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Seigneur, c’est certain que « Tu es là au cœur de nos vies, dans nos tourments, dans nos joies… ». Fais de moi ton témoin.

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


IMG_20170415_232932La liturgie de la Parole de ce jour remet en ordre nos pensées, en faisant des comptes avec une série de conséquences erronées qui découlent de la résurrection du Christ. A ceux qui penseraient que Jésus est ressuscité et que donc, tout leur est permis, l’apôtre Jean, dans la deuxième lecture, nous avertit que connaître Jésus ressuscité va de pair avec l’accomplissement de ses commandements. A celui qui tenterait d’oublier que la résurrection advient par et après la croix, ce qui signifie une série d’événements dont nous sommes responsables en tant que pécheurs, Pierre nous rappelle l’importance de reconnaître nos péchés et, en même temps, la bonne nouvelle que Dieu est toujours prêt à nous pardonner si nous nous tournons vers lui. Et enfin, à celui qui croirait que Jésus est seulement un fantasme, Luc nous propose l’image d’un Maitre dont l’œuvre a des effets bien visibles devant ses disciples. Pourtant, ceux-ci, « dans leur joie, ils n’osaient pas y croire et restaient saisis d’étonnement ». Ils n’ont pas cette paix intérieure parce qu’ils restent paralysés par leur histoire récente, qu’ils ne parviennent plus à s’orienter. La paix du Christ les appelle à franchir un autre pas et dépasser ces tragiques événements. Oui Seigneur, « tu es là, au cœur de nos vies,… dans nos tourments, …dans nos cœurs tout remplis d’orages suite à nos chutes et échecs répetitifs, remplis de joie d’avoir fait nos petits progrès,… ».

Jesus_Emmaus-04Mais que d’événements dramatiques se sont passés, pour ces pauvres hommes, depuis trois jours ! On peut/doit les comprendre, les pauvres disciples de Jésus, pauvres comme nous autres… Le dernier repas de Jésus, jeudi dernier… l’arrestation au Jardin de Gethsémani… leur fuite à tous… le reniement de Pierre… le jugement infamant comme hérétique et blasphémateur… la mort sur la croix aux portes de la ville… la pendaison suicidaire de l’un de leurs amis, Judas. Le groupe de douze est devenu onze, par l’abandon et la mort de l’un d’eux ! C’est dans ce contexte qu’arrive, déconcertante, inattendue, la «résurrection.»

Il leur dit : «La paix soit avec vous.» C’est le «bonjour» habituel des juifs : «Shalom !»… «La paix ! Cette fois on ne peut pas s’empêcher de penser que, ce soir-là, le souhait traditionnel a dû prendre une signification toute particulière : c’est au creux de leur désespoir que Tu viens leur dire : «Ne craignez pas»… «Soyez en paix»… Avant sa mort, jeudi dernier, selon saint Jean, Jésus avait promis qu’ils retrouveraient leur paix après un temps de douloureuse perturbation : «Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix…» (Jean 14, 27). «Vous allez être dispersés, chacun allant de son côté, et vous me laisserez seul… Je vous ai dit cela pour qu’en moi vous ayez la paix… Soyez pleins d’assurance, j’ai vaincu le monde… » (Jean 16, 32-33). Aujourd’hui, au soir de Pâques, la promesse s’accomplit.

Ce qui établit le témoignage pascal des disciples sur des bases solides, c’est une double expérience : celle de la parole et celle du repas. En s’ajoutant à sa manifestation visible, la parole du Ressuscité ouvre aux disciples le sens les Écritures. Ce n’est pas l’œil qui est décisif, c’est l’oreille, autrement dit l’écho que la parole de Dieu éveille en l’homme. Dans l’évangile d’aujourd’hui, l’argument scripturaire se conjugue avec repas au poisson, qui évoque sans doute le rite eucharistique. Un va-et-vient s’instaure ainsi entre l’écoute de la parole et l’action des croyants, à la fois célébration et pratique quotidienne. Dans l’épître, saint Jean formule ainsi cette polarité : «En celui qui garde fidèlement sa parole, « amour de Dieu atteint la perfection. »

L’obstacle à notre pleine participation à la résurrection, l’empêchement qui nous vaut un long d’éducation, est en effet notre péché. Saint Pierre le dit clairement à ses auditeurs : « Lui, le Saint, le Juste, vous l’aviez rejeté » ; « Lui, le chef des vivants, vous l’avez tué ». Ce n’est pas un réquisitoire, mais un appel à la conversion. Cet appel, lancé devant tout le peuple, n’est pas à destination seule des notables juifs qui questionnent Pierre. Saint Jean nous interpelle d’ailleurs lui aussi : « Mes petits enfants, je vous écris pour que vous évitiez le péché ».

Cet appel est vif, mais il est plein d’espérance, car, explique saint Jean, « nous avons un défenseur devant le Père : Jésus-Christ, le Juste ». Il est en effet « la victime offerte pour nos péchés, et non seulement les nôtres, mais ceux du monde entier ». Le choix de se convertir, de s’engager librement et résolument pour le Christ est donc rendu possible par la victoire de Jésus sur le mal et la mort. En cela son humanité est importante. L’homme, débiteur de Dieu a maintes fois tenté de s’affranchir de sa dette et de se rapprocher de Dieu par des sacrifices multiples et toutes ces tentatives se trouvent désormais leur accomplissement en Jésus-Christ. Il est, lui, l’agneau de Dieu. Or, parce que nous avons péché contre Dieu et parce que Jésus est vraiment homme, l’agneau pascal, au fond, c’est nous-mêmes. Jésus s’est fait solidaire de chacun(e) de nous de par son incarnation. Par son sacrifice Jésus-Christ nous rend capables de plaire à Dieu, de revenir à lui. Voilà pourquoi il est important pour Jésus ressuscité de faire reconnaître ses mains et ses pieds et de manger avec ses disciples.

Voilà aussi la démarche dans laquelle saint Pierre est entrée en prenant la parole devant tout le peuple. Lui aussi a eu sa conversion, et Jésus lui a redonné la paix intérieure, bien qu’il soit pécheur, lui aussi. A présent, il enseigne avec assurance. Pierre les instruit donc du sens de l’histoire. Pas seulement de son contenu, mais aussi de sa direction. Car dans ces événements sombres, « Dieu accomplissait sa Parole ». Personne n’avait imaginé ce qui se produirait, mais à la lumière de la résurrection, il est possible de relire tout cela et de comprendre.

La résurrection met donc en lumière cet itinéraire et change notre idée de la conversion. Se convertir n’est pas seulement changer de vie pour la rendre conforme aux préceptes divins, c’est d’abord un acte volontaire d’adhésion au Christ, un choix délibéré de ne regarder que lui, le modèle de notre humanité. Nous avons à le faire aujourd’hui encore, pour que la grâce de la résurrection prenne son ampleur en nous. Oui le Seigneur est « là, au cœur de nos vies,… dans nos tourments, …dans nos cœurs tout remplis d’orages, remplis de joie,… », c’est lui qui nous redonne sa paix et son assurance pour que nous puissions témoigner de lui.

Que devons-nous faire ? Devenir témoins de tout cela, auprès de tous.

L’évangile de Luc commence et se termine à Jérusalem, « cité de Dieu », par un récit décrivant comment Dieu entre dans la vie d’un couple âgé, celui de Zacharie et Elisabeth et change leur vie en leur donnant un fils, Jean qui sera le précurseur de Jésus. (Lc 1,5-25). Puis il se termine également à Jérusalem après l’Ascension du Seigneur alors que les apôtres retournent au temple pour louer Dieu (Lc 24,53). La mission que leur donne Jésus est d’être ses témoins en commençant par Jérusalem (Lc24,47) et de là, à toutes les nations.

Le 2ème livre de Luc, c’est-à-dire les Actes des Apôtres, commence par la même mission (Ac 1,8) et le reste explique comment la Bonne Nouvelle est propagée depuis Jérusalem. Les chapitres 1-7 se concentrent sur Jérusalem, puis 8 à 12 sur la Judée et la Samarie tandis que 13-28 décrivent comment la Parole est apportée aux païens (= nous qui ne sommes pas du peuple d’Israël. Les premiers chrétiens savent que Jésus a été crucifié à Jérusalem. Mais ils considèrent que là se trouve le centre de tout puisque c’est là que Dieu a manifesté le désir de sauver le monde. Mais ce désir de Dieu n’est pas réservé à une race. Ils doivent comprendre, ou mieux, nous devons comprendre que le salut est destiné à TOUS, et non seulement à moi et aux miens (famille, régions, clans, ethnies, …). Nous ne sommes plus aux temps de David et postérité ou toutes les nations doivent se rendre à Jérusalem (Isaïe 60,1-3). Au lieu de se réjouir de la résurrection, chez eux/elles et attendent qu’on vienne les trouver, ceux/celles qui acceptent le message de Jésus doivent se lever, quitter leur sécurité, risquer comme le dit le Pape François qui préfère une Eglise qui fait des accidents parce qu’elle est sortie évangéliser plutôt que celle en sécurité puisqu’elle est restée chez elle. Oui, le temps de Pâques est pour nous le moment idéal pour réaliser que nous sommes tous missionnaires, depuis où nous sommes jusqu’aux confins de le terre. Les disciples de Jésus ont fait Jérusalem, Judée, Samarie, et puis…jusque chez nous. Faisons le premier pas, risquons un peu (et c’est pas difficile de risquer : imagine la peur que tu ressens avant de donner conseils à ton prochain : qu’en dira-t-il/elle ? etc). N’y a-t-il pas auprès de moi des gens qui ont besoin de ma présence, de mon sourire, de ma joie d’avoir connue Jésus ressuscité, de ma conviction que TOUS sont dignes du salut ? Mais faut-il que j’en sois moi-même convaincu !

Combien de fois dans ma vie, Seigneur, suis-je scandalisé par les souffrances, par les difficultés, par les échecs et les chutes de ma vie. Combien de fois ai-je eu du mal à comprendre et à accepter ce qui m’arrive. Parfois je deviens tellement obnubilé par la croix dans ma vie, que je perds la joie, la confiance et deviens paralysé. Je suis tenté de perdre la foi. Seigneur, viens me visiter dans ce temps de prière pour me faire comprendre le sens de mes épreuves, à la lumière de ta Croix et de ta Résurrection. Tu es là. Tu es bien vivant. Bien qu’étant ressuscité, tu n’as pas perdu ton humanité. Tu es vrai Dieu et vrai homme et tu comprends ma peine et ma faiblesse. Viens me redonner la joie de ta présence et l’intelligence de la foi, pour voir que si tu me donnes une part à ta Passion, c’est bien pour, un jour, ressusciter avec toi, et revivre en toi. Renouvelle ma joie et ma foi, pour que je puisse, comme les disciples, reprendre le chemin de ma vie en vrai témoin de ton pardon, de la conversion et de la joie de ta Résurrection.

 


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