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Constance dans notre vie de foi : obéissance à Dieu, loin de toute logique mercantiliste.
La première lecture demande au juste la constance dans la foi. La délivrance, qui est un don de Dieu, est certaine pour celui qui demeure fidèle à la Parole de Dieu. Dans notre vie quotidienne, nous remarquons beaucoup de difficultés et beaucoup de souffrances « injustifiées », ou mieux, difficiles à comprendre. Il nous faut alors demander au Seigneur la fermeté dans notre foi, que nous avons reçue comme un don de Dieu et qui transforme notre vécu quotidien, notre vie de service à l’autre, notre vie de témoignage dans nos communautés de vie, comme l’apôtre Paul y exhorte Timothée dans la deuxième lecture.
La vie de prière: vie de confiance et intimité dans notre relation avec Dieu.
Devant tant de violences et de souffrances qui nous entourent, la vision d’un monde réconcilié tarde à se réaliser. Nous pouvons même désespérer, nous arrivons même au désespoir. Selon la parole de Dieu, elle viendra certainement et ce Dieu ne décevra pas le juste qui vit par sa fidélité. C’est tout ce qui constitue la réponse de Dieu au prophète. En effet, au temps du prophète Habacuc, Babylone triomphe et, sous peu, le petit royaume de Juda tombera sous ses coups. Certains diront cela est un juste châtiment de Dieu, vues les infidélités du peuple d’Israël. Nous sommes enclins à lier malheur à coupable, malheureusement. Habacuc, lui, ose demander raison à Dieu le pourquoi de cette violence qui se déchaine contre son peuple et qui lui semble sonner le glas du destin d’Israël. « NON », répond Dieu. L’insolence de l’envahisseur passera et le juste sortira vainqueur de cette épreuve de sa foi, s’il se cramponne fidèlement au Seigneur. Epreuve de la foi, épreuve du temps d’attente de la réponse, surtout pour nous qui voulons des réponses expresses, au temps de l’express, au temps du « tout et tout de suite ».
Le prophète fait donc preuve de son intimité avec Dieu : oser lui reprocher de fermer les yeux sur la violence et la misère, et en même temps, guetter sa réponse. Il ne vient pas seulement pour parler, pour se décharger. Il parle, dit ce qui l’afflige, et écoute. Il dialogue avec Dieu. C’est ce que nous voyons dans certains psaumes que l’on pourrait qualifier de «téméraires, osés » quand le suppliant déchaîne toute sa colère contre les « impies », crie toute sa douleur. Il s’agit plutôt de climat de confiance élevée qui fait tout dire, librement et simplement, comme un enfant devant ses parents, comme un malade s’ouvre au médecin. Cette intimité, dans la prière, peut être aussi nôtre.
Se tenir loin de la logique du calcul et des mérites.
Pour se faire mieux comprendre, Jésus procède par boutades. Il se sert d’un raisonnement par antithèse en présentant à son auditeur d’abord, un scénario humainement impossible (un maître qui sert son serviteur = son esclave,) et immédiatement après, un scénario réel (serviteur qui sert son maître). Il demande enfin le point de vue de l’auditeur sur ces situations. La réponse est évidente ! Ainsi veut-il dire ici : « Vous, pharisiens, prétendez avoir des droits sur Dieu pour l’avoir scrupuleusement servi, comme on sert un maître exigeant. Eh bien ! Soit ! J’adopte votre point de vue sur Dieu : il est donc un maître ; mais avez-vous vu qu’un maître se doive d’avoir la reconnaissance pour le travail exécuté par son serviteur ? Où l’avez-vous vu se mettre en quatre pour le servir. N’intervertissez pas indûment les rôles ! ».
Le but de la foi n’est pas de planter des arbres dans la mer, mais d’accomplir notre travail pastoral, apostolique, faire des œuvres de charité qui en découlent, avec la certitude que Dieu nous accompagne de sa grâce. Si nous œuvrons ainsi, nous serons des serviteurs comblés. Ou mieux, nous renforcerons notre relation avec Dieu. Nous savons même que Jésus ne nous appelle plus serviteurs, mais « amis », puisque la foi est une attitude de confiance et d’amitié que nous vivons et développons avec Dieu. C’est cette foi vivante et dynamique que Jésus demande aux disciples. Il n’est pas ici question du « plus ou moins » (quantité), mais de la « qualité » de cette relation de confiance et d’amitié mutuelle avec Dieu, celle qui a permis au prophète Habacuc d’oser demander des explications, non pas avec un esprit de rébellion, mais celui d’une personne qui sent libre de s’exprimer devant quelqu’un qui l’aime, qui l’accueille, le comprend et partage sa douleur et son incompréhension.
Le moindre mouvement authentique, fût-ce même petit comme un grain de moutarde, vaut mieux qu’une vie passée à comptabiliser droits et assurances devant Dieu, comme s’il devait nous payer nos efforts. Il faut avouer que la notion d’avantages acquis et de mérites est encrée profondément dans nos mentalités. Il faut alors renoncer à de telles représentations dans le domaine de l’existence chrétienne. L’homme n’a pas de droits à faire valoir à l’égard de Dieu, pas plus qu’un serviteur ne saurait exiger de se faire servir par son maître. Il faut briser notre logique de calculs.
Se tenir loin d’une vie facile doublement dangereuse
Malheureusement, combien de fois, de nos jours, avons-nous reçu des messages à transmettre aux autres, par nos réseaux sociaux, avec des indications numériques, pour mériter et hâter des interventions de Dieu ? J’ai souvent pensé que c’est une logique dangereuse à deux plans.
– D’abord, en rapport avec cette logique prétentieuse que Jésus veut effacer en nous, nous risquons d’exiger à Dieu des interventions après avoir accompli notre devoir : j’ai transmis aux 10 personnes qu’on m’a indiquées et dans les délais. Donc, fais-moi ce que tu m’as promis. Logique syndicaliste.
– Le deuxième danger se trouve dans nos commodités : s’asseoir allègrement dans notre divan, nos doigts habiles sur notre Smartphone, et transmettre des messages ! Quelle vie facile ! Cela nous dispenserait donc de nous lever, aller visiter les malades, les personnes abandonnées,… On n’aura plus besoin de faire des œuvres de charité, puisque la main de Dieu se manifesterait à nous après avoir fait notre devoir : envoyer des messages et attendre des miracles. Trop dangereux, n’est-ce pas ?
Le mois d’octobre, mois du rosaire, prière simple et répétitive des enfants de Dieu
Tout ce que je viens de dire ne tombe pas dans l’eau quand nous savons que le rosaire est une prière répétitive ? Pourquoi alors devoir réciter 10, 20, 30… Ave Maria ? Un seul Pater Noster, un Ave Maria, un Gloire au Père,… ne seraient-ils pas suffisants pour échapper à la logique des chiffres, des nombres, des calculs ? Méditant sur cet aspect, j’aimerais la lier aux mots du Seigneur : « dites-vous que vous êtes des serviteurs inutiles ». Oui, puisque Dieu n’a pas besoin de nous pour qu’Il soit Dieu, « nous chants et louanges n’ajoutent rien à sa grandeur », mais « nous rapprochent » de Lui, qui « nous inspire à lui rendre grâce », à le servir, bien qu’il n’ait pas besoin de notre louange. (Cfr Préface Commune IV). C’est donc nous qui avons besoin de cela, puisque nous réalisons notre identité en étant cohérents avec nous-mêmes.
Retour aux dizaines de chapelets ! Pourquoi répéter la même chose, et toujours la même chose ? « Gutta cavat lapidem, non vi, sed saepe cadendo » (= La goutte fait un trou dans la pierre, pas par force, mais en tombant souvent), disaient les Romains. Ainsi en est-il du chapelet, du rosaire. C’est une merveilleuse prière des enfants (de Dieu) qui répètent la même chose, pour transformer notre cœur, pour l’ameublir afin qu’il accepte d’entrer dans la vision des choses selon Dieu. Il ne s’agit pas donc de combien de chapelet nous avons récités pour mériter une réponse, plutôt comment nous nous sommes laissé transformer le cœur pour entre dans l’optique de Dieu de voir les choses. Il ne s’agit pas donc du nombre de prières, du nombre de pèlerinages, du nombre de veillées nocturnes,… mais de la qualité d’adhésion de notre volonté rebelle ! Ainsi faut-il répéter jusqu’à plier notre volonté de pierre, pour qu’elle se laisse transformer par la grâce de Dieu. Ici aussi, « qualité plutôt que quantité ».
Avec les apôtres, Seigneur nous prions d’affermir notre foi et de nous préserver de tout esprit calculatoire et revendicatif devant Toi. En faisant notre devoir, aide-nous à nous laisser transformer par ce que nous faisons, par nos prières et à dire : nous ne sommes que des serviteurs inutiles. Alors nous aurons la joie de nous voir exaucés bien au-delà de nos attentes, au-delà de ce que nous pouvons penser et même demander.
Par la foi, nous sommes capables d’écouter et de proclamer la parole de Dieu.
Le cheminement d’Israël de l’Ancien Testament un est chemin de prise de conscience de sa faiblesse et de la confiance en la puissance du Seigneur. Dans sa prédication terrestre, Jésus s’approprie les signes de cette puissance de Dieu et en étend l’efficacité à tout le monde, répondant ainsi au désir, non seulement d’un peuple donné, mais au besoin de salut qui se trouve dans le cœur de chaque personne. Son message a donc une portée universelle.
C’est aussi en substance ce que nous suggère le parcours géographique qu’il fait : de Tyr à Sidon en venant vers la Galilée, c’est un parcours humainement absurde à voir la proximité entre le point de départ et le point d’arrivée. Il y a certainement un message. Il traverse les territoires limitrophes d’Israël, territoires considérés (suite…)
Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les Paroles de la vie éternelle. Nous voulons te servir.
Avoir la foi en Jésus-Christ signifie faire un choix, ou mieux, faire un saut qui n’est pas des plus faciles. Pour ceux qui font ce choix/saut, les diverses interventions de Dieu dans l’histoire deviennent compréhensibles et pleins de sens et la radicalité du message évangélique, loin d’éloigner, remplit d’espérance et soutient la vie quotidienne. Au cas contraire, le message chrétien devient insupportable. A la fin de ce parcours du chapitre 6 de saint Jean (qui s’insère dans la lecture dominicale continue de l’Evangile de Saint Marc) que nous avons commencé il y a 5 semaines, nous sommes comme devant un échec de Jésus, puisqu’il ne veut pas faire des prosélytes à tout prix. Il veut plutôt accomplir la volonté du Père, sans demi-mesure ; c’est cette décision que prennent les fils d’Israël, avec Josué : ils ne veulent pas le 50-50, mais servir pleinement le Seigneur.
Abandonné par les foules (il ne cherche pas la productivité, les chiffres), Jésus pose aux apôtres la question centrale. En effet, le chapitre 6 de Saint Jean met au centre ma question de la divinité de Jésus, et par conséquent, la demande de croire en lui. Voulez-vous vous en aller, vous aussi ? Comme je le disais, il s’agit d’une décision qui est en quelque sorte un saut, puisqu’elle n’est pas sans risque : de celle-ci dépend le reste de la vie. L’adhésion de la foi est une décision raisonnable : quant à nous, nous croyons et nous savons que tu es le saint de Dieu. Mais elle n’est pas seulement une déduction logique. Bien qu’il y ait cette dimension intellectuelle, la foi comporte une dimension affective et une dimension existentielle de recherche du sens de vie et d’espérance. Il s’agit aussi d’un choix dicté par la foi : tu es le Saint de Dieu. Ces mêmes dimensions se retrouvent exprimées par le verbe SERVIR de la réponse de la communauté d’Israël : ce verbe permet de lier la pensée, l’amour et l’agir. Nous avons de plus en plus besoin de repenser ce lien en nos jours où les chrétiens doivent donner profondeur à l’action et concrétude à la pensée dans un contexte qui oscille entre des dévotions souvent privées de contenus et l’érudition pauvre d’assise évangélique. C’est ici l’origine de la crise : un spiritualisme sans vrai contenu (Jésus est Dieu ? C’est trop !) et un activisme sans base en Dieu (je vais faire le bien, pas besoin d’aller prier, même ceux qui y vont ne sont pas si meilleurs que les autres !).
Cette crise entre Jésus et ses disciples, les évangiles synoptiques la situent au cœur de la confession de Pierre à Césarée où Jésus interroge : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? » (Cf. Mc 8, 27-33 ; Mt 16, 13-22 ; Lc 9, 18-22). Cela nous aide à comprendre que l’enjeu du passage de saint Jean que nous lisons ce dimanche n’est pas tant ce que dit Jésus mais ce qu’il est pour ses disciples, pour chacun de nous… Car ce qui a choqué la plupart des disciples ce n’est pas que Jésus prétende donner sa chair à manger, au sens propre du terme. Ce qui les a heurtés c’est qu’il prétende être d’origine divine et se présente comme le don ultime et définitif de Dieu. Jésus a d’ailleurs bien compris que c’est ici que le bât blesse. Voilà pourquoi il insiste sur sa divinité en se révélant comme celui qui vient accomplir la prophétie du Fils de l’Homme du prophète Daniel (Cf. Dn 3, 14) : « Cela vous heurte ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ?… C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (versets 61-63). Jésus pointe bien le lieu de vérité de notre foi dans notre manière de nous situer par rapport au mystère de sa personne.
Comme les disciples, nous sommes, nous aussi, invités à nous positionner. Jésus est-il pour nous le Fils de Dieu ou bien un prédicateur comme tant d’autres ? Est-ce que nous le considérons comme étant le seul capable de répondre à notre soif de bonheur parce que nous reconnaissons en lui la Parole divine de vie éternelle ? Au fond, être chrétien, n’est-ce pas se remettre chaque jour face à ces questions pour confesser à la suite de saint Pierre : « A qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ! » C’est ce même choix que font les fils d’Israël. Ils peuvent alors goûter comme est bon le Seigneur (psaume responsorial). Le texte de la première lecture semble nous dire que ce qui compte le plus ce n’est pas d’avoir une terre où habiter : si ils sont arrivés dans la terre promise, tout n’est pas joué, toutes les garanties ne sont pas aux fixes. Il faut maintenant décider quel Dieu suivre et servir.
Comme le peuple d’Israël, ce jour-là à Sichem, puissions-nous répondre de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force : « Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu ». Mais comment ne pas être pris de vertige devant un tel choix, si nous sommes conscients de nos limites et nos chutes répétitives ? Comment ne pas douter de notre capacité à tenir un tel engagement ! Comment ne pas remettre sans cesse à demain une telle décision ! C’est ici qu’il faut détourner notre regard de nous-mêmes pour le tourner vers le Seigneur. De même qu’il nous aimé le premier, il s’est engagé le premier en notre faveur et c’est dans son propre engagement à notre égard que nous trouverons la force de tenir le nôtre. Il y a même bien plus : notre Dieu nous dit que même s’il nous arrivait de nous montrer infidèles, lui resterait fidèle car il ne pourrait se renier lui-même (Cf. 2 Tm 2, 13). Dès lors comment aurions-nous peur ? C’est ici alors que nous pouvons sauter, dans l’inconnu, comme nous le rappelle cette histoire de cet enfant qui doit sauter vers les bras de son Père, même quand la fumée est épaisse et lui empêche de voir son Père qui attend. Lisez-la en cliquant sur ce lien.