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Soyons toujours dans la joie. Le Seigneur vient. A nous de le reconnaitre au milieu de nous.

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


Abbé Lambert RIYAZIMANA« Je tressaille de joie dans le Seigneur ». A cette exclamation du prophète répond le cri du cœur de l’apôtre Paul : « Frères, soyez toujours dans la joie ». A l’approche des Fêtes de Noël, c’est en effet la joie qui imprègne les lectures de ce 3ème dimanche. L’invitation pressante à la joie, a donné le nom à la Messe de ce troisième dimanche de l’Avent : « Gaudete », c’est-à-dire réjouissez-vous. Cette joie prend sa source dans la Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres : celui que Dieu a consacré par l’Onction – le Christ- est envoyé non pour dominer les nations, mais guérir les cœurs meurtris et libérer les captifs. Il nous appartient aujourd’hui de le reconnaître face aux nombreux prétendants qui se bousculent à la foire aux hommes providentiels et aux guides inspirés. A la suite de Jean le Baptiste, les chrétiens doivent rendre témoignage à la lumière qui apporte au monde la joie, la vraie, qui vient de Dieu.

gaudeteQuelle est la cause de cette joie ? « Le Seigneur est proche ». Nous n’attendons pas un Dieu lointain dont la venue serait encore hypothétique, un Messie annoncé pour un temps reculé : non, notre joie est toute entière dans la paisible certitude de la présence au milieu de nous de celui qui est venu dans l’humilité de la crèche, qui viendra dans la gloire au dernier Jour, et qui dans l’entre-deux, continue de venir visiter les siens pour les secourir de sa grâce, les instruire de sa Parole, les fortifier de son Eucharistie.

Cette joie est donc celle de sa présence, cachée certes, mais bien réelle : « le Seigneur est proche ». Ne nous a-t-il pas déjà dans la 1ère lecture, qu’il est « enveloppé du manteau de l’innocence et revêtu des vêtements du salut »? Il est donc juste de « tressaillir de joie » dans l’Esprit qui repose sur nous, « parce que le Seigneur nous a consacrés par l’onction ». C’est pourquoi Saint Paul nous exhorte à « être toujours dans la joie, à prier sans relâche, à rendre grâce en toute circonstance », dans la fidélité au don reçu : « n’éteignez pas l’Esprit ».

Pourtant la liturgie de ce jour fait aussi apparaître une tension, qui caractérise la condition du chrétien en ce monde. D’un côté il est invité à laisser libre cours à sa joie pour le don du salut que nul ne pourra lui ravir, joie pour la présence au milieu de nous de l’Epoux qui ne cesse de venir réconforter son Epouse tout au long de sa route vers la rencontre définitive ; et en même temps il doit demeurer dans une vigilance de chaque instant, pour ne pas perdre ce don, car il est encore objet d’espérance. En effet, aussi longtemps que nous marchons dans la nuit de ce monde (insécurités, pauvreté, faim, haine en famille,…), nous ne percevons pas pleinement la présence du Seigneur à nos côtés, et le risque demeure de nous égarer loin de lui. C’est l’expérience du peuple juif à peine revenu de l’exil. Ils sont à majorité des pauvres qui éprouvent bien de difficultés à se réimplanter en Palestine et y retrouver une vie normale : ruines de leurs maisons, tracasseries administratives, jalousie des peuples voisins, ils sont revenus abattus par l’exil, beaucoup sont devenus conscients de leurs péchés et leur petitesse devant Dieu, voudraient bien renouer avec Lui, mais peinent beaucoup. N’est-ce pas mon cas, dans ma misère et ma petitesse ?

D’autant plus que notre désir est loin d’être unifié : l’ivraie qui menace en nous la croissance du bon grain, n’est-elle pas d’abord cette dispersion dans les distractions éphémères que nous offre les multiples miroirs aux alouettes de notre culture hédoniste ? Heureusement, pour mener notre barque entre les récifs, le Seigneur nous a laissé une boussole et une carte : l’Esprit Saint et sa Parole ; d’où le précepte de l’Apôtre, dans la 2ème lecture : « N’éteignez pas l’Esprit, ne repoussez pas les prophètes : mais discernez la valeur de toute chose, gardant ce qui est bien et vous éloignant de tout ce qui porte la trace du mal ». En plus, il faut ouvrir nos yeux pour le discerner, même en dehors des cadres habituels. Jean Baptiste ne prêche-t-il pas en Transjordanie, loin de la ville sainte de Jérusalem, en terre étrangère ? « Seigneur, ouvre nos cœurs à ta présence mystérieuse », même si elle devait se présenter à nous là où personne ne s’y attendait. Telle est ta nouveauté que nous devons accueillir.

Nous ne pourrons pleinement adhérer à la nouveauté du Royaume, qu’en nous détachant de la vétusté de ce monde qui passe. Et cet exode implique un passage au désert, à la suite de Jean-Baptiste. A la question que pose la délégation de prêtres et de lévites : « Qui es-tu ? », nous aurions spontanément répondu en termes de nos origines charnelles : notre nom nous situe à l’intérieur d’une généalogie, nous donne une appartenance ici-bas, la sécurité d’une famille, d’un clan, d’une ethnie, d’une race, d’une nation. Or nous ne trouvons rien de tel dans la réponse du Précurseur : il nie toute référence au passé ; il ne se reconnaît dans aucun des personnages cités et donc connus. Mais il se définit totalement en fonction de l’à-venir ; plus précisément : en fonction d’un mystérieux personnage dont il est chargé d’annoncer la venue. Certes il le connaît puisqu’il doit le désigner ; et pourtant il ne le connaît pas encore puisqu’il attend un signe d’en-haut qui le fera reconnaître. C’est précisément pour se préparer à ce ministère qu’il s’est retiré au désert, lieu par excellence de la purification du désir. Seul celui qui accepte de quitter ses fausses sécurités et de sortir dans la nuit, peut discerner la « Lumière » et lui « rendre témoignage, afin que tous croient par lui ». Evidemment, nous devons d’abord l’avoir accueilli et être disposés à nous ranger de son côté comme le témoin qui, dans son identité, témoigne et se range du côté de l’accusé. Qui est cet accusé ? C’est Jésus pour lequel le monde fait procès, c’est tout chrétien qui n’a pas peur de poser des gestes qui interrogent son entourage, et donc n’a pas peur des qu’en-dira-t-on.

Le Seigneur est là, et il ne dépend que de nous de l’accueillir pleinement dans nos vies : à nous d’« aplanir son chemin », de dégager les obstacles à sa venue en « discernant la valeur de toute chose » et en « gardant parfaits et sans reproche notre esprit, notre âme et notre corps ». Certes nous nous sentons bien démunis devant une telle exigence ; c’est pourquoi l’Apôtre nous rassure : « Il est fidèle le Dieu qui nous appelle : tout cela, il l’accomplira ». Comment dès lors ne pas être dans la joie ?

Avec Marie nous pouvons en toute vérité « exalter le Seigneur et exulter en Dieu notre Sauveur, car le Puissant fait pour nous des merveilles ». Jour après jour, patiemment il nous accompagne, nous comblant de sa miséricorde, s’abaissant à nous laver les pieds, alors que « nous ne sommes même pas dignes de défaire la courroie de sa sandale ». Laissons donc au « Dieu de la paix » le souci de notre sanctification intégrale « puisqu’il prend soin de nous » ; quant à nous, hâtons-nous d’obéir à la mission que nous a confiée Notre-Seigneur, afin que « germe la justice et la louange devant toutes les nations : portons la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérissons ceux qui ont le cœur brisé, annonçons aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté, et proclamons une année de bienfaits, accordée par le Seigneur » à tout homme qui accepte de se convertir. Car « le Seigneur est tout proche ».


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