La première lecture nous situe à un moment clef de la geste d’Elie. Le coup d’éclat du Mont Carmel a plutôt un goût amer. Après que le roi Achab a relaté à Jézabel comment Elie a passé au fil de l’épée tous les prophètes de Baal, celle-ci se promet de les venger. Elie a peur et entame un exode qui à travers le désert le va le conduire jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb. Elie en vient même à douter de l’efficacité de sa mission de prophète : «C’en est assez maintenant, Seigneur ; prends ma vie car je ne suis pas meilleur que mes pères… » (1Rois19, 4). Tout cela, malgré les signes qu’il a accomplis par la main du Seigneur, devant tous les faux prophètes de Baal. Une première leçon: notre bon/beau pas ne nous exempte pas de glisser après. Il n’est même pas la garantie d’une vie sereine. D’aucuns arrivent à se demander ce qu’ils auraient fait de mal pour mériter certains événements malheureux de leur vie. Il faut toujours être vigilant. Arrivé finalement à l’Horeb, il se réfugie dans la caverne de ses peurs face à l’ouragan, au tremblement de terre et au feu qui successivement se manifestent devant lui.
Au départ, Elie était parti « pour sauver sa vie ». Sa vie sera sauvée mais par Dieu qui se révèlera à lui dans « le murmure d’une brise légère. Il est dit que « dès qu’il l’entendit, Elie se voila le visage avec son manteau » comme autrefois Moïse au même mont Horeb. Contrairement à ce qui se passa au mont Carmel, Dieu n’est pas dans le feu. Ce n’est pas une manifestation toute-puissante du Seigneur, que l’on pourrait presque croire obtenue par le prophète lui-même, par le miracle du feu de Dieu qui descend sur les offrandes, qui est à la base de l’adhésion de foi. Non, il s’agit d’une manifestation simple et discrète d’un Dieu qui vient rejoindre un homme démuni, pauvre et fragile bien loin de celui qui paraissait aussi sûr de lui sur le Mont Carmel. Elie découvre que la puissance de Dieu n’est pas celle qu’il croyait. Dieu ne lui apparaît plus à travers les coups de tonnerres et les éclairs comme il le fit avec Moïse. «Ubu ntúkidutēra ubwôba nkó ku musózi wa Sínǎyi, hamwé imirávyo n’ínkúba vyǎsirana… », dit un ancien chant de communion en Kirundi. Le prophète Elie, parce qu’il a reconnu sa fragilité, parce qu’il a fait l’expérience de son besoin d’être sauvé, il est maintenant fort dans la foi et il peut reprendre sa mission au service du Seigneur.
Un Dieu si proche, humble, Dieu qui se fait nourriture.
Le point d’achoppement des Juifs est la réalité de cette personne dont ils croient connaitre tout et que par conséquent connait tout de leur vie. Un Dieu si proche! C’est trop beau pour être vrai! Ils croient connaitre Celui qui n’a pas de mère dans le ciel ni de père terrestre. Et c’est ce que Jésus veut leur enseigner mais ils ne sont pas disposés à l’écouter.
Chers amis, nous ne sommes pas si différents de ces juifs. Un détail doit être remarqué : les interlocuteurs de Jésus ne sont plus « la foule », mais les « juifs ». Devant son enseignement, nous ne pouvons pas rester dans l’anonymat. Il faut prendre position. Normalement, nous nous trouvons de l’autre côté du lac de Galilée, à Capharnaüm d’où ces interlocuteurs devraient être appelés des Galiléens. Donc, l’appellation « les Juifs » ne désignent pas une appartenance géographique, nationale,… Elle définit ceux qui ne sont pas disposés à se laisser instruire par Jésus.
Comment sommes-nous alors des Juifs?
Nous avons l’expérience qu’il nous est difficile d’accepter quelqu’un qui nous connaît dans les minimes détails de la vie. Nous voulons sauvegarder notre vie privée que nous la fermons à tous, même à ce Dieu qui veut nous être proche que nous en connaissons les membres de la famille. Ce Dieu pourrait être cet ami qui me voit commettre des erreurs et qui me conseille, mais qui n’a droit qu’à mes reproches qu’il n’est pas non plus différent de moi. Et j’y trouve un motif de refus. Il est ce prêtre, ce catéchiste, ce responsables dont nous pouvons connaître les modestes origines, les fragilités et que nous prenons pour prétexte pour ne pas l’écouter.
Ce Dieu, c’est l’Eglise qui nous apparait trop humaine, avec ses faiblesses qui se manifestent dans le temps (les scandales et les contre-témoignages). Nous la voulons au-dessus de la mêlée et c’est bon. Nous devons prier pour cela. Mais cette Eglise, c’est aussi moi, c’est aussi toi. Est-ce que j’essaie d’aller à contre-courant? Ne suis-je pas aussi coupable de tous ces comportements que Saint Paul condamne dans la deuxième lecture: amertume, irritation, colère, éclats de voix, insultes…? Comme nous voudrions une Eglise lointaine et non la nôtre, nos assemblées qui souvent nous dégoutent pour un motif ou un autre! Comme nous voudrions un Dieu si lointain! Ne sommes-nous pas des Juifs de ce côté-là ?
Dieu ne nous abandonne pas.
Quand on connait la fougue de ce champion du Seigneur contre les dieux païens introduits par la reine, on ne peut s’empêcher de penser que Dieu veut nous apprendre à travers la peur et le découragement du prophète Elie qu’Il triomphe dans la faiblesse des hommes qui s’abandonnent à Lui. Ainsi réconforté par la présence de Dieu, nourri du pain qui vient du Ciel, Elie peut transformer sa fuite en un pèlerinage vers le Sinaï (appelé encore Horeb). Nous devons donc nous nourrir de la Parole de Dieu, du Pain de la vie, pour pouvoir continuer notre cheminement vers la Maison du Père.
Mais hélas! Il y en a qui ne voient pas que la Parole de Dieu et le pain de la vie (les deux tables de la célébration eucharistique) changent quelque chose. Ce fut le tentation d’Elie qui se décourage après la victoire éclatante contre les faux prophètes: « je ne vaux pas mieux que mes pères », se dit-il. Je ne suis pas meilleur que les autres qui ne viennent pas à la messe. Et pourtant! Notre raisonnement ne saisit pas le tout de Dieu. Il reste souvent plat: « n’est-il pas le fils de Joseph et de Marie »? Si nous mangeons le pain que Dieu nous donne, nous ne sommes pas exemptés de cheminer encore. « Lève-toi et mange, car il est long le chemin qui te reste ». Nous pourrons alors renaitre à une autre vie après 40 jours et 40 nuits: le temps que les Hébreux ont mis pour rejoindre la terre promise; le temps du déluge pour faire éclore une nouvelle vie; le temps de la grossesse (40 semaines) pour voir naitre une nouvelle vie.
Ils seront tous instruits par Dieu. Notre docilité en jeu.
Quelle est la réaction des Juifs? Pourquoi certains croient alors que les autres se ferment? « Personne ne peut venir à moi si le Père ne l’attire », dit Jésus. Mais Dieu n’attire pas tout le monde? Bien sûr! Jésus rappelle la parole des prophètes: « les seront TOUS instruits par Dieu lui-même ». Prenons une illustration: lorsqu’un maître de Belles-Lettres est seul dans une ville, nous disons: il enseigne les Lettres à tout le monde, non pas que tous les habitants de la ville les apprennent, mais parce que ceux qui veulent les apprendre n’ont que lui pour maître; de même nous disons ici que Dieu enseigne à tous les hommes à venir à Jésus-Christ, non pas que tous soient dociles à ses enseignements, mais parce que personne ne peut venir par une autre voie. La balle est donc dans le camps de ceux qui écoutent.
Le danger de tous les temps est d’écouter Jésus comme un grand prophète qui enseigne de belles choses (mêmes les démons le savent, les détracteurs disent que personne n’avait jamais si bien parlé avant!) et non croire qu’il est venu de Dieu, qu’il est l’Image Visible du Dieu invisible. La vie éternelle s’obtient en croyant en Jésus. Il nous demande de croire en lui, même quand il se présente à nous comme « chair », c’est-à-dire dans la vulnérabilité de la condition humaine, et surtout quand il devra affronter sa passion et mourir sur la croix. C’est vraiment indigne de Dieu, pourrions-nous dire.
Attendons voir comment, dimanche prochain, cette réalité (le pain qu’il donne, c’est sa chair) suscitera encore plus de réticence et d’opposition de la part des Juifs. Entre temps, moi qui me présente à la communion, est-ce que je crois que j’accueille bel et bien Jésus-Christ, Sauveur?
[…] the poor. So, the Prophet Elijah informs the king that there will be a drought until they repent. And Elijah flees the kingdom to hide. From hiding in pagan territory he meets a woman. We find she’s both a widow and a single mother. […]
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Hei Father!
Thank you very much!
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