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Bienheureux Carlo Acutis et évangélisation du continent numérique : vers une génération des «veilleurs du matin ».

En quoi la sainteté de ce jeune Carlo interpelle les générations de ce millénaire ? Peut-on espérer aujourd’hui rendre Dieu présent à l’exemple de Carlo Acutis dans les réseaux sociaux comme Tiktok, Instagram, Twitter et Facebook qui rassemblent aujourd’hui des milliers des gens, jeunes et moins jeunes ?    

Ces derniers jours , le discours de la sainteté a fait une nouvelle entrée, jeune, dans notre Eglise et dans notre monde suite à la béatification de Carlo Acutis, jeune très versé dans le monde numérique. Cet événement ne peut pas ne pas nous provoquer au moment où le message de la sainteté perd de valeur aux yeux de nos contemporains et des jeunes en particulier. A la veille du troisième millénaire, Saint Jean Paul II invitaient les jeunes à devenir des veilleurs du matin (Novo millennio ineunte,n°31) et Carlo fait partie de ces jeunes des années 2000 qui ont fait leurs les paroles de Saint Jean Paul II. Carlo Acutis est devenu un grand missionnaire sur l’internet malgré son bas âge. Ainsi, on dit qu’il a créé un site internet présentant plus de cent miracles eucharistiques, devenu par la suite l’objet d’une exposition présentée dans le monde.[1]

  1. Carlo Acutis,  un modèle nouveau de sainteté

Dans son Exhortation apostolique Post-synodal Christus vivit , le pape François, rappelle aux jeunes qu’ils sont l’Aujourd’hui de Dieu (Cf. N°64).  Certes,nous ne pouvons pas seulement dire que les jeunes sont l’avenir du monde. Ils sont le présent, ils peuvent l’enrichir par leur apports. Ainsi, ce premier jeune bienheureux du XXIème siècle montre que la sainteté est un objectif atteignable par tous, et non une réalité abstraite du passé réservée à quelques-uns.[2] Or, Croire pour certains qu’un  jeune du 21ème  siècle à l’aune du développement de l’internet  pourrait être un saint reste du domaine du surréalisme. Pourtant, dans sa passion de la programmation des ordinateurs et dans les montages des films ; Carlo n’était  ni un  ange ni un naïf, il a dû sûrement  faire face à tous les défi des jeunes de notre temps.

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Pré-évangélisation : dans le monde de l’ «Info-communication», sur le modèle de l’ «Incarnation».

L’Eglise enseigne et communique principalement par trois moyens : la catéchèse, la réflexion philosophico-théologique et l’information (et la communication-plus ample que l’information!)  mais le rapport entre ces moyens, n’est pas toujours équilibré. Il faut dire qu’aucun ne peut être réductible à l’autre. L’essence de l’Eglise est de communiquer, transmettre une Nouvelle, la Bonne Nouvelle, selon le commandement de son divin Fondateur : « allez par toute la terre, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création » (Mc 16,15).

D’aucuns pourraient se demander le raisons de cet accostage « osé » entre l’information et l’incarnation dans la vie de l’Eglise. Je partirais de l’invitation du pape Jean Paul II dans l’Encyclique Redemptoris Missio, quand il nous invite à (suite…)

Communication et Miséricorde. Proximité dans l’écoute de l’autre.

facebookLe message pour la Journée Mondiale de la Communication a été rendu public. Au cours de cette Année Jubilaire de la Miséricorde, le Pape nous invite à associer Communication et Miséricorde pour une rencontre et une proximité fécondes. EN particulier, il souligne le bruitage qui peut caractériser les réseaux sociaux qui, pourtant, peuvent nous aider à construire des ponts, à écouter (plutôt qu’entendre seulement), à nous ouvrir aux autres que nous ne voyons pas bien qu’ils soient réels.

Voici alors l’intégralité du message du Pape.

Communicataion et Miséricorde: une rencontre féconde.

pape-francois-smartphonesChers frères et œurs,
L’Année Sainte de la Miséricorde nous invite à réfléchir sur le rapport entre communication et miséricorde. En effet l’Église, unie au Christ, incarnation vivante de Dieu Miséricordieux, est appelée à vivre la miséricorde comme un trait distinctif de tout son être et de tout son agir. Ce que nous disons et la manière dont nous le disons, chaque parole et chaque geste, devrait pouvoir exprimer la compassion, la tendresse et le pardon de Dieu pour tous. L’amour, par nature, est communication, il conduit à s’ouvrir et non pas à s’isoler. Et si notre cœur et nos gestes sont animés par la charité, par l’amour divin, notre communication sera porteuse de la force de Dieu.

En tant qu’enfants de Dieu, nous sommes appelés à communiquer avec tous, sans exclusion. En particulier, c’est le propre du langage et des actions de l’Église que de transmettre la miséricorde, en sorte de toucher les cœurs des personnes et de les soutenir sur le chemin vers la plénitude de la vie que Jésus Christ, envoyé par le Père, est venu apporter à tous. Il s’agit d’accueillir en nous et de répandre autour de nous la chaleur de l’Église Mère, pour que Jésus soit connu et aimé ; cette chaleur qui donne consistance aux paroles de la foi et qui allume dans la prédication et dans le témoignage « l’étincelle » qui les rend vivantes.

La communication a le pouvoir de créer des ponts, de favoriser la rencontre et l’inclusion, enrichissant ainsi la société. Comme il est beau de voir des personnes engagées à choisir avec soin des paroles et des gestes pour dépasser les incompréhensions, guérir la mémoire blessée et construire la paix et l’harmonie. Les paroles peuvent jeter des ponts entre les personnes, les familles, les groupes sociaux, les peuples ; que ce soit dans le domaine physique ou dans le domaine numérique. Que les paroles et les actions soient donc telles qu’elles nous aident à sortir des cercles vicieux des condamnations et des vengeances, qui continuent à piéger les individus et les nations, et qui conduisent à s’exprimer avec des messages de haine. La parole du chrétien, au contraire, se propose de faire grandir la communion et, même quand il faut condamner le mal avec fermeté, elle cherche à ne jamais briser la relation et la communication.

Je voudrais donc inviter toutes les personnes de bonne volonté à redécouvrir le pouvoir de la miséricorde de guérir les relations déchirées, et de ramener la paix et l’harmonie entre les familles et dans les communautés. Nous savons tous de quelle manière les vieilles blessures et les ressentiments peuvent piéger les personnes et les empêcher de communiquer et de se réconcilier. Et ceci vaut aussi pour les relations entre les peuples. Dans tous ces cas, la miséricorde est capable de créer une nouvelle manière de parler et de dialoguer, comme l’a ainsi très bien exprimé Shakespeare : «La miséricorde n’est pas une obligation. Elle descend du ciel comme la fraîcheur de la pluie sur la terre. Elle est une double bénédiction : elle bénit celui qui la donne et celui qui la reçoit» (Le Marchand de Venise, Acte 4, Scène 1).

Il est souhaitable que le langage de la politique et de la diplomatie se laisse aussi inspirer par la miséricorde, qui ne donne jamais rien pour perdu. Je fais appel surtout à tous ceux qui ont des responsabilités institutionnelles, politiques et dans la formation de l’opinion publique, pour qu’ils soient toujours vigilants sur la manière de s’exprimer envers celui qui pense ou agit autrement, et aussi envers celui qui peut s’être trompé. Il est facile de céder à la tentation d’exploiter de semblables situations et d’alimenter ainsi les flammes de la défiance, de la peur, de la haine. Il faut au contraire du courage pour orienter les personnes dans des processus de réconciliation ; et c’est justement cette audace positive et créative qui offre de vraies solutions à de vieux conflits, et l’occasion de réaliser une paix durable. «Bienheureux les miséricordieux, parce qu’ils obtiendront miséricorde […] Bienheureux les artisans de paix, parce qu’ils seront appelés fils de Dieu» (Mt 5, 7.9).

Comme je voudrais que notre manière de communiquer, et aussi notre service de pasteurs dans l’Église, n’exprime jamais l’orgueil fier du triomphe sur un ennemi, ni n’humilie ceux que la mentalité du monde considère comme perdants et à rejeter ! La miséricorde peut aider à tempérer les adversités de la vie et à offrir de la chaleur à tous ceux qui ont seulement connu la froideur du jugement. Que le style de notre communication soit en mesure de dépasser la logique qui sépare nettement les pécheurs des justes. Nous pouvons et devons juger des situations de péché – violence, corruption, exploitation, etc. – mais nous ne pouvons pas juger les personnes, parce que seul Dieu peut lire en profondeur dans leur cœur. C’est notre devoir d’avertir celui qui se trompe, en dénonçant la méchanceté et l’injustice de certains comportements, afin de libérer les victimes et de soulager celui qui est tombé. L’Évangile de Jean nous rappelle que «La vérité vous rendra libres» (Jn 8, 32). Cette vérité est, en définitive, le Christ lui-même, dont la douce miséricorde est la mesure de notre manière d’annoncer la vérité et de condamner l’injustice. C’est notre principal devoir d’affirmer la vérité avec amour (Cf. Ep 4, 15). Seules les paroles prononcées avec amour et accompagnées de douceur et de miséricorde touchent les cœurs des pécheurs que nous sommes. Des paroles et des gestes durs ou moralisants risquent d’aliéner plus tard ceux que nous voudrions conduire à la conversion et à la liberté, en renforçant leur sens du refus et de la défense.

Certains pensent qu’une vision de la société enracinée dans la miséricorde serait de façon injustifiée idéaliste ou excessivement indulgente. Mais essayons de repenser à nos premières expériences de relations au sein de la famille. Nos parents nous ont aimés et appréciés pour ce que nous sommes, plus que pour nos capacités et nos succès. Les parents veulent naturellement le meilleur pour leurs enfants, mais leur amour n’est jamais conditionné par le fait d’atteindre des objectifs. La maison paternelle est le lieu où tu es toujours accueilli (Cf. Lc 15, 11-32). Je voudrais vous encourager tous à penser la société humaine non comme un espace où des étrangers rivalisent et cherchent à dominer, mais plutôt comme une maison ou une famille, où la porte est toujours ouverte et où l’on cherche à s’accueillir réciproquement.

C’est pourquoi il est fondamental d’écouter. Communiquer signifie partager, et le partage exige l’écoute, l’accueil. Écouter est beaucoup plus qu’entendre. Entendre concerne le domaine de l’information ; écouter, en revanche, renvoie à celui de la communication, et exige la proximité. L’écoute nous permet d’avoir l’attitude juste, en sortant de la condition tranquille de spectateurs, d’auditeurs, de consommateurs. Écouter signifie aussi être capable de partager des questions et des doutes, de faire un chemin côte à côte, de s’affranchir de toute présomption de toute-puissance et de mettre humblement ses capacités et ses dons au service du bien commun.

Écouter n’est jamais facile. Parfois il est plus confortable de faire le sourd. Ecouter signifie prêter attention, avoir le désir de comprendre, de valoriser, respecter, garder la parole de l’autre. Dans l’écoute une sorte de martyre se consume, un sacrifice de soi-même dans lequel le geste sacré accompli par Moïse devant le buisson ardent se renouvelle : retirer ses sandales sur la «terre sainte» de la rencontre avec l’autre qui me parle (Cf. Ex 3, 5). Savoir écouter est une grâce immense, c’est un don qu’il faut invoquer pour ensuite s’exercer à le pratiquer.

Reseaux sociauxLes e-mail, sms, réseaux sociaux, chat peuvent, eux aussi, être des formes de communication pleinement humaines. Ce n’est pas la technologie qui décide si la communication est authentique ou non, mais le cœur de l’homme et sa capacité de bien user des moyens mis à sa disposition. Les réseaux sociaux sont capables de favoriser les relations et de promouvoir le bien de la société, mais ils peuvent aussi conduire plus tard à des polarisations et des divisions entre les personnes et les groupes. Le domaine numérique est une place, un lieu de rencontre, où l’on peut caresser ou blesser, avoir une discussion profitable ou faire un lynchage moral. Je prie pour que l’Année jubilaire vécue dans la miséricorde «nous rende plus ouverts au dialogue pour mieux nous connaître et nous comprendre. Qu’elle chasse toute forme de fermeture et de mépris. Qu’elle repousse toute forme de violence et de discrimination» (Misericordiae vultus, n. 23). Une véritable citoyenneté se construit aussi en réseau. L’accès aux réseaux numériques comporte une responsabilité pour l’autre, que nous ne voyons pas mais qui est réel, il a sa dignité qui doit être respectée. Le réseau peut être bien utilisé pour faire grandir une société saine et ouverte au partage.

La communication, ses lieux et ses instruments, ont comporté un élargissement des horizons pour beaucoup de personnes. C’est un don de Dieu, et c’est aussi une grande responsabilité. J’aime définir ce pouvoir de la communication comme «proximité». La rencontre entre la communication et la miséricorde est féconde dans la mesure où elle génère une proximité qui prend soin, réconforte, guérit, accompagne et fait la fête. Dans un monde divisé, fragmenté, polarisé, communiquer avec miséricorde signifie contribuer à la bonne, libre et solide proximité entre les enfants de Dieu et les frères en humanité.»

 

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