
Ainsi s’énonce l’idée portante des assises de l’assemblée synodale sur la synodalité, en sa phase continentale, qui se tient à Addis Ababa en Ethiopie, dès ce 1er mars 2023. Y ont convergé quelque 200 cents personnes venant de 41 pays du continent africain dont six qui composent la délégation burundaise, sans compter leurs hôtes éthiopiens et des invités d’autres continents, en particulier du Secrétariat du Synode du Saint-Siège, pour l’assemblée synodale du continent africain. Cette assemblée, composée en majorité de laïcs (109 laïcs, dont 32 jeunes, 50 femmes, … mais aussi 35 prêtres, des évêques et 9 cardinaux), et vraiment représentative des catholiques du continent, accueille aussi quelques invités des grandes traditions religieuses du continent : des musulmans, des membres des religions traditionnelles africaines et d’Églises sœurs. C’est une première du genre, les assemblées continentales antérieures réunies par le SCEAM, dites « assemblées plénières », n’ayant jusqu’ici réuni que des évêques. L’assemblée avait été précédée de deux rencontres préparatoires, à Accra (Ghana) en décembre et à Nairobi (janvier).
L’assemblée a commencé ses travaux jeudi 2 mars 2023 par la célébration de l’Eucharistie présidée par le Cardinal Mario GRECH avec l’homélie donnée par le Cardinal Jean-Claude HOLLERICH du Secrétariat romain du Synode des Evêques. Après un mot d’accueil du P. Rafael SIMBINE, Secrétaire Généram du Symposium des Conférences Episcopales de l’Afrique et du Madagascar (SCEAM), Mgr Lucio MUANDELA, 1er vice-président du SCEAM, a animé une prière consistant en une méditation de Ac 8, 1b-40, montrant comment Philippe et l’homme éthiopien se mettent à l’écoute de l’Esprit, et nous rappelant aussi l’origine très ancienne du christianisme éthiopien.

Il a été ensuite proposé une présentation de la « conversation spirituelle », sa signification, sa méthode et sa mise en œuvre, par le Père Giacomo COSTA sj, du Secrétariat du Synode des Évêques. Il a guidé ensuite un temps de méditation personnelle ayant pour thème « Quel a été expérience personnelle du cheminement de la synodalité au cours de ces deux années de synode ? ».
Les participants ont par la suite été invités à se réunir en une quinzaine de petits groupes constitués par affinité linguistique, pour répondre à deux questions : « Quelle est l’intuition qui résonne le plus en nous et peut aider à grandir comme Eglise missionnaire synodale ? » et « Quelle question/tension nous semble devoir être abordée en octobre prochain par les évêques dans la phase universelle du synode ? ». Après une heure de partage, l’assemblée s’est rassemblée à nouveau pour écouter les rapports des groupes.
Ayant inversé le chronogramme du jour, l’après-midi a été dédié à la cérémonie officielle d’ouverture de l’assemblée continentale. Le 2 mars est, en effet, un jour de fête nationale en Ethiopie où l’on commémore la bataille d’Adoua (en 1896) où les Ethiopiens ont sauvegardé leur indépendance par une victoire face à une tentative de colonisation. A cause de cette commémoration, un certain nombre de personnalités ne pouvaient pas être disponibles le matin et la cérémonie officielle d’ouverture a été repoussée à l’après-midi.
Après un mot de bienvenue adressé à toute l’assemblée par P. Teshome FIKRE, le P. Rafael SIMBINE a présenté les délégations présentes, celle du Saint-Siège, le Comité Permanent du SCEAM, le Secrétariat Général du SCEAM (P. Rafael et P. Germain RAJOELISON) et leur valeureuse équipe, les diverses régions d’Afrique (Afrique du Nord, de l’Est, de l’ouest, australe, de l’Océan indien et les deux régions d’Afrique Centrale[1]) et l’Initiative de Synodalité Africaine.
Ont été ensuite invités à prendre la parole le président de la Conférence des évêques catholiques d’Ethiopie S.E. Berhaneyesus Demerew Cardinal SOURAPHIEL, puis S.E. le nonce apostolique en Ethiopie Mgr Antoine CAMILLERI, puis le secrétaire général du Synode S.E. Mario Cardinal GRECH, puis la vice-présidente de l’Union Africaine Dr Monique Nsanzabaganwa, et le président du SCEAM Fridolin Cardinal AMBONGO archevêque de Kinshasa a pris la parole en dernier. Les interventions étaient entrecoupées de chants éthiopiens présentés par la Chorale du Secrétariat Général de la Conférence des Évêques Catholiques d’Ethiopie (CBCE GS choir).
Les intervenants ont souligné le choix judicieux de l’Ethiopie pour la tenue de cette assemblée, comme berceau de la chrétienté et de l’humanité, terre de Lucy, terre biblique, terre de convivialité et de pratique synodale, pays qui s’honore d’avoir reçu les premiers compagnons persécutés du prophète de l’islam, pays qui a réussi à préserver son indépendance et sa dignité, qui est aujourd’hui le siège de l’Union Africaine.
Le Cardinal GRECH a souligné l’importance de l’écoute, de discerner si ce qui est proposé vient bien de l’Esprit Saint, a reprécisé les objectifs des assemblées qui préparent celle des évêques en octobre 2023. Il a relevé que nous resterons toujours des apprenants en matière de fonctionnement synodal, mais tout de même avec davantage d’expérience et une vigilance renouvelée.
Quant à elle, la vice-présidente de l’Union Africaine a souligné l’opportunité d’une réflexion sur ce thème de la synodalité, mettant en évidence l’importance des processus de consultation dans les prises de décision, surtout dans les défis auxquels est confronté le continent aujourd’hui (inégalités, pauvreté, changements climatiques, conflits) où il faut de gros efforts collaboratifs. L’U.A. et la Commission de l’Union Africaine ont pour tâche de promouvoir la paix, la sécurité et le développement durable. La synodalité pourrait y être ajoutée au sens d’inclusivité, participation, dialogue). L’intervenante a réitéré l’engagement de la Commission de l’Union Africaine à soutenir des valeurs et initiatives comme celle-ci et exprimé ses vœux d’un impact positif de ce Synode sur notre continent.
Le Cardinal AMBONGO, prenant la parole en dernier, a chaleureusement remercié tous les participants de leur engagement et nos hôtes de leur présence. Il a encore souligné la pertinence du choix de l’Ethiopie et d’Addis Ababa pour la tenue de l’assemblée continentale. Il a exprimé sa gratitude au pape François pour son initiative visant à redécouvrir la valeur de la synodalité. Celle-ci est enracinée dans des valeurs africaines telles la palabre, l’ubuntu, l’ujamaa où est mise en valeur la famille, comme le rappelle le n°63 d’Ecclesia in Africa « le Synode [de 1994], synode qui a parlé de l’inculturation, avec au centre l’idée-force de l’Église Famille de Dieu. Les Pères y ont vu une expression particulièrement appropriée de la nature de l’Église pour l’Afrique. L’image, en effet, met l’accent sur l’attention à l’autre, la solidarité, la chaleur des relations, l’accueil, le dialogue et la confiance. » Outre la famille considéréee comme modèle de vie d’Eglise, le Cardinal a évoqué les Communautés Ecclésiales de Base (CEB). Selon cet archevêque de Kinshasa, l’initiative de ce Synode arrive donc à point nommé puisque, malgré une croissance remarquable de l’Eglise en Afrique, il y a aussi des expériences amères (conflits, tensions raciales, xénophobie, injustices, instabilité politique, pillage de richesses nationales, enrichissement rapide par des moyens illégaux, comme le souligne le Document de Kampala (n°56). Le Cardinal a exprimé le vœu que notre parcours synodal donne lieu à des transformations concrètes et a insisté lui aussi sur l’écoute, sur notre capacité à tous, pasteurs et fidèles, à entrer dans le monde de l’autre et entendre la voix de l’Esprit. Il a ensuite présenté les trois questions sur lesquelles notre assemblée serait appelée à travailler le jour suivant. La journée s’est conclue par une séance de photos officielles, un rafraîchissement et le repas du soir.

Les travaux se poursuivent aujourd’hui en plénières et dans les groupes en approfondissant les questions principales mises en évidence par le Document rédigé pour l’étape continentale, obtenu après le dépouillement des contributions de toutes les conférences épiscopales qui composent le SCEAM.
Soulignons que la CECAB n’a pas envoyé de délégué à ses assises puisqu’ils se préparent à la Visite ad limina qu’ils vont effectuer en ces jours au Saint-Siège à Rome.
Abbé Lambert Riyazimana
Équipe de Communication du SCEAM pour le synode.
[1] Le P. Rafael SIMBINE a expliqué l’absence de l’AHCE (Assemblée Hiérarchique Catholique d’Egypte) par la participation à l’assemblée « continentale » du Moyen-Orient de langue arabe.