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Reconnaitre notre misère et accueillir ton pardon, telle est notre justice, ô Dieu d’amour et de miséricorde.

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


Pharisien et PublicainPour nous aider à méditer la Parole de Dieu de ce quatrième samedi du cheminement du Carême (Samedi de la 3ème Semaine), Jésus nous entretient aujourd’hui sur la façon de bien prier. Il choisit d’inventer une petite parabole décrivant une situation très contrastée. Jésus rassemble dans le temple, au même moment, celui qui est prétendu par tous, à commencer par lui-même, comme juste et pieux et celui qui est unanimement considéré comme le type des pécheurs publics. Jésus nous montre un pharisien et un publicain.  Pour un observateur « ordinaire », les deux hommes que le Christ nous présente pourraient sembler presque identiques, car ils se trouvent au même endroit et font la même chose : tous les deux sont « montés au temple pour prier » (Lc 18,10). Mais au-delà des apparences, au plus profond de leur conscience personnelle, les deux hommes diffèrent radicalement : l’un, le pharisien, a la conscience tranquille, alors que l’autre, le publicain —collecteur d’impôts— est inquiet car il ressent de la culpabilité.

Dans le passage que nous contemplons, nous voyons que dans une personne se trouve un nœud de trois cordes, si bien qu’il est impossible de le défaire en négligeant l’une ou l’autre. La première nous relie à Dieu ; la deuxième aux autres ; et la troisième à nous-mêmes. Notons bien ceci : ceux auxquels s’adresse Jésus « étaient convaincus d’être justes et méprisaient tous les autres » (Lc 18,9), de sorte qu’ils priaient mal. Les trois cordes vont toujours ensemble ! Comment les mettre correctement en relation ? Quel est le secret pour défaire le nœud ? La conclusion de cette parabole incisive nous le dit : l’humilité. Comme sainte Thérèse d’Avila l’expliquait : « L’humilité, c’est la vérité ».

La prière du premier est une longue action de grâce. « Il ne demande rien ». C’est d’abord bien parce qu’il dit ce qu’il fait réellement, non comme « moi » qui me vente des choses que je n’ai pas faites, seulement parce qu’il n’y a personne pour me contredire. Cette action de grâce est réellement adressée à Dieu : il n’a pas l’orgueil de se mettre à la place de Dieu, ni même à sa hauteur. Ce pharisien dit clairement que sa justice lui vient de Dieu. Mais sa prière n’est autre que la liste de ses propres vertus. Plus exactement, la liste de tous les péchés qu’il n’a pas commis. Ce n’est pas si mauvais. Il se débrouille bien. Certes, il aurait pu évoquer les bonnes actions qu’il n’a pas commises alors qu’il en avait eu l’occasion. Mais il est honnête dans sa description.

Le second est conscient d’être pécheur. Il n’a pas besoin de faire une liste détaillée des péchés commis. Il ne fait pas de confession ! Je me l’imagine toujours (et peut-être) cherchant de devenir meilleur, comme moi, mais sans y parvenir et cela lui pèse. Tout le jour, ses péchés sont devant sa face et pèsent sur son âme. Tout le jour il peut en lire la liste dans les yeux des gens qu’il croise. Si l’on savait que les mendiants arrivaient à refuser son aumône ! Il était l’image même de la déchéance morale : son métier obligeait à manier la monnaie romaine, donc le mettait dans un sacrilège à longueur de la journée. De plus, les pièces avaient l’effigie de l’Empereur (le Colonisateur !) avec une inscription proclamant sa divinité (il était une idole).  Ce publicain reconnaît ce qu’il a fait de mal. Mais on pourrait souligner que, s’il est honnête dans sa description, il ne parle pas de réparer les torts qu’il a commis.

Quelle est la différence entre ces deux hommes que Jésus veut mettre en évidence ? Tous les deux sont honnêtes dans ce qu’ils disent. Est-ce donc la capacité de reconnaître ses tords ? Il y a plus.

 Si le publicain n’ose pas lever les yeux au ciel, sa prière est en effet un appel à la miséricorde : « Mon Dieu, prends pitié » s’écrit-il. Il demande à Dieu de lui pardonner. Le pharisien n’avait pas demandé à être pardonné, et, plus fondamentalement, il n’a rien demandé à Dieu. Il n’attend rien de Dieu. Il n’est pas en relation avec le Seigneur, sa prière est centrée sur lui-même. Il n’y a de place dans son cœur pour personne d’autre. Si bien qu’il se contente d’avoir une image approximative de ses frères. Il les classe (toujours comme moi !) par catégories : les voleurs, les injustes, les adultères. Il n’en connaît aucun et les méprise tous. Quand il rentre chez lui, lui qui n’a rien attendu de Dieu, est resté ce qu’il était : pauvre. Inconscient de la justice de Dieu. Il n’a pas connu le vrai visage du Seigneur, le Dieu qui ignore les comparatifs et qui offre l’absolu de son amour.

Ce visage, le publicain montre qu’il le connaît lorsqu’il se met à la dernière place dans le temple parce qu’il voit tous ses frères plus méritants que lui-même ; il montre qu’il connaît le visage de Dieu lorsqu’il se frappe la poitrine en se reconnaissant pécheur et en criant vers lui. La justice de Dieu ne se limite pas en effet à l’exigence de dire ce qui est mal dans nos vies. Elle consiste à recevoir un avenir renouvelé comme don de la bonté de Dieu. Le pécheur qui se bat la poitrine et crie vers Dieu attend que justice soit faite, c’est-à-dire qu’il attend que Dieu lui donne un avenir que le péché lui a volé. Et puisqu’il l’attend de Dieu, Dieu le lui donne. Quand il rentre chez lui, le publicain est devenu juste, il a reçu la possibilité d’un avenir avec le Seigneur, il est rendu capable de mettre en œuvre la volonté de notre Père des Cieux.

Ce publicain nous enseigne donc que la justice de Dieu est sa bonté, généreuse et gratuite, qui donne sens à nos existences en nous reconnaissant comme des personnes quand nous ne recevons de nos frères, et de nous-mêmes, que la condamnation. La justice de Dieu n’est pas seulement la miséricorde qui pardonne les péchés commis, elle est la miséricorde qui recrée notre capacité d’être en relation de confiance avec notre Dieu. La justice de Dieu est la preuve de sa fidélité. Il est le Dieu de gratuité ! On n’a pas à mériter sa bienveillance qui fait passer de l’attitude du pharisien, qui croit qu’une personne est définie par ses qualités ou son absence de défauts, à l’attitude du publicain, qui a compris qu’il est devant Dieu un sujet aimé et qui est rendu capable d’agir et de porter les fruits de l’Esprit. Ainsi résonne la sentence finale : « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé ». Celui qui se met en position de ne rien recevoir de Dieu sera un jour reconnu pour ce qu’il est : pauvre de tout. Et celui qui s’humilie recevra ce que sa prière mérite : il sera riche de Dieu et élevé à la dignité de fils adoptif. Oui, Dieu est amour. Dieu est gratuité : il « souffre » avec le pécheur qui souffre de son péché. C’est pourquoi il défie les épines et les roches à la recherche de la brebis égarée, épuisée à ne pouvoir plus marcher sinon qu’être mis sur les épaules du berger.

Mais à la fin, qui sont les deux personnes ? Chers amis, il y a le risque de promener le regard autour de nous en cherchant à classifier et à étiqueter les personnes autour de nous. Le sentiment qui risque d’être spontané est de se reconnaitre dans la peau de ce collecteur d’impôt puisque nous sommes conscients de nos limites. Ainsi, nous en appelons à la miséricorde de Dieu. Mais nous pouvons oublier qu’en nous, il existe aussi ce type de pharisien qui se vante, en arborant même des choses que nous n’avons pas faites, pour donner une belle image de nous-mêmes. Que de fois, au long d’une même journée, nous sommes passés de l’image du pharisien au publicain et vice-versa ! Les deux, sans exceptions, ont besoin de la miséricorde de Dieu qui ne se mérite pas. Ils doivent s’ouvrir pour l’accueillir. Regardons donc à notre intérieur, en nous-mêmes et non autour de nous. Nous pourrions trouver les deux, seulement en nous !

« Finalement je comprends Seigneur : accueillir ton pardon, voilà notre justice. En effet, nous ne sommes pas justes, mais « justifiés », nous ne sommes pas « gracieux », mais « graciés ». Oui, ton jugement est grâce pour qui n’ose plus lever les yeux jusqu’à Toi, mais dont le cœur supplie. Merci Seigneur ».


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