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La moisson du Seigneur est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Dans la joie et l’espérance prions le Maître de la moisson.

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


Saint Luc nous parle aujourd’hui du devoir principal que doit assumer le disciple : la mission. Celle-ci consiste à étendre la paix qui provient du Règne de Dieu, c’est-à-dire de la conviction que Dieu est à l’œuvre en notre vie, quand bien même tout peut sembler sombre, plat, sans saveur et sans lendemain. Le disciple n’annonce rien d’autre que la croix, la mort et la résurrection de Jésus, et cela change le sens des choses, même quand on est confronté aux échecs, comme le dit bien Saint Paul, lui qui ne trouve aucun autre motif de sa joie que dans la foi au Christ mort et ressuscité.

C’est donc une mission à laquelle nous sommes tous appelés. Les disciples ne peuvent pas concevoir la mission comme une attente. Au contraire, ils doivent se mouvoir, courir, et cela n’a pas de restrictions : la Bonne nouvelle doit atteindre tous, doit rencontrer et assumer les diversités culturelles (manger tout de ce que les autres mangent, au lieu de s’en tenir aux coutumes juives de la pureté rituelle, même pour le manger). Nous sommes loin d’une Eglise dont certains pensent qu’elle confie sa mission seulement aux Evêques, aux prêtres, aux consacrés, aux responsables des communautés.

« Allez !». Mais « où ? »
Il s’agit d’une invitation à se mettre en chemin. Jésus parle des villes. Entendons pas ici tous ces lieux de partage de la vie quotidienne, ces milieux du pouvoir (qui réside normalement dans les villes), de la culture, de l’information rapide et complexe, ces lieux de l’expérience humaine. « Allez » : un ordre peu confortable. Il ne s’agit pas de nous enfermer chez nous, en attendant qu’on vienne nous chercher parce qu’on a besoin de nous : certains ne sauront même pas que nous pouvons leur être utiles !

Il s’agit de sortir, comme le dit bien souvent le Pape François,

et d’aller habiter ces périphéries géographiques, ces périphéries culturelles et sociales où l’on ne sait plus respecter la vie humaine, où l’on ne vit que de l’indifférence face à la misère de l’autre où l’on ne prend plus soins des personnes âgées,… Ceci exige de notre part la vie de témoignage et de communauté. Ceci veut que nous inventions d’autres langages de la foi pour parler aux gens de notre temps. Ceci est évidemment terrifiant, vus les obstacles, le refus, la conscience de la disproportion de nos moyens face aux défis,… Et même Jésus ne nous le cache pas ! Mais il faut savoir qu’il ne nous envoie que pour lui préparer le chemin : « dans les villes et villages où lui-même doit se rendre ». Ce n’est pas donc une mission à nous, elle est la sienne.

La stature du missionnaire se mesure surtout par rapport à sa fidélité à Celui qui l’envoie, et non pas par rapport aux succès qu’il récolte, puisque la puissance de Dieu se révèle même dans notre faiblesse (2 Co 12,9-10) ! Très important ! Ceci nous aidera alors à vivre notre mission dans la liberté : libres de l’orgueil du succès (puisque l’œuvre n’est pas nôtre), mais aussi libres de l’angoisse de l’échec puisque l’important c’est notre fidélité à Celui qui nous envoie.

D’abord un mode de vie missionnaire avant les moyens à utiliser.
La mission sera témoignage de vie : ils sont envoyés en équipe, deux à deux. Ils doivent instaurer des relations. Les moyens ne seront de que des instruments. Et surtout, une équipe (communauté) qui prie, qui confie tout au Maître de la moisson. « En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72 » Jésus désigne pour une mission, c’est lui qui appelle, et cette désignation n’est pas un titre, un diplôme, une dignité dont on pourrait tirer orgueil, c’est un service qui est demandé. Il « désigna encore », le « encore » se justifie avec le chapitre précédent de notre Évangile dans lequel Jésus envoie en mission les 12. Ici, le nombre est 72. Pourquoi ce nombre ? C’est celui de la descendance des fils de Noé qui est donnée au chapitre 10 de la Genèse, le peuplement de la Terre après le Déluge. Dans le judaïsme, ce nombre représentait l’ensemble des nations. Ainsi, ce choix des 72 annonce-t-il un plan d’évangélisation universelle. On sait que celle-ci ne commencera vraiment qu’après la Pentecôte. Les missionnaires sont envoyés deux par deux car la mission n’est pas une affaire individuelle, mais communautaire, ecclésiale, deux étant le minimum pour cela. Jésus les envoie en avant de lui, comme des messagers, pour que les missionnaires le représentent, le rendent présent.

Face au manque d’ouvriers, c’est d’abord la prière puisqu’il ne s’agit pas d’une action humaine publicitaire ou propagandiste. Il s’agit d’un acte de foi et non un projet humain qui met en avant les tactiques et stratégies. Tenez! Jésus n’oublie pas de souligner qu’il s’agit d’une tâche difficile. Les croyants et les apôtres se trouveront comme des proies, ils se trouveront en danger permanent. Et je pense que la situation est loin d’être douceâtre ! Que d’intimidations ici et là, que de persécutions dans le monde ! Combien de fois avons-nous entendu des pouvoirs, des organisations qui veulent fermer la bouche aux ministres de l’Eglise?

Que faire ?
Jésus ne parle pas d’abord de contenus doctrinaux, mais il parle d’attitudes à avoir : habillements, bagages, manière d’être propositifs quand nous entrons en relations avec les gens, sans les brutaliser (étant donné que nous sommes comme des agneaux au milieu des loups), manières de vivre. Si vous êtes porteurs de la paix de Dieu, si vous l’avez reçue, il vous est alors possible de la donner à votre tour, dans n’importe quelle situation. La Mission commence là ! À ce niveau, ce n’est pas affaire de spécialistes ! Une manière de vivre qui transmet la paix là où nous mettons notre pied, afin qu’il soit bon vivre à nos côtes. Est-ce notre cas ? Les gens ne nous fuient-ils pas puisque nous leurs rendons la vie difficile ? Et il ne faut pas perdre notre temps. Les messagers de l’Evangile courent : Marie qui court vers Elisabeth (Lc1,39), les bergers qui courent vers la crèche (Lc2,16), Philippe qui court pour rejoindre le char de l’Ethiopien qu’il a baptisé par la suite (Ac8,30), etc.

Et pourquoi courir ? Pour faire du bien, faire reculer le mal, soulager ceux qui sont affligés, être proche de ceux qu’accable la solitude, guérir les multiples plaies des hommes (et il y en a beaucoup, de nos jours !). En peu de mots : être des messagers de la paix et de la présence du Règne de Dieu au milieu de nous. Allons-y !

Les « 72 disciples revinrent tout joyeux. » Voyez comme Jésus répond à la joie spontanée de ses disciples, à leur émerveillement devant le succès face à l’Ennemi. Jésus, sans les contredire, remet les choses à leur juste place. La véritable joie du missionnaire n’est pas dans le succès apparent, qui pourrait monter à la tête et conduire à l’autosatisfaction illusoire ! La Mission peut connaître des échecs, il faut savoir les traverser et ne pas oublier que si l’Ennemi a été vaincu sur la croix, il est encore actif ! La guerre est gagnée, mais paradoxalement les batailles continuent… Que dit Jésus ? « … réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux ». La joie ! Il faudrait relire le texte d’Isaïe, la première lecture, qui nous donne une description de cette joie « Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez !… » Se réjouir ? Pourquoi ? Parce que nous sommes parmi les élus de Dieu, admis en sa Présence. Oui, frères et sœurs, que notre joie véritable soit dans la certitude d’être aimés de Dieu.

Cet amour, Dieu l’a manifesté sur la Croix, croix dont Paul dit qu’elle reste sa seule fierté, qu’elle donne paix et miséricorde, cet amour est le fondement de notre salut ! C’est cela que nous avons à partager, à faire connaître autour de nous. Cette mission, nous l’avons reçue, nous avons à la continuer, à la transmettre, sans nous décourager, avec le secours de sa grâce.

 


Un commentaire

  1. Mélina dit :

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