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« Et vous, qui dites-vous que je suis? » Entrer dans la nouveauté de la messianité du Christ.

Déplacement physique, croissance spirituelle.

L’Evangile de Matthieu rapporte le récit de plusieurs personnes en déplacement. La sainte famille part en Egypte et revient (Mt 2,13-23) ; Jésus se déplace dans le territoire de la Galilée (Mt 4,23) ; ses disciples traversent le lac (Mt 15,29 ; 16,5)… En ce 21ème dimanche du T.O, Jésus et ses disciples se rendent aux frontières les plus éloignées du territoire contrôlé par les Romains, après l’épisode de Tyr et Sidon, et arrivent à Césarée de Philippe, ville païenne se trouvant à environ 45km au nord du Lac de Galilée. Souvent, de tels déplacements physiques signifient un progrès spirituel et une occasion de croissance dans la foi. Césarée de Philippe sera un tournant dans la vie de Jésus et dans la foi de ses disciples. Une occasion de voir les objectifs de nos pèlerinages, pour ce qui regarde la croissance dans la foi.

Dans ce cheminement, chacun progresse à son rythme. Ses disciples ont une foi naissante (Mt16,8) ; les autorités religieuses le rejettent et l’accusent même de collaborer avec le diable (Mt9,34) et complotent sa mort (Mt12,14) d’où ils essaient de le piéger (Mt16,1) ; la foule l’accompagne en voyant en lui une certaine réincarnation des prophètes du passé (voir Mt 3,23-24 ; 7,29 ; 9,8 ; 13,53-58). Quelle est ma progression de foi ?

Césarée de Philippe.

Après l’épisode de Tyr et Sidon, avec les douze, Jésus s’est retiré dans la région de «Césarée-de-Philippe », ville construite par le tétrarque Hérode-Philippe près des sources du Jourdain, et ainsi dénommée en l’honneur de l’empereur Auguste. Jésus a-t-il voulu susciter la reconnaissance de son identité messianique sur l’horizon de cette cité élevée à la gloire des grands de ce monde, afin de suggérer l’antagonisme irréconciliable entre le Royaume de son père et les Empires d’ici-bas ? Ou bien a-t-il choisi ce lieu paradisiaque où l’eau coule en abondance et où la végétation est luxuriante, pour signifier que l’accueil de la révélation donne accès à la nouvelle création ? Peut-être faut-il conjuguer les deux interprétations : Jésus pourrait en effet suggérer par ce choix géographique, que l’on n’accède au nouvel Eden qu’en renonçant aux fastes d’ici-bas ?

Césarée était dite « de Philippe » : ce prince avait entrepris de reconstruire la ville (suite…)

La foi est une relation personnelle avec Jésus, nous fait passer de la guérison au salut. Rendons grâce pour ce don.

Universalité du salut en Jésus-Christ.

les-dix-lepreuxL’Evangile de Saint Luc qui nous accompagne le long de cette année liturgique nous rappelle constamment le caractère universel et universaliste du salut en Jésus-Christ. Au moment où nos communautés nationales, régionales, nos familles, et différents groupements risquent de nous enfermer sur nous-mêmes, Luc nous ouvre l’esprit, lui qui aurait vécu dans une société multi-ethnique et multiculturelle. Il nous montre un Jésus qui ne fanatise pas avec le racisme, les divisions de toutes considérations. En effet, Jésus se rend à Jérusalem (nous l’accompagnons depuis le mois de Juillet, quand nous méditions la fin du chapitre 9) en traversant la Samarie, province méprisée et excommuniée par les habitants de Jérusalem (Voir Jean 4,9).

Après 722 av.J.C, la Samarie avait été repeuplée d’un ramassis d’esclaves : des populations de toutes origines, un mélanges de races, cultures, croyances religieuses et peut-être des incroyants. Des hérétiques ! Ne vous rappelez-vous pas que même les apôtres de Jésus voulaient faire descendre du feu sur les Samaritains ? N’étaient-ils même choqués de trouver Jésus en train de parler avec la samaritaine ? La largeur de vue de Jésus doit nous mettre en question. N’y a t-il pas en nous des préjugés du genre ? Des catégories et groupes de gens, des gens de certains milieux, certains … (complétez vous-mêmes!) que nous avons déjà jugés et classés ?

Contre nos préjugés et classifications

naamanDans la première lecture, le Général Naaman est contraint à se dépouiller de sa noblesse pour obéir aux paroles du prophète Elisée. Quelle humilité n’a-t-il pas fallu à ce Général syrien pour aller trouver le prophète alors les Syriens et les Hébreux étaient en guerre ? En plus, la cure de guérison prescrite par le prophète lui paraissait peu sérieuse : se plonger sept fois de suite dans le Jourdain. Dépassant ses préjugés, il s’exécuta et fut guéri. Reconnaissant alors la puissance du Dieu d’Israël qui éclipse tous les dieux qu’il avait jusque-là honorés, il emporte de la terre de Palestine pour construire en son pays un autel au Seigneur. Nous qui sommes attachés à ce que quelqu’un a été dans le passé (il m’a insulté, sa famille, son ethnie… nous a fait tant de mal dans le passé, etc.), serions-nous capables de faire comme ce Général qui va se faire soigner chez les ennemis ? C’est grâce à cette humilité/humiliation qu’il découvre la miséricorde de Dieu et reconnaît la grandeur du Dieu d’Israël, bien qu’il soit étranger. La foi exige un dépouillement continuel de soi, de ses (suite…)

Le Jeudi Saint nous inscrit dans la culture de l’amour et du service de l’autre.

Dieu nous libère du péché en convertissant notre cœur

A LambertDu retour de l’exil en Babylone, le peuple d’Israël devait expérimenter une expérience dure. Même s’ils étaient libérés de l’esclavage d’un peuple étranger, ils n’étaient pas encore totalement libres des chaines de l’injustice, de la corruption, et surtout, la pauvreté qui dérivait du fait qu’ils avaient été absents au pays pour longtemps. Il fallait tout reconstruire et en cela, des difficultés, aussi compréhensibles, ne manquent pas. Les pays qui sortent des crises et guerres en ont l’expérience. C’est dans cette perspective que le Seigneur leur promet une libération totale. En effet, ce ne sont pas les structures qui changent la situation, elles ne sont qu’un premier pas. La libération que leur promet le Seigneur s’enracinera dans le cœur des personnes qui doivent faire fonctionner ces structures. Il ne s’agit donc pas de changer de régimes, de structures sociales, politiques, ecclésiastiques même, mas de changer le cœur des hommes et femmes de notre temps. Il s’agit de s’inscrire dans une autre logique, celle que nous tracent les lectures d’aujourd’hui, que ce soient celles de la messe chrismale (qui normalement se célèbre Jeudi matin là où les circonstances le permettent) et la messe in Cœna Domini qui est célébrée le soir du Jeudi Saint.

Ce changement est ardu. S’il est facile de considérer l’œuvre de Dieu dans notre passé, comme nous pouvons nous le remémorer, il est difficile de le voir dans notre présent, puisque beaucoup de facteurs nous empêchent d’avoir une vision claire de la réalité. Bien plus difficile est encore considérer Dieu comme celui qui vient et donc quelqu’un auquel nous pouvons dédier notre vie, notre futur. Il devient alors Celui qui donne sens à notre vie, comme nous le méditons dans la 2ème lecture de la messe du matin du Jeudi Saint.

Dans les évangiles synoptiques, la prédication de Jésus commence par les appels à la conversion puisque le Règne de Dieu était proches (Mt4, 17 ; Mc1, 14-15). Luc a préféré expliciter cela d’une autre manière : la présence même de Jésus est exaucement des promesses de Dieu. Telle est la logique de l’Evangile de la messe chrismale. Et c’est à partir de ce sens que nous abordons les textes de la messe de l’institution de l’Eucharistie et du Sacerdoce (la « Messa in Cœna Domini »).

Jésus n’est pas seulement un Maître de la Parole, il est aussi Témoin.

JeudiSaintDans les films dramatiques dignes de leur nom, il arrive un moment dans lequel le protagoniste fait un discours touchant, qui donne le ton ou même le titre à tout le récit. La vie et la prédication de Jésus ne sont pas pourtant un film dramatique. En effet, dans les derniers instants qu’il a passé avec ses disciples, Jésus ne s’est pas contenté de leur faire une harangue formidable. Il leur a confié et demandé un engagement concret et l’a illustré d’une manière on ne peut plus éloquente : il leur donne l’exemple.

L’évangéliste Jean choisit de commencer le récit de la dernière cène de Jésus en soulignant la pleine conscience de Jésus sur ce qui allait se passer. Ceci signifie que le geste qu’il pose n’est pas un simple hasard. Alors, prendre soin de nos frères et sœurs ne signifie plus faire une bonne action que nous choisissons parmi tant d’autres possibles, cela signifie se modeler à l’image de notre Maitre. Et cela se comprend si et seulement si l’on se situe dans la logique de l’amour et de la foi.

La foi est un préalable pour comprendre le geste du lavement des pieds.

Le chapitre 13 de Saint Jean se construit autour de l’amour qui se fait service. Jésus indique l’amour comme signe crédible de reconnaissance de ses disciples (Jn13,35), un amour comme celui de Jésus qui accepte l’abaissement radicale de la croix et du don de la vie (Jn15,13).

Le geste du lavement des pieds renferme toute une valeur christologique. Pour cela, ce geste ne peut être compris que dans la logique de la foi. Ceci se remarque dans les attitudes de Judas et de Pierre. Le premier, sous l’emprise du diable, ne veut plus recevoir l’amour que Jésus lui manifeste en lui donnant la bouchée, chose qui était seulement faite pour les hôtes de marque. Voyez que nous le voyons maintenant pour les jeunes mariés quand ils échangent des fourchettes et verres de vin, chacun le donnant à l’autre.

Le second n’accepte pas que son maitre le lave puisqu’il ne comprend pas que le lavement des pieds symbolise la purification opérée par la passion du Christ. La difficulté de Pierre, comme la nôtre, de nos jours, est de reconnaître notre péché et donc que nous avons besoin d’être purifiés. La 2ème difficulté de Pierre est d’accepter le ministère messianique de Jésus et la façon dont il se réalise : un Messie souffrant et « vaincu ». On le voit surtout après la révélation de Césarée de Philippe, quand Pierre le prend en aparté pour le dissuader de ne pas aller souffrir à Jérusalem (Cfr. Marc 8,32 et parallèles). Il en ressort donc que mettre en question le lavement des pieds fait par Jésus devient la même chose que mettre en question sa mission messianique, et par conséquent se mettre dans une logique autre que celle de la foi. Augmente en nous la foi, Seigneur !

Du lavement des pieds au style chrétien de vie.

Vivre le geste du lavement des pieds ne peut être limité à être une occasion, mais doit devenir un style chrétien de vie. Toute la vie du chrétien doit être service, même quand l’on occupe des responsabilités au sein de la société ou de l’Eglise. Il faut noter que même le prêtre dépose ses parements liturgiques pour s’agenouiller et servir. Il met de côte son honneur et son rang (qu’il tient de Jésus bien sûr) pour servir.

Seigneur, Toi qui nous a réuni pour célébrer ces Saints Mystères de notre rédemption, dans lesquels, Jésus ton Fils et notre Frère, avant de se livrer librement à la mort, confia à l’Eglise le sacrifice nouveau et éternel de son amour pour nous, fais que notre participation à ces si grands mystères, nous soyons renouvelés et affermis dans l’amour qui se manifeste dans le service concret de nos frères et sœurs. Amen.

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