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Le Pape François est « un fils de l’Eglise ». Marche-t-il sans l’Eglise?contre l’Eglise ?
Le fait de concentrer le regard sur un arbre bizarre et curieux dans une forêt ne devrait pas empêcher la vision de toute la forêt qui lui donne prospective, c’est-à-dire le contexte. Malheureusement, c’est ce qui arrive souvent quand le domaine de l’information se concentre sur une personne comme c’est le cas du Pape François dont on ne cesse de décrire les actes de la « révolution Bergoglio ». S’agit-il vraiment d’une révolution ? Si révolution il y en avait, comment est-elle relayée par le monde des médias ? Quelles sont les clés principales pour comprendre les services d’informations publiées à ce sujet ? Avec cette petite réflexion, j’en évoquerai deux : le conflit comme ingrédient de la nouvelle journalistique et la fonction d’Agenda.
Le conflit comme news value.
Il existe un lien profond entre le journalisme et le conflit. On pourrait même dire que les journalistes « aiment » les conflits, les oppositions qu’ils trouvent bonheur, si pas facilité à présenter la réalité en tant que conflictuelle. Conflit: mot qui fait peur, surtout qu’il est souvent associé à la guerre, aux attaques terroristes, aux coups d’Etat,… Mais le conflit est en réalité présent dans beaucoup d’autres domaines. Quand on parle des conflits, outre que nous nous mettons en place de qui en vit les effets, il y a l’attention, sinon la tension et l’incertitude pour savoir l’issue.
Quand les médias parlent des sujets complexes comme l’Eglise, ils cherchent à simplifier la réalité pour se faire comprendre de tous. De là viennent souvent des simplifications dans la focalisation des discours et la chose la plus normale est créer des binômes polarisés comme : les bons /les méchants, vainqueurs/vaincus, nous/eux, conservateurs/progressistes etc.
C’est lors dans cette optique que sont données les nouvelles de l’action du Pape François avec des titre qui riment avec celui-ci : la nouvelle Eglise du Pape François (sous-entendue en opposition à celle vieille, qui ne s’adapte plus, donc dépassée !). Le cliché est celui des bons contre les mauvais. Le Pape veut tout changer, dans cette Eglise corrompue, pendant que les membres de cette Eglise ne veulent rien faire, ne veulent pas l’aider et il marche en solitaire comme le montre cette vidéo ci-dessus. On dirait qu’il est celui qui vient d’une autre planète, d’une autre « Eglise » pour sauver l’Eglise décadente. Mais, il l’a toujours répété, il est « Fils d l’Eglise !» Ce sont par ailleurs les mêmes cardinaux qu’on taxe de « corrompus » qui ont élu ce Pape « bon, sympathique,… » Oui, il est la fleur qui a fleuri au sein de ce jardin qu’est l’Eglise. S’il fait quelque chose, c’est parce qu’il est convaincu qu’il est fils de cette Eglise.
Bien sûr, ce n’est pas le fait de la focalisation qui en soi est mauvais, mais le fait d’oublier tout le contexte qui donne sens à ce qui se trouve dans le point focal de la nouvelle. Des comparaisons de pontificats ? Oui ! Des oppositions ? NON ! Chaque Pape est élu pour répondre à une mission, toujours la même, avec des défis liés chaque fois à la conjoncture du moment. Ainsi, Benoît XVI n’est pas inférieur à François, et ainsi de suite. Mais comment alors comprendre cette popularité que son prédécesseur n’a pas eu ? Parlons d’un élément.
Le Pape François : un Agenda setter.
C’est une théorie proposée par McCombs et Shaw en 1972 et qui désigne la façon dont les préoccupations des citoyens sont structurées par les médias, surtout les médias d’information. Ce sont les médias qui, le plus souvent décident de ce dont il faut parler, avec l’influence de certaines personnes influentes de la société. Ils éliminent certains sujets au profit d’autres, et on risque de dire que ce dont on ne parle pas n’existe pas. Pourtant, si tout était normal, de quoi parlerait-on? Il faut qu’il y ait quelque chose qui sorte du normal pour faire nouvelle. Comprenez: quand on parle de quelqu’un qui a commis un scandale, cela ne doit pas nous porter à oublier qu’on en a parlé parce qu’il est sorti de la marge par rapport à beaucoup d’autres qui sont « normaux ». Ainsi choisira-t-on de parler d’un avion qui a fini hors la piste d’atterrissage. Ce qui ne veut pas dire que seul cet avion aura décollé en ce jour!
Le Pape François, après s’être gagné la confiance des gens dès ses premiers instants du pontificat, est en train d’offrir des sujets dont il faut parler. Tenez ! Il ne le fait pas à la manière des médias qui, la plupart des temps, ne réussissent pas à dire aux gens ce qu’il faut penser, étant donné a complexité de la réalité. Les médias disent souvent à quoi il faut penser, se limitant à offrir des contre-propositions pour attirer l’attention et créer la tension, comme je le disais au premier point. Le Pape François, ne dit donc pas seulement ce à quoi il faut penser, mais comment il faut affronter la réalité.
A mon avis, la différence avec son prédécesseur (pour ne parler que de celui-là) aura été que ce dernier, a trouvé un agenda déjà fixé où il fallait dire quelque chose. Pensons aux différents scandales rapportés ici et là. Il a dit comment les affronter et il les a affrontés. Maintenant, le problème n’est plus de savoir comment les gérer. On regardera par exemple la réponse du Saint-Siège aux abus contre les mineurs.
Que se passe-t-il avec le Pape actuel. Les fondements ont été posés, et ils sont clairs. Il faut donc un autre pas. De la gestion des scandales ? On sait comment les gérer ! De la transparence économique ? Il faut continuer et parachever l’œuvre initiée par Benoit XVI. Cela ne peut alors passer inaperçu, surtout que le nouveau attire toujours la curiosité et fait nouvelle.
De son talent d’Agenda Setter, il a su imposer des thèmes même au niveau international : la prédilection pour les pauvres et la lutte contre les inégalités, la paix comme victoire à la guerre, la globalisation qui doit guérir de la culture de rejet, la mondanité, le mythe de la richesse et du confort matériel, etc. Il a su fixer son Agenda, que les puissants qui avaient l’habitude de le déterminer se trouvent comme obligés à parler de cela, à venir prendre photo avec lui et répéter qu’ils partagent sa vision. Hollande a récemment dit qu’il y a convergences de vision. Obama viendra pour parler de la paix, (malgré sa détermination heureusement abandonnée de résoudre militairement la question syrienne), la lutte contre la pauvreté, etc.
Cela signifie que le Pape minimise les autres aspects de la vie de l’Eglise ? Loin de là. Le terrain lui a été bien préparé pour qu’il ne se voit pas imposé un agenda. IL dit: « cela est un problème? Oui. Mais parlons d’abord de ceci qui me semble plus urgent, de ce problème, l’Eglise a déjà dit beaucoup, et moi, comme fidèle de cette Eglise, je partage pleinement sa ligne ». Comme ça répondait-il dans son vol retour de Rio de Janeiro.
Trois pontificats, trois profils, trois types de défis,…

« On venait voir J.Paul II, on venait écouter Benoît XVI, on vient toucher François » (Card. Tauran)
En ces jours, beaucoup ont parlé des innovations que le Pape François est en train d’opérer au sein de l’Eglise, en cherchant à l’opposer à son prédécesseur comme s’il ne s’agissait pas de deux ouvriers de la même vigne du Seigneur. Faut-il savoir que le Seigneur sait susciter des pasteurs qui sachent répondre aux défis de chaque époque. En effet, le temps de l’enthousiasme de la foi qu’a vécu le Pape Jean Paul II n’est pas celui du déclin de cette enthousiasme et du relativisme caractéristique de l’époque de Benoît XVI, et bien sûr différent de celui du pape François qui a besoin d’une Eglise qui, consolidée en son identité, est appelée à aller à la rencontre du monde pour lui porter la joie de la foi qui l’anime.
Jean Paul II et l’enthousiasme de la foi en Occident.
Ce Pape a été celui de la réception du Concile Vatican II. En son temps, on vivait en occident, un enthousiasme suscité par l’aggiornamento de Vatican II, bien que cela eût porté certains groupes à voir une Eglise envahie par un esprit moderniste. Ensuite, comme défis, on aura toujours à l’esprit l’existence d’une Europe divisée politiquement en deux ! Lui même a du vivre dans environnement malsain du communisme polonais. Avec la chute du mur de Berlin, des gens commencent à croire au changement et à la force de ce pasteur. On reconnaitra les foules des jeunes dont il fallait nourrir la foi lors des rencontres mondiales (les JMJ), les voyages apostoliques et beaucoup d’écrits (encycliques, exhortations apostoliques et post-synodales, des lettres,…), tout cela pour essayer de donner forme à cette foi qui devait se frayer un chemin au milieu d’une confusion incroyable. Oui, le défi était de pouvoir canaliser les enthousiasmes suscités ici et là.
Benoît XVI, pape de (à) la parole de maître.
Compte tenu du déclin de l’enthousiasme ruiné par le relativisme, dans un monde aux « valeurs démocratiques » qui mettent au même pied d’égalité toutes les opinions, Benoît XVI sut voir, ou mieux, Dieu suscita en lui ce dont le monde avait besoin : un enseignement qui fait la part des choses. Son choix fut celui de la parole, de la prédication, de l’enseignement, du discours public. Pour ne citer que quelques exemples, on se souvient des thèmes traités par la trilogie de ses encycliques, les discours qu’il a tenus devant les parlements des pays qu’il a visité, etc. En tout cela, il a su montrer que la foi ne va pas contre les valeurs, au contraire, elle les assume et les élève en les purifiant de ce que l’humain seul ne peut réaliser. Il aura su montrer que la foi est toujours raisonnable dans ce monde. Je ne voudrais pas m’étendre sur sa préoccupation à la purification intérieure de l’Eglise dont l’image et l’identité étaient discréditées par les scandales.
François, pape dont la personnalité trace le chemin.
Les choses étant claires, il faut les mettre en pratique. Nous devons d’abord savoir que ce n’est pas le consensus de la majorité qui fait qu’une vérité soit telle, puisque la vérité possède en elle-même sa « consistance ». On connaît bien désormais ce qu’i faut savoir, la foi en cela dépendant d’une adhésion libre. Nous sommes alors e face d’un pontificat surtout pastoral. Le langage corporel, le comportement serein et simple, doux, cependant décidé du pape François est un don que Dieu a fait à son Eglise. Sa personnalité trace l’exigence d’une Eglise non autoréférentielle, étant donnée qu’elle n’est pas son propre centre, le vrai centre de tout étant le Christ ; une Eglise qui prend même de risque de sortir jusqu’à connaître des accidents de parcours ; une Eglise cohérente avec ce qu’elle est réellement : une communion ouverte à tous ceux qui veulent y entrer, fussent-ils pécheurs, faibles et non corrompus ; une Eglise qui donne sa vrai valeur au matériel. C’est pour cela que la Pape s’attèlera à en finir avec le cléricalisme, à montrer l’urgence est « d’être une Église qui trouve de nouvelles routes, qui est capable de sortir d’elle-même et d’aller vers celui qui ne la fréquente pas, qui s’en est allé ou qui est indifférent ; inviter à renoncer à une rigidité passéiste puisque celui qui aujourd’hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive, à savoir parler directement au peuple de Dieu en en reconnaissant l’importance et l’apport du laïcat…
Faut-il alors passer notre temps à comparer les trois pontificats en termes de bon, moins bons, etc. ? Est-ce vraiment logique de nous enfermer dans ces comparaisons comme si l’on disait aux enfants d’une même famille : ton frère est plus… (mettez-y ce que vous voulez !) que toi ? Ou bien il faut situer chaque action dans son contexte, puisque, et j’en suis convaincu, Dieu sait voir les besoins de l’humanité et y pourvoit chaque fois selon ce dont nous avons besoin.
N’ayons pas peur des médias, les papes nous servent de bon exemple.
Avant de conclure mon article du 17 Aout de cette année sur l’univers digital comme espace et opportunité d’évangélisation, j’ai parlé des dangers dont beaucoup ont peur quand il faut se jeter dans cet univers de la communication. Mais cela partait de notre initiative, sans que quelqu’un nous pousse à répondre. S’il est dur pour nous de prendre l’initiative, je m’imagine combien il sera pénible de devoir répondre à une requête d’un journaliste, surtout s’il n’est pas de notre camp, de notre obédience.
En ces derniers jours, je suis resté longtemps à m’interroger sur la valeur des dernières interventions de nos deux Papes, le Pape François et le Pape Émérite, Benoît XVI, qui écrivent et répondent via le quotidien la Repubblica. Le pourquoi de ces quelques lignes? Simple: je ne puis m’empêcher de considérer que cela a servi de coup d’envoi, sinon « ré-envoi » de ceux qui ont peur d’affronter ce « monstre » qu’est ma presse. Je voudrais livrer ici quelques considérations.
Sur l’avion du retour des J.M.J de Rio de Janeiro, le Pape François a parlé aux journalistes de sa « peur » d’affronter la presse, une peur qui s’est effacée petit ) petit au cours de la conversation qu’il a tenue avec eux. Il leur a confié qu’il les a trouvés par contre sympathiques… Ainsi affronta-t-il tant de questions, librement (je n’ose pas dire à l’improviste!). Mais cela à été toujours de la sphère du normal. Qu’un pape donne une interview, des journalistes sont témoins de cela. mais que le Pape réponde à un athée, dans un journal qui n’est pas « Osservatore Romano » ou assimilés, mais dans Repubblica, cela a suscité beaucoup d’interrogations. Cela fut accru par le fait que le Pape Émérite fit de même quelques jours après en répondant à un mathématicien athée, via le même journal qui n’est pas beaucoup clément, du moins à mon avis, envers l’Église Catholique. Quelles leçons pouvons-nous en tirer?
J’en ai entendu et j’en connais qui tremblent quand ils entendent qu’un journaliste veut les voir, veut parler avec eux. Ils commencent à s’interroger sur ce qu’ils auraient combiné (c.à.d fait de mal) pour qu’ils attirent l’attention des journalistes. mais je pense qu’il nous faut profiter de l’occasion pour dire un mot qu’il vaut la peine de dire, étant donné que ce journaliste ne pourra pas retourner à la rédaction sans le matériel nécessaire pour son service. Tu ne diras rien, peut-être, par « fausse précaution », mais tu n’empêcheras pas les autres de dire ce qu’ils pensent et « ce qu’ils pensent que tu aurais dit ». Les deux Papes, en entrant en dialogue avec le monde (même celui athée!), ils n’ont fait que répondre à l’invitation de Saint Pierre qui nous demande d’être toujours prêts à rendre le raison de notre foi à ceux qui ne le demande (1 Pierre 3,15).
Il y a ensuite le danger, ou mieux, la peur d’être critiqué. J’estime qu’il est question de mémoire, étant donné que nous sommes souvent ds hommes de « courte mémoire ». Quand est-ce qu’une intervention du Pape n’a pas fait objet d’analyse, de critique, souvent même peu courtoises? Pensons-nous que ce soit le choix de s’exprimer par le canal d’un journal laïc (au sens occidental du terme) qui est à la base des réactions? Loin de là. par ailleurs, beaucoup sont revenus sur cette ouverture d’esprit qui va trouver l’autre dans son milieu de vie, de travail: il s’agit, pour reprendre les termes du Pape, de « sortir jusque dans les périphéries existentielles de la vie« . Qu’on se détrompe donc. Ce n’est pas le fait de parler au micro du journaliste qui fait réagir, mais la nature même du message qui dérange, peu importe la manière dont tu le livre.
En concluant, je pense qu’une invitation nous est lancée de la part de l’Église: n’ayons pas peur de parler, de témoigner de nos convictions de chrétiens, fût-ce devant le micro du journaliste. Ce dernier est en avant tout préoccupé de recevoir du matériel pour écrire, pour parler. Avez-vous jamais vu sortir un journal avec des pages vides, ou bien entendu un édition d’informations où l’on s’excuse parce qu’il n’y a pas eu de nouvelles à raconter? SI tu ne dis rien, les autres le diront à ta place et souvent même contre toi-même. Pourquoi alors avoir peur quand le Pape nous y devance et se donne pour exemple?