
Alors que les Saints Martyrs de l’Uganda sont célébrés en date du 3 juin de chaque année, les épiscopats du Burundi et du Rwanda ont pris l’option de célébrer comme solennité les Saints Martyrs de l’Uganda après la fête du Sacré-Cœur de Jésus. C’est un dimanche libre après les solennités qui suivent le temps pascal. Les lectures d’aujourd’hui nous permettent de comprendre combien est fort l’amour du Christ qui nous rend forts devant le mal, les difficultés de la vie, même la persécution. Alors que Saint Paul nous parle de ce qu’il a compris de l’amour que Dieu lui porte et qui l’a fait tenir dans les tribulations qu’il a dû affronter dans sa vie et sa mission, l’Evangile projette une lumière nouvelle sur ceux qui vivent le bonheur, même s’il ne se comprend pas parfois comme le commun des gens l’interprète et l’aborde. La première lecture est tirée du livre des Maccabées qu’on appelle aussi le livre des Martyrs d’Israël. Ces livres sont les seuls à nous renseigner sur l’histoire juive de l’époque hellénistique. Le thème des deux ouvrages est semblable : grâce au secours divin, Judas Maccabée et ses frères (de là, l’ancien nom de ces livres) ont pu re- conquérir l’autonomie nationale et la liberté de culte qu’avait tenté d’anéantir Antiochus IV Epiphane (roi de 175 à 164).
Le premier livre des Martyrs d’Israël narre les hauts faits de Judas Maccabée (de 166 à 160) et de ses frères Jonathan (de 160 à 143) et Simon (143-134). Le livre marque une étape capitale dans la foi juive : il parle de résurrection. Il semble que la toute première affirmation se trouve dans le livre de Daniel (Dn 12,2-3), écrit précisément au moment de la persécution d’Antiochus Epiphane et qui aurait inspiré les sept frères de ce texte du 2ème livre des Martyrs d’Israël, qui est plus tardif que le livre de Daniel.
Si jusqu’à présent le défunt était couché avec ses pères et devenait comme une ombre dans le Shéol, lieu de ténèbres et de sommeil, ici est annoncé une résurrection physique, qui n’est pas celle de Paul qui parle de corps spirituel.
Puisque les martyrs mouraient par fidélité à la foi en Dieu, la réflexion a amené les auteurs à penser que Dieu ne pouvait les abandonner au Shéol et donc qu’il viendrait les en faire sortir pour les amener au près de lui, lors de venue du Messie d’Israël ! Les « justes » devaient alors retrouver leur corps matériel pour vivre, sur terre, une période de mille ans, sans mal ni mort. Tel est le début de la foi en la Résurrection, qui est finalement très tardive dans l’évolution de la foi d’Israël… En 323 av. J-C. meurt Alexandre-le-Grand. Ses généraux se partagent alors son Empire. En 175 av. J-C., un descendant de l’un d’entre eux, Antiochus IV Epiphane devient roi d’un vaste territoire qui s’étend de la Mésopotamie à l’Egypte, en passant par la Syrie et la Palestine. Grand défenseur de la culture grecque, en 167 av. J-C., il interdit le culte juif et dédie le Temple de Jérusalem à Zeus, en y plaçant un autel pour lui rendre un culte. Ce fut, pour les juifs, ce qu’ils ont appelé « l’abomination de la désolation ».
Une révolte se mit aussitôt en place conduite par le prêtre Mattathias. Quelques mois plus tard, son fils Judas, surnommé Maccabée (qui signifie Marteau). Judas Maccabée donc, leva une troupe pour combattre le roi Antiochus. La répression de ce dernier fut terrible. C’est dans ce contexte que se situe notre 1ère lecture.
La Résurrection y est justifiée au nom de la fidélité des martyrs d’Israël à leur foi en Dieu, car ils se sont battus et sont morts pour lui et pour sa Loi ! Cependant cette « résurrection » ne concerne, dans un premier temps, que les martyrs. Plus tard, elle sera étendue aux justes, puis à tout le peuple. Mais cette Résurrection est conçue comme un retour à la vie terrestre sur le modèle de celui que nous connaissons, avec toutefois un « mieux » : Il n’y aura plus de mal, il n’y aura plus de mort !
Le texte de l’Evangile nous aide à comprendre et aider à comprendre le message de Jésus qui nous parle de bonheur. Heureux… heureux êtes-vous…. Ce vrai bonheur n’est pas d’abord question de richesse (Ikirézi ntígikūrá ikirézaréza ku mutíma), de succès, de plaisir. Toi qui croyais que le bonheur n’était pas fait pour toi, Jésus te veut heureux maintenant. Sais-tu que tu es heureux, toi, chrétien ? Et si tu ne l’es pas, n’est-il pas bon que tu te mettes en question ? Une chose est cependant claire : le bonheur dont parle Jésus n’exclut pas les contrariétés et la souffrance. En outre, il ne s’agit pas seulement d’une promesse lointaine. Savoir notre condition transfigure déjà le présent, malgré ses contrariétés, comme cela arrive à un agriculteur affamé (et qui donc ne feint pas de souffrir), mais qui regarde avec espoir à son champ fleuri et qui s’en réjouit déjà.
Les béatitudes ont donc cette dimension présente qui est transfigurée par la perspective du monde à venir. Oui, le bonheur annoncé dans les béatitudes, c’est Dieu lui-même et son règne, Dieu à l’action dans la vie des hommes, quand il réconforte les affligés, comble l’espérance des affamés de la justice, pardonne ceux qui ouvrent leurs cœurs à la misère de leur frère, se laisse trouver par ce qui Le cherchent d’un cœur sincère, et reconnaît pour ses fils ceux qui font la paix.