De la prière adulte comme une vie de relation avec Dieu au vrai leadership
selon le Christ. Servir, donner sa vie pour les autres.
Comment le martyre peut-il être source de bénédiction ?
C’est la cruelle expérience de l’exil qui a suggéré à l’auteur de notre 1ère lecture la figure mystérieuse du serviteur broyé par la souffrance et sacrifiant sa vie pour les autres. Ainsi se faisait jour l’idée qu’un échec ou une mort violente pouvait donner lieu à un renouveau nonobstant la volonté des tortionnaires ou auteurs du mal. La première génération chrétienne a donc identifié le serviteur souffrant de Dieu à Jésus-Christ « venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. Dans la deuxième lecture, nous apprenons que les souffrances du Christ ne doivent pas être vues comme un événement du passé que sa résurrection et sa glorification lui aurait fait oublier comme un mauvais souvenir. L’expérience de la souffrance, des larmes, de la prière de quelqu’un aux prises des difficultés avec l’angoisse et la peur de mourir, … tout cela lui permet de comprendre nos faiblesses, nos peurs, nos afflictions. Nous ne pouvons donc plus nous dérober et vivre l’indifférence au milieu ou à côté de ceux qui souffrent. « Nta wusómera indûrú zívuga ». Jésus est celui qui nous apprend la valeur rédemptrice d’une souffrance, d’une mort offerte pour sauver le monde. Dans l’évangile de Marc que nous lisons aujourd’hui, cette parole de Jésus est précédée d’une comparaison en forme de contraste entre les puissants de ce monde, lesquels font sentir leur pouvoir, et les disciples de Jésus, appelés à se faire serviteur de tous. Que cette prière nous aide à nous immerger toujours plus dans la pensée de notre Maître pour lui ressembler, surtout quand nous sommes appelés aux engagements de service des autres. Demandons à Jésus de nous apprendre lui-même à prier et à demander ce qu’il faut pour accomplir nos engagements publics et ecclésiaux.
Éducation à la prière
Apprendre à prier et éduquer notre désir, en développant une relation équilibrée avec le Seigneur, c’est cela qui nous porte à la conversion de notre vie. Nous sommes alors prêts à suivre Jésus, même s’il devrait entrer dans Jérusalem, comme il en est pour l’épisode que nous lisons en ce 29ème dimanche du temps ordinaire. En laissant Jésus pour qu’il transforme notre vie, nous sommes aussi rendus capables d’entretenir des relations justes avec les autres, quand bien même nous serions des responsables. Aux enfants, on enseigne à prier avec des formules simples à répéter, et ils le font. Plus ils grandissent, plus ils se sentent insatisfaits de ces petites prières. On leur dit alors que prier, c’est parler avec Dieu. Le terme « relation » est considéré comme trop lourd et on le réduit à une communication verbale. Alors, ils nous demandent : qu’est-ce que nous lui disons ? Simple ! Vous lui dites les choses de votre vie, votre journée, ce dont vous avez besoin, les personnes qui vous entourent, qui vous sont à cœur, … Et ils le font. Des problèmes ne tardent pas à surgir : nous avons passé tout notre temps à Lui raconter notre vie, mais Il ne répond pas. Rien ne change. Est-il utile de prier ?
Il y en a donc ceux qui restent adolescents dans toute leur vie de prière, et qui continuent à prier en disant quelque chose à Dieu : désirs, besoins, engagements, responsabilités, craintes et espoirs, … Mais Dieu se tait. Et effectivement, comme il est « bien éduqué », il respecte tes longs monologues, ne nous interrompt pas, il n’élève pas la voix. Si nous pouvions parler moins et écouter plus ! Notre relation n’est pas seulement parler à Dieu. La prière est relation avec Dieu, non pas nécessairement parler à Dieu. La relation est parole, émotions, silence, écoute. La prière est parole, silence, invocation, lamentation, demande, louange, mais tout cela est conséquence d’une attitude : l’écoute.
Dans une famille, on célébrait l’anniversaire du mariage. Le mari travaillait dans une autre ville. Tous se mirent à préparer, chacun selon ce qu’il était capable. Quand le mari arriva le soir, tout le monde se dirigea à sa rencontre. Le cadet de la famille, à peine 3 ans, chansonna deux paragraphes qu’il avait appris par cœur. Le père le prit dans ses bras et lui donna des bonbons à sucer. Vint la fille qui avait 5 ans. Elle déclama un très beau poème à son Père. Ému, il l’embrassa et lui tendit juste un livret de poésies. Coïncidence ! Et ce fut le tour de la fille aînée (9 ans). Sans rien dire, elle présenta un bouquet de fleurs avec une belle carte postale qu’elle-même avait préparée. Le Père l’embrassa et lui présenta ses compliments pour tout ce temps qu’elle avait pris en pensant à la fête. En dernier lieu, c’était le tour de l’épouse. Elle resta devant son mari et les deux se regardèrent, les yeux dans les yeux, sans dire un mot. Toute leur vie, leur histoire ensemble, tout parlait, de façon éloquente. En effet, ce n’était pas le moment de parler, d’embellir (peut-être) leurs moments difficiles ou de chanter leur succès.
Il en va de même quant à l’âge de notre prière. Elle ne peut pas seulement être paroles, paroles, paroles.
Vérifier l’âge de notre prière
Pour devenir adulte dans la prière, il faut apprendre à évaluer la qualité de notre prière. Aujourd’hui, Jésus nous donne un paramètre d’évaluation dans l’Evangile. « Maitre, nous voulons que tu fasses ce que nous te demandons ». Nous voulons ! Vous ne savez pas ce que vous demandez, réplique Jésus. Tout ceci se passe après la 3ème annonce de la passion, Jésus est sur le point d’entrer à Jérusalem pour y accomplir ce pour quoi il est venu : donner sa vie pour notre salut. Si on pouvait déplacer l’accent depuis « que tu fasses ce que nous voulons » à « que ta volonté soit faite » de la prière du Notre Père. Une prière adolescente risque de contraindre Dieu (ce qui n’est pas possible) à faire ce que nous voulons. Tout devient un rapport de puissance. Si nous ratons cette relation avec Dieu, assurément, celle avec les autres en pâtira.
Le leadership : « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur »
Dans leur prière, les deux disciples (Jacques et Jean) disent tout-haut ce que les autres pensent tout-bas. Ces derniers s’en indignent. Ils n’ont même pas entendu la douche froide que Jésus a faite à Jacques et Jean. Ils n’écoutent pas. Ils voudraient, eux aussi, parler, demander. C’est l’occasion pour Jésus de recadrer son enseignement. La vie du disciple se mesure à celle du Maître. Jésus ne blâme pas la volonté de devenir leader, mais les motivations. Quelques fois, on n’a mal compris ces mots et on a formé des chrétiens désengagés au sein de la société. Jésus ne n’est jamais soustrait à sa responsabilité d’être un leader. Il nous enseigne à comprendre notre responsabilité en tant leader au service des autres et non comme primat, oppression et puissance. Comme nous le lisons dans la deuxième lecture de ce jour, il est celui qui a partagé notre vie, nos souffrances, nos tentations quotidiennes. Il s’est incarné : il s’est fait l’un de nous. Il peut alors nous sympathiser (syn=avec et pathos= souffrir, sentir), se mettre dans notre peau. Telle doit être l’attitude d’un leader. Bien évidemment, en tant que chrétien, notre modèle, c’est le Christ avec lequel nous entrons en relations intimes par la prière pour apprendre de lui, grandir et arriver à la stature de l’homme nouveau capable de penser et agir afin tous puissent vivre une ère nouvelle, une époque où les discriminations, l’oppression, la souffrance ne règnent pas et n’ont pas le dernier mot.
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