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En Jésus « baptisé », Dieu se fait solidaire de l’homme pécheur qu’il veut relever.
L’évangile selon saint Luc nous rapporte le début de vie publique de Jésus dans un certain ordre, qui n’est pas du tout chronologique. Il s’agit d’un message fort de la foi. Après la prédication de Jean-Baptiste : «convertissez-vous… » (Lc 3,1-18) vient directement son emprisonnement (Lc 3, 19-20), avant le Baptême de Jésus (Lc 3, 21-22). Ceci semble anachronique ! Est-il mis en prison avant ou après le baptême de Jésus? C’est alors que Luc mentionne la généalogie humaine de Jésus (Lc 3,23-38) pour nous le présenter comme l’un de nous, qui sera même tenté (comme nous le sommes aussi) pendant sa retraite de 40 jours au désert Lc 4, 1-13) avant qu’il ne commence à prêcher, en particulier à Nazareth (Lc 4, 4-30).
Comprendre le contexte des textes de la liturgie de ce dimanche.
Nous remarquons donc que Luc ne cherche pas d’abord à nous renseigner sur une succession de «faits historiques». Luc mentionne par exemple l’emprisonnement de Jean avant de nous faire assister au baptême de Jésus, au cours duquel il ne fait même pas mention du Précurseur. Les anciens (suite…)
Baptême du Seigneur : dans le Jourdain, Jésus nous relève des eaux de la mort par son abaissement.
Le temps de Noël ne peut avoir meilleure conclusion que la célébration du baptême du Seigneur. C’est en effet ainsi que nous terminons ce temps liturgique qui est le temps de la révélation de la grâce du salut en Jésus-Christ. Dans la Crèche, nous avons contemplé le Verbe fait chair, à l’Épiphanie nous avons vu la lumière du Christ illuminer les nations, au jour de son baptême, l’œuvre de Dieu se révèle dans sa plénitude : le Père veut sauver tous les hommes et confie à son Fils de leur révéler son amour. Mais ne nous méprenons pas : le temps de Noël ne s’arrête pas sur cet exposé de foi trinitaire. Que Dieu mette tout son amour en Jésus-Christ son fils unique nous enseigne que c’est en son Fils qu’il nous aime. Nous abordons donc le temps ordinaire riches de la révélation que le jugement de Dieu sur les hommes pécheurs consiste à faire d’eux ses enfants d’adoption, des fils dans le Fils.
La liturgie de ce jour nous propose aujourd’hui un voyage étonnant. La première lecture s’ouvre en effet sur ce verset d’Isaïe : « voici (…) mon élu en qui j’ai mis toute ma joie », et l’évangile se termine sur cette parole du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour ». Ces deux versets désignent évidemment la même personne, leurs différences nous enseignent le chemin qu’il y a de la prophétie à son accomplissement.
Le serviteur dont parle la 1ère lecture n’est pas un personnage qui puisse être envisagé indépendamment de sa vocation. Cette vocation est remarquable : « il fera paraître mon jugement en toute fidélité ». Ainsi, en contemplant le Serviteur à l’œuvre, en nous émerveillant de la délicatesse de celui qui n’éteint pas « la mèche qui faiblit » et qui n’écrase pas « le roseau froissé », nous découvrons la délicatesse de l’amour de Dieu envers tout homme, nous découvrons ce projet divin que Dieu appelle « mon jugement ». Voici le jugement de Dieu sur l’humanité : « tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leurs prisons et de leur cachot, ceux qui habitent les ténèbres ». Dieu veut redonner à tout homme sa liberté perdue, il veut tous nous rendre à nouveau capables d’aimer.
Saint Pierre explique dans la deuxième lecture, que « Dieu ne fait pas de différence entre les hommes », car il les regarde en son Fils unique, en Jésus-Christ. « C’est lui, Jésus, qui est le Seigneur de tous » ; c’est lui, Jésus, qui est le Serviteur dont le prophète disait « j’ai fait reposer sur lui mon esprit ». Tel est bien le témoignage que nous livre Jean-Baptiste et que Pierre atteste : « Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force ». Par la parole de saint Pierre, l’Église entière atteste qu’elle a vu l’accomplissement de la prophétie en Jésus-Christ.
Dans l’Évangile, nous retrouvons donc Jean-Baptiste ; il est là pour accomplir sa propre mission de désigner Jésus comme le Messie. Après avoir entendu son portrait par Isaïe, nous mesurons à quel point l’événement du baptême de Jésus se passe dans l’extrême de l’obéissance et de l’humilité : voici le Sauveur du monde venant demander le baptême que Jean donne pour préparer les hommes à recevoir la grâce du salut. Or il est, lui, celui qui vient réveiller l’espérance du salut dans toutes les îles lointaines que sont nos cœurs isolés dans leurs projets d’autonomie ! Voici donc que lui qui n’a pas péché, se laisse ensevelir dans les eaux du Jourdain, c’est-à-dire dans les eaux de notre mort.
Oui, il « descend » dans ce « drôle de fleuve » unique en son genre. Jourdain signifie en hébreu le descendeur, de la racine YARAD= descendre. Il a sa source dans l’Hermon, à environ 520 mètres d’altitude, et, en 220 kilomètres de longueur, il aboutit à la Mer Morte, à plus de 300 mètres au dessous du niveau de la mer. Voilà où Jésus descend, pour nous soulever de notre abaissement. Quel est mon attitude face aux faibles, aux pécheurs, … ? Est-ce que je ne les juge pas du haut de ma certitude morale ? L’attitude de Jésus m’interpelle-t-elle pour supporter, sauver, relever ceux qui font le mal autour de moi, et surtout ceux qui me font du mal ?
Jean Baptiste ne mésestime pas la grandeur de cet événement. Il s’exclame en effet : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi ! ». Jean Baptiste cherche ainsi à empêcher Jésus de recevoir le baptême, considérant que c’est lui-même qui a besoin d’être baptisé dans l’Esprit et non Jésus qui devrait se soumettre au rite du baptême de l’eau ! La réponse de Jésus est claire : « laisse-moi faire ». Jésus n’est soumis à aucune nécessité de recevoir ce baptême puisqu’il est sans péché et que sa mission est de ramener les pécheurs. Jésus reçoit le baptême de Jean Baptiste parce qu’il choisit de le faire. Il s’agit d’une humiliation volontaire de celui qui a décidé de se rendre solidaire des hommes. Et il le fait dans l’obéissance : « c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste ». Jésus et Jean doivent accomplir ensemble un dessein divin, qui, « pour le moment », demeure caché, mais qui se dévoilera au fur et à mesure qu’ils le réaliseront.
Cette humiliation volontaire et cette obéissance nous apprennent beaucoup sur la manière dont Jésus envisage sa propre mission, sa propre identité. Il vient en effet dans le but d’accomplir les Écritures, c’est-à-dire pour réaliser les prophéties de l’Ancien Testament, notamment celle que nous avons entendue dans la première lecture. Mais en les accomplissant, il les dépasse amplement. Jésus ne réalise pas les prophéties au pied de la lettre (on le lui en demandait pas d’en faire autant), il les réalise d’une manière qui révèle pleinement l’amour de Dieu qui a suscité le projet divin annoncé par la prophétie. C’est ainsi qu’il nous sera possible de passer de la joie, « en lui j’ai mis toute ma joie » rapportait Isaïe, à l’amour paternel de Dieu, « en lui j’ai mis tout mon amour », rapporte saint Matthieu. La joie de Dieu est la joie de celui qui aime et qui ne fait qu’aimer.
Ainsi, Jésus fut-il baptisé. Dès qu’il « sortit de l’eau », c’est-à-dire dès qu’il émerge de la mort dans laquelle il s’est volontairement plongé, dès qu’il rend la vie victorieuse sur la mort, mais également, dès qu’il eut franchi les eaux du Jourdain, dès qu’il entra sur la Terre Promise, « voici que les cieux s’ouvrirent ». Jésus est le nouveau Josué qui conduit le peuple de Dieu sur la Terre où Dieu l’attend, il rouvre les portes du paradis. En effet, Jésus et Josué sont deux variantes du même non : YEHOSHUAH. Le monde divin est à nouveau accessible à l’homme. L’Esprit Saint est donné dans sa plénitude au Messie. Puis Dieu le Père atteste en personne l’identité de son Fils. Lui seul pouvait le faire. La colombe et la voix, qui cite Isaïe, nous expliquent qu’il consacre son Fils dans la plénitude l’Esprit Saint, qu’il remet le monde entre les mains de son serviteur pour qu’il le sauve. La grande attente d’Israël est comblée, l’espérance de tout homme est satisfaite. Un sauveur nous est né, un fils nous est donné.
Seigneur Jésus, merci pour le temps de grâce que nous avons vécu avec toi ces dernières semaines. Nous avons vu en toi l’humanité que Dieu enfante, l’homme nouveau que nous sommes appelés à devenir. Nous avons vu briller la lumière de ton salut à la face des nations. Donne-nous de manifester fidèlement le jugement de Dieu pour tout homme : nous sommes devenus enfants de Dieu, fils dans le Fils, animés de la vie divine, envoyés vers nos frères dans la force de l’Esprit. Que ce don précieux transfigure notre temps ordinaire, qu’il soit, à chaque instant, le temps de ta grâce.