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Se fier à la Providence, c’est mettre notre contribution dans les mains de Dieu qui nous vient en aide et nous comble: « Seigneur, tu ouvres ta main : tu rassasies avec bonté tout ce qui vit ».

AU FIL DU TEMPS (Articles publiés)


Dans l’Eglise qui est Burundi, les diocèses sont en train de conclure les fêtes des ordinations sacerdotales. Ceux qui sont ordonnés sont, comme nous tous, de pauvres pécheurs qui, pourtant, sont appelés à se sauver et sauver leurs frères ou mieux, à sauver leurs frères et à se sauver. Que peuvent-ils faire? Les lectures dominicales du mois de juillet nous ont appris une chose constante qu’est la fécondité et non la productivité, c’est-à-dire les résultats chiffrés :
– Qu’ils t’écoutent ou pas…; ma grâce te suffit; n’est-ce pas le fils du charpentier? Et ils étaient scandalisés à son sujet (XIV°Dimanche);
– Appelés et envoyés dans la mission comme Amos à Bethel, avec éventualité d’être écoutés ou repoussés (XV° Dimanche);
– Comprendre que le Bon Pasteur est Jésus qui ne nous demande pas les résultats atteints, mais notre pauvre engagement, ce qui n’est pas moins fatiguant (XVI° Dimanche);
– C’est Dieu lui-même qui comble les disproportions entre les possibilités de ceux qu’il se choisit et les missions qu’il leur confie (XVIIº Dimanche, le 25/7). N’est-ce pas sa force qui envoya Moïse le balbutiant chez le pharaon et l’établit à la guide de son peuple? qui éleva le gosse gracile David en vainqueur du puissant Goliath? Ainsi donc, vingt pains d’orge et quelques grains frais d’un côté, cinq pains et deux poissons de l’autre, les deux contributions paraissent bien petites, voire insuffisantes.

En ce dimanche, la première lecture et l’Evangile nous plongent dans des situations difficiles, dramatiques ou à la limite du drame : la famine à l’époque du prophète Élisée ; le rassemblement d’une foule dans un endroit isolé, sans ravitaillement possible ! Quelque chose se passe qui transforme la famine ou le risque de famine en son contraire, l’abondance de nourriture ! « On mangera, et il en restera » (première lecture) -« Quand ils eurent mangé à leur faim (…) ils remplirent douze paniers avec les morceaux … restés en surplus … » (Cf. Evangile) Dans l’événement de la multiplication des pains de l’Évangile et la première lecture observons qu’il n’y a pas de création ’ex nihilo’, pas de création à partir de rien.

Au-delà du fait de la multiplication des pains, que ce soit le serviteur d’Elisée ou l’apôtre André,

les deux posent au bout du compte une même question à leur maître : « Que représente cette quantité infime de pain qui est en notre possession devant la nécessité de nourrir tous ces hommes qui n’ont rien à manger ? » Derrière cette interrogation, s’en trouve une autre d’une portée plus large : Que peut représenter la misérable contribution humaine face aux innombrables nécessités spirituelles et matérielles des hommes ? Ou mieux, en cet « endroit désert », encore qu’il se fait tard, pourquoi ne pas renvoyer ces gens (Cfr Mc 6, 35-36 et parallèles)? C’est peut-être la question devant laquelle nous mettent les lectures de ce 17ème dimanche du temps ordinaire. A lire le récit de Marc et parallèles, Jésus invite plutôt ses disciples à faire asseoir ces gens sur l’herbe verte. En ce désert ? Ici s’opère un changement de vision: il nous faut épouser la vision de Jésus par rapport à nos insuffisances et limites. Conversion, rien que cela!

Dimanche passé, on disait que ce ne sont pas les résultats qui comptent, mais la personne humaine qui se met humblement au service de la Parole, malgré ses faiblesses, ses peurs, ses doutes. Dieu ne regarde pas la quantité que nous pouvons apporter. Il suffit seulement de penser au pain et au vin que nous apportons à l’autel, fruits de la terre/de la vigne et de notre labeur, et qui deviennent sacrement de notre rédemption! Je m’y arrête un peu !! Pour lui, l’essentiel est que nous fournissions quelque chose. Que le petit garçon de l’évangile nous serve d’exemple. Il est ici primordial que Dieu ne veuille pas le faire sans la contribution humaine a fortiori lorsqu’il est question du salut. Et c’est bien de cela dont il s’agit dans la multiplication des pains telle que nous la présente saint Jean annonçant le sacrement de notre salut.

Nous voyons alors combien Dieu veut que nous participions activement à la rédemption de l’humanité. En effet, la route de la rédemption est celle du don et de l’abandon confiant entre les mains du Père. C’est précisément ce que nous lisons dans la passion du Christ. Comme Jésus, le chrétien est appelé à se lancer sans peur sur le chemin du don parce que le soutien divin ne lui fera jamais défaut. A celui qui cherche avec générosité et sincérité à actualiser le Royaume de Dieu et qui garde les yeux fixés sur le Seigneur, l’aide de Dieu arrivera toujours à temps : «Les yeux sur toi, tous, ils espèrent : tu leur donnes la nourriture au temps voulu ; tu ouvres ta main : tu rassasies avec bonté tout ce qui vit », avons-nous prié à travers le Psaume responsorial.

Pour avancer sur le chemin de la rédemption, il faut être pauvre c’est-à-dire vivre et faire l’expérience que ce ne sont pas nos talents ou richesses humaines qui seront pour nous les meilleurs alliés mais bien plutôt une confiance indéfectible en Celui qui est notre unique richesse. Tout ce que nous possédons humainement sera toujours insuffisant mais, en même temps, c’est bien à partir de cela qu’il nous faut partir pour ne pas tomber dans le quiétisme ou le providentialisme. S’en remettre à la Providence ne consiste pas alors à s’abandonner aveuglément aux courants de la vie en espérant que Dieu interviendra en se manifestant spectaculairement au moment opportun. Se fier à la Providence c’est chercher de toutes ses forces à actualiser le règne de Dieu et sa justice en croyant que rien de nous manquera si nous demeurons dans la docilité à la volonté du Seigneur. Il nous vient en aide.

Ici, nous avons deux personnes anonymes interviennent : un homme offrit à Elisée/un jeune garçon ayant cinq pains d’orge, permettent avec le peu qu’ils apportent de nourrir finalement beaucoup de gens ! Apporter ce que l’on a, même si c’est modeste, pauvre, pas à la hauteur des besoins, n’est pas inutile. Au contraire c’est indispensable ! Le miracle ne consiste pas en un passage du rien au tout. Mais dans le développement, la fécondité de ce qui est petit, modeste, pauvre. Le miracle suppose une collaboration de l’homme à l’œuvre de Dieu !

Quel chemin de conversion ! Partir de ce que nous avons mais en même temps reconnaître que sans Dieu nous ne pourrons rien faire. Avouons qu’il est bien plus facile soit de tout prendre en main et le danger est grand de faire notre volonté et non pas celle de Dieu, soit de tout renvoyer à Dieu dans une pseudo-docilité qui risque fort de n’être qu’une fuite de responsabilité. L’équilibre des deux est un don que nous devons toujours demander les uns pour autres.


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