou Dieu.
Dieu comble Abraham au-delà de toute espérance
A l’appel de Dieu, Abraham est parti pour un pays qu’il ne connaissait pas, parce qu’il a cru en la promesse du Seigneur de faire de lui une grande nation. Mais il n’a pas de fils. Est-il raisonnable alors de croire que sa descendance égalera le nombre des étoiles du ciel ? Pourtant, Abraham croit contre toute vraisemblance. C’est là sa grandeur aux yeux de Dieu, ce qui lui vaut le titre de juste. Dès lors, le merveilleux salaire que reçoit Abraham n’est plus seulement Isaac, le fils qui lui naît de Sara, mais l’immense foule des croyant : dont il devient le père dans la foi.
Aux heures de crise, lorsque nos enfants devenus grands s’éloignent peut-être de ce que nous voulions leur transmettre de notre sens de la vie, de nos valeurs morales, de notre foi, n’est-ce pas la même confiance que celle d’Abraham qui nous est demandée ?
Cheminer dans l’espoir.
Abraham a marché avec foi, confiant en la réalisation des promesses de Dieu. Notre foi est-elle une marche confiante, comme la sienne ?
L’auteur de la lettre aux Hébreux s’adresse à des chrétiens découragés : ils ont rencontré l’opposition et la persécution, ils ont vu leurs biens confisqués ; leur foi a perdu son dynamisme, ils sont tentés de ne plus fréquenter les assemblées communautaires. Dans le sermon qu’il leur adresse, l’auteur s’efforce de montrer que la foi n’est pas un don de soi fait une fois pour toutes : elle est une marche, une aventure avec le Seigneur, portée par l’espérance. Sur cette route, les échecs et les retards dans la réalisation de la promesse peuvent devenir des moyens d’approfondir sa foi, à l’image d’Abraham qui a cru contre toute espérance.
Notre vie est parsemée des oui que nous avons dits : mariage, naissance des enfants, prises de responsabilité dans le monde ou dans l’Eglise… Prenons le temps de remercier le Seigneur de ces oui auxquels il nous a appelés, et lesquels il nous a aidés à dire.
Dieu accomplit ses promesses
Joseph et Marie, observant la loi, obéissent à Dieu et présentent et offrent l’Enfant Jésus (premier-né) à Dieu. L’épisode que nous lisons est un ramassis des références vétéro-testamentaires qui s’amplifient ou se complètent avec la figure des vieillards : Siméon et Anne. La joie de ces deux vieux résulte de l’accomplissement de l’attente du Messie tant attendu. Et Dieu ne déçoit jamais, tout ce qu’il a promis, il le réalise en son temps.
Nous sommes alors en présence d’une famille de pauvres qui entre dans le Temple obéir à la loi juive en faisant l’offrande prévue pour les pauvres gens. Elle n’a pas frappé le regard des prêtres de service, seuls deux pauvres, Siméon et Anne, l’ont remarquée car il y a une connivence profonde entre les pauvres. Sous l’impulsion de l’Esprit, Siméon pressent le destin étrange de ce Messie des pauvres. Et les hommes, qu’ils soient juifs ou païens, ou bien fermeront leur cœur et buteront sur le Christ, sur sa pauvreté, sur son message, sa croix et sa résurrection, ou bien se feront un cœur de pauvre et se verront relevés dans leur dignité par le Christ, par son pardon, sa Parole, ses souffrances et la vie nouvelle de sa résurrection.
Né sous la loi juive (le mot est répété cinq fois dans ce récit), et par là même enraciné dans une culture et un peuple particuliers, Jésus est la gloire d’Israël. Il est en même temps Sauveur universel, Lumière pour éclairer les nations. L’enracinement dans un peuple particulier réclame aussi de nous et de notre famille une ouverture universelle.
Dieu notre Père, ton Fils est entré dans une famille humaine pour nous faire entrer dans ta communauté d’amour. En te consacrant l’enfant né de Marie, ses parents le confiaient à ta sollicitude. Avec Siméon et Anne, laisse-nous te bénir, car nous avons vu notre Sauveur, lumière pour éclairer les nations. Que l’Esprit Saint fasse de nous une vivante offrande à ta gloire.