
Le propre de l’homme, c’est de s’interroger sur le sens de sa vie. A la lumière de l’expérience, il s’efforce de déchiffrer les signes (événements heureux ou non, les rencontres, les paroles et discours, …) qui s’offrent à lui. En ce début d’une nouvelle année chrétienne (liturgique), la parole de Dieu nous présente des croyants qui se sont posé les mêmes questions dans des situations fort diverses : juifs exilés à Babylone, fidèles de l’Eglise de Corinthe, les destinataires de l’Evangile de Marc. A tous ces hommes désemparés, le prophète, l’apôtre Paul et Jésus lui-même adressent un message identique : « <em>Tenez bon, car Dieu est fidèle ! Il vous a aimés en vous comblant de ses dons ; aujourd’hui encore, il vient à votre rencontre </em>». Oui, un avenir nouveau commence chaque fois que chacun de nous accomplit sa tâche de serviteur comme le portier de l’Evangile. Pour cela, il faut veiller, ne pas s’endormir.Le propre de l’homme, c’est de s’interroger sur le sens de sa vie. A la lumière de l’expérience, il s’efforce de déchiffrer les signes (événements heureux ou non, les rencontres, les paroles et discours, …) qui s’offrent à lui. En ce début d’une nouvelle année chrétienne (liturgique), la parole de Dieu nous présente des croyants qui se sont posé les mêmes questions dans des situations fort diverses : juifs exilés à Babylone, fidèles de l’Eglise de Corinthe, les destinataires de l’Evangile de Marc. A tous ces hommes désemparés, le prophète, l’apôtre Paul et Jésus lui-même adressent un message identique : « Tenez bon, car Dieu est fidèle ! Il vous a aimés en vous comblant de ses dons ; aujourd’hui encore, il vient à votre rencontre ». Oui, un avenir nouveau commence chaque fois que chacun de nous accomplit sa tâche de serviteur comme le portier de l’Evangile. Pour cela, il faut veiller, ne pas s’endormir.
Nous commençons ainsi l’Avent de cette nouvelle année liturgique avec une consigne précise de la part de notre Seigneur : « Veillez ! ». C’est une invitation à être attentif aux signes de la nouveauté chrétienne dans l’attente de son plein accomplissement lorsque notre Seigneur viendra dans la gloire et nous ressuscitera avec lui.
Veiller n’est pas une tâche facile : il faut prendre garde, comme si il s’agissait d’un contexte de combat. La vigilance ne peut se faire sans lutte, effectivement. Veiller pour ne pas succomber aux tentations, et il y en a !! Rendons-nous compte que cet épisode de Marc précède directement le temps de la passion où les apôtres n’ont pas résisté !! En outre, Marc, secrétaire particulier de Saint Pierre, parle du soir, de la nuit et ajoute : « au chant du coq ». Nous sommes à la veille de la passion, où Pierre s’endormira effectivement au lieu de veiller et où le chant du coq lui rappellera qu’il a manqué à la vigilance (Mc 14, 72). Combien il faut prier pour les responsables de l’Eglise, eux qui sont établis veilleurs, sentinelles du peuple de Dieu ! Oui, ils sont aussi faibles, eux aussi !
Le temps de la veille est indiqué aussi comme le temps de la nuit, des ténèbres : une invitation donc à veiller dans nos difficultés qui transforment nos journées en obscurités, garder l’espérance quand tout semble crouler, quand tous les vents semblent contraires… C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière. Comme ça, Isaïe nous dira à Noël : « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ». Maintenant, nous chantons ainsi : « Peuples qui marchez dans la longue nuit, le jour va bientôt se lever… ». Il faut vivre alors tendu vers ce futur, ce futur qui transfigure le présent.
Toutefois, être tendu vers le futur ne signifie pas s’évader du présent. C’est au contraire mesurer le présent à l’aune de ce futur, c’est anticiper dans l’aujourd’hui ce futur. L’évangile nous invite à entrer dans cette attitude lorsqu’il nous dit que dans l’attente du retour de leur patron les serviteurs doivent rester fixés à leur travail. C’est dans le présent que je trouve le Seigneur qui déjà vient à moi pour me préparer à le recevoir dans toute sa plénitude lorsqu’il reviendra à la fin des temps.
Veiller signifie également garder ardent et vif le désir de la venue du Seigneur. Cela implique de ne jamais se lasser de l’appeler : « Reviens pour l’amour de tes serviteurs et des tribus qui t’appartiennent. Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes fondraient devant toi ». Mais appeler ainsi de toute son âme la venue du Seigneur présuppose que l’on en ait reconnu la nécessité, que l’on se soit rendu compte de notre besoin d’être sauvés, que l’on ait pris conscience de notre condition de pécheurs dont Dieu seul peut nous sauver : « Nous étions tous semblables à des hommes souillés, et toutes nos belles actions étaient comme des vêtements salis… » ; « tu étais irrité par notre obstination dans le péché, et pourtant nous serons sauvés ». En effet, revenus de l’exil, le peuple de Dieu ne ait pas long feu. A la solidarité qui les liait en captivité a succédé le « chacun pour soi » d’une vie facile,… ils ne se sentent plus frères après l’orage. Qu’il est difficile de se libérer ! Il faudrait que Dieu déchire les cieux pour venir cheminer avec son peuple afin qu’il découvre la vraie liberté. Notre cheminement de l’Avent doit nous aider à laisser grandir en nous le désir d’avoir Dieu pour compagnon de nos routes, toujours tourmentés par le doute, par le péché.
Veiller implique encore que l’on ne doute pas de la venue de celui qui nous l’a promis. S’endormir signifierait précisément que nous n’y croyons plus. Nous n’aurions plus aucune raison de veiller. Alors, sur quoi peut bien se fonder cette assurance et cette confiance en la venue de notre Seigneur ? Sur la fidélité de Dieu à ses promesses que nous pouvons déjà voir comme réalisées dans l’histoire du salut que nous livre l’Ancien Testament. Dieu est déjà intervenu en faveur de son peuple comme il le lui avait promis. La 1ère lecture tirée du livre d’Isaïe le proclame. Si elle est un appel à ce que le Seigneur vienne, elle est aussi l’expression d’une espérance dans la réalisation de cette venue qui s’appuie sur tous ces moments où le peuple d’Israël a reconnu son Dieu qui venait jusqu’à lui : « Voici que tu es descendu, et les montagnes ont fondues devant ta face. Jamais, on ne l’a entendu ni appris, personne n’a vu un autre dieu que toi agir ainsi envers l’homme qui espère en lui. »
Toutes ces visites de Dieu étaient en fait des préparations et des annonces de la plus belle et de la plus haute : la venue du Verbe qui est descendu habiter parmi les hommes en prenant chair de notre chair. Nous touchons ici le cœur de la pédagogie de l’Avent : faire mémoire des faits de salut accomplis par Dieu dans l’histoire sainte pour assurer notre cœur qu’il veut tout autant intervenir en notre faveur. La raison ne se trouve pas en nous, en nos mérites, mais en lui qui nous a voulus comme ses enfants, ses fils, son peuple, son héritage : « Pourtant Seigneur, tu es notre Père. Nous sommes l’argile, et tu es le potier : nous sommes tous l’ouvrage de tes mains ». Si Dieu s’est montré fidèle aux promesses faites à son peuple jusqu’à lui envoyer son propre Fils, il se montrera aussi fidèle avec nous, « lui qui nous a appelés à vivre en communion avec son Fils Jésus Christ notre Seigneur » (Cfr 2ème lecture).
Veiller c’est donc espérer. Espérer qu’un jour nous communierons à la vie divine pour toujours au cœur d’une création toute entière transfigurée. Dès à présent, cette espérance doit demeurer le ressort de notre agir contre toute forme d’obstacle ou de découragement. En tant que chrétiens, nous devons croire en notre monde plus que quiconque parce que nous le savons qu’il est destiné à l’éternité.
« Seigneur, durant ce temps de l’Avent qui commence, éduque-nous à l’espérance. Tiens-nous en éveil pour que nous suivions tes chemins dans la joie de ta présence. Alors que l’engloutissement nous guette, ouvre nos mains et nos cœurs à la détresse de tes enfants humiliés. Ainsi, nous attendrons avec confiance le jour du Christ, notre Sauveur.»